On a toujours l'impression que les grands hommes, d'une manière ou d'une autre, traversent nos vies en nous laissant un souvenir chacun. Comme si on pouvait ainsi avoir le sentiment d'avoir été personnellement à leurs côtés au moins à une occasion. C'est ce qu'on ressent aujourd'hui à la suite du décès de Richard Garneau.

Chacun aura, à sa façon, quelque chose à raconter à propos de cet homme. Certains auront évidemment plus de moments privilégiés à offrir à la mémoire publique, mais il reste que les mots et les expressions, bien que différentes, feront part du même message.

Prestance, connaissance, engagement et générosité sont probablement les mots qui permettent le mieux de tracer une première esquisse du personnage. Mais il y a tellement d'autres nuances à apporter pour parfaitement le décrire que de toutes les rassembler nous apparaît comme une tâche impossible.

J'ai eu le privilège de côtoyer Richard pendant plusieurs années et il n'est pas faux de prétendre qu'il a été dans une certaine mesure celui qui m'a incité à oeuvrer dans ce domaine.

Il était de ceux dont la présence ne laisse personne indifférent. Sitôt à ses côtés, on sentait chez lui un respect des autres. On le devinait avide de connaissances et prêt à tout partager. Non pas pour en retirer quelque gloire, mais simplement pour le plaisir d'alimenter l'esprit. L'une des grandes leçons qu'il m'a servies est de ne jamais conjuguer dans ce travail à la première personne du singulier.

Ceux qui ont eu le plaisir de travailler en sa compagnie retiendront la façon bien particulière qu'il avait de mettre en évidence les gens qui se retrouvaient à ses côtés. Encyclopédique il pouvait être, mais jamais une once de prétention. Ses propos étaient appropriés et il avait le ton juste pour chaque occasion.

On sentait aussi chez lui une profonde notion de respect pour le public. Il était impératif pour Richard d'offrir les meilleurs reportages et pour ce faire, il ne reculait devant aucun effort.

De tous les traits de caractère de « Monsieur Garneau », il est impossible de passer sous silence cet humour bien particulier qu'il n'hésitait pas à utiliser. Souvent dans les moments où on s'y attendait le moins. Les propos étaient mordants, rafraîchissants et jamais méchants.

Je compatis bien sûr avec les membres de sa famille. Avec ses compagnons de toujours Serge Arsenault et Claude Quenneville ainsi qu'avec Alain Goldberg qui a pris le soin de me renseigner sur l'état de santé de son grand ami au cours des dernières semaines. J'ose à peine imaginer le chagrin de François Godbout et des autres grands sportifs du Québec dont il a vanté les mérites tout en leur accordant le bien précieux de son amitié.

Je garde en mémoire les très bons moments passés en compagnie de cet homme remarquable que j'ai côtoyé avec tant de plaisir dans les tribunes de presse des stades olympiques, sur la glace du Forum et du Centre Bell en passant par les parcours de golf, les stades de tennis et les aéroports qui furent si souvent des lieux de rencontre privilégiés. J'espère que nous serons à la hauteur de l'héritage exceptionnel qu'il nous a laissé.