Audrey Lemieux : « Le sport m’a donné une éthique de travail qui m’aide au quotidien »
En forme jeudi, 7 mai 2020. 15:15 samedi, 14 déc. 2024. 09:57Je me souviens comme si c’était hier quand mon père m’a appris à faire du vélo sans les roulettes stabilisatrices à l’arrière de ma monture. C’était un moment euphorique et unique entre père et fille qui encore aujourd’hui, me fait sourire. À ce moment précis, j’étais bien loin de me douter que c’était le début d’une longue aventure. Celle d’une carrière de cycliste professionnelle qui a transformé ma vie, qui m’a fait grandir et évoluer dans tous les aspects de ma personnalité. Voici comment le sport et l’activité physique a changé ma vie!
Évidemment, je baigne dans le sport depuis un jeune âge puisque mes parents et mon frère ont toujours été des modèles pour moi. Ski de fond, baseball, patinage de vitesse, soccer et cyclisme sur route sont des sports qui m’ont comblé de bonheur pendant mon enfance. J’attendais avec impatience la prochaine rencontre d’équipe, le prochain match ou le prochain entraînement. En toute honnêteté, il n’y a pas grand-chose qui a changé de ce côté. J’ai toujours hâte à mon petit moment de sport de la journée!
Le sport et l’activité physique m’a permis de tisser des liens profonds avec les membres de ma famille. Ma mère, toujours présente à l’aréna pour me dire que tout va bien aller après une chute en patinage de vitesse. Mon frère, qui prend le temps de m’expliquer et de m’apprendre à faire du sport, moi sa petite sœur tannante! Quant à mon père, lorsque venait le temps de bouger, croyez-moi qu’il nous donnait les outils pour le faire. Je me rappellerai toujours le moment où j’ai eu mes premiers patins de vitesse moulés à mon pied, c’était un moment tellement important et significatif. Je suis extrêmement reconnaissante d’avoir eu ce support.
Des magnifiques souvenirs, j’en ai aussi avec des amitiés qui se sont formées il y a 25 ans sur une ligne de départ aux courses cyclistes. Tu parles d’un beau cadeau de la vie! Des amis qui encore aujourd’hui, m’appuient dans mes bons et mes moins bons moments. C’est à l’âge de 11 ans que j’ai commencé la compétition en cyclisme sur route et ça a duré 20 ans. J’ai eu la chance de rencontrer Nicolas Tremblay, un entraîneur exceptionnel. Il a su me comprendre et me motiver. Il m’a même aidé à choisir le bon chemin de la vie. Vous le savez, à l’adolescence il se passe beaucoup de choses et parfois aller dans la mauvaise direction peut avoir un impact significatif sur le futur. Nicolas a cru en moi et il a changé le destin de ma vie.
Le sport m’a donné une éthique de travail qui m’aide au quotidien. J’irais même jusqu’à dire que ça été pour moi, l’école de la vie. Je me souviendrai toujours de ma première équipe cycliste professionnelle aux États-Unis où j’y ai appris le travail d’équipe, la rigueur, la discipline et la ponctualité. Pour une petite fille du Lac Saint-Jean qui ne parlait pas un mot anglais, c’était disons une belle immersion! Heureusement, ma mentor Lyne Bessette était présente pour m’aider, m’épauler et me donner confiance. C’est alors que les nombreux voyages à la conquête de trophées et médailles s’est amorcée. Du Japon à l’Australie en passant par la Russie et l’Europe, je vivais alors ma passion.
Les nombreuses situations de courses m’ont donné la force de me relever quand j’étais complètement découragée. J’ai vite compris que perdre est le chemin vers la victoire. C’est en perdant qu’on se pose les vraies questions, qu’on prend les bonnes actions et c’est là que les plus grands accomplissements se réalisent. Le cyclisme est un travail physique certes, mais qui demande également une force mentale. Si l’aspect psychologique n’est pas en harmonie avec le corps, les performances risquent malheureusement de ne pas être au rendez-vous.
Jeux du Québec, Jeux du Canada, Jeux Panaméricains, Jeux du Commonwealth et Jeux Paralympiques, sont des événements qui ont une place particulière dans mon cœur. C’est aussi puissant que ce moment où mon père m’a laissé pédaler seule sans roulettes! Ce sont des expériences qui laissent une trace dans le vécu. La route pour s’y rendre est parfois sinueuse, comme lorsqu’on enlève les petites roues. On tombe. On ne veut plus remonter. On a mal. On laisse passer le temps qui fait son œuvre. On remonte. Les blessures encore à vif, on se rend plus loin que la dernière fois. On sait qu’on peut faire mieux, mais pour ça, il faut prendre des risques.
J’ai eu l’honneur de participer aux Jeux Paralympiques de Rio en 2016 en devenant pilote de tandem. J’ai en quelque sorte prêté mes yeux à Robbi Weldon, une paralympienne d’exception, qui souffre d’un handicap visuel. La communication qui doit régner sur un tandem est la base de la réussite, ce qui est aussi vrai dans la vie en général. Dans ce cas-ci, c’est une nécessité pour que le vélo continue d’avancer. On dit souvent qu’aux Jeux Olympiques, les astres doivent être alignés pour obtenir « LA » performance ultime. C’est encore aussi vrai en tandem, car deux personnes distinctes doivent être en symbiose totale pour livrer la perfection.
Aujourd’hui, c’est derrière le micro que j’ai la chance de vivre cette passion en décrivant les exploits sensationnels des athlètes de différentes disciplines. Ce qu’ils me font vivre dans leurs accomplissements me donne toujours des frissons. Ces images de victoire, de célébration, de doute, de peine ou de consécration d’une carrière, c’est plus fort que tout. Alors, pour tous ces moments précieux, pour ce destin changé, pour cette carrière de commentatrice, je peux affirmer que le sport m’a tout donné et j’en suis extrêmement reconnaissante.
Maintenant que la compétition est derrière moi, je fais mes quelques séances d’entraînement par semaine et j’en retire d’énormes bénéfices. Preuve qu’il n’est pas obligatoire de flirter avec la performance pour aimer bouger. En cette journée nationale du sport et de l’activité physique, je souhaite partager cette passion avec vous tous! Le soleil sort, on va rouler?!