Avant Pierre Lavoie, Luc Richer a activé les jeunes !
En forme lundi, 4 mars 2019. 13:05 vendredi, 13 déc. 2024. 13:46Tout s’explique dans la vie.
L’origine des missions que l’on se donne transpire souvent de nos années lointaines. À 53 ans, Luc Richer, le grand maître d’œuvre du mouvement Motivaction Jeunesse de la vieille capitale, le reconnaît.
Entre 14 à 18 ans, des problèmes de consommation, les centres de la jeunesse, l’abandon de l’école constitueront un passage difficile pour lui jusqu’au jour où un éducateur physique le branchera carrément aux sports. Il venait de découvrir un sens propre à sa vie. Énergique, il l’est encore aujourd’hui, il se devait de canaliser.
Natif de Saint-Jérôme, il venait de rejoindre son père qui résidait à Québec. Il a adoré cette ville. Il ressent encore aujourd’hui beaucoup d’amour pour son patelin.
Même avant Pierre Lavoie, il a lancé son mouvement en 1998. Des débuts marqués par des jeunes marginaux, les punks, les problèmes de violence, les émeutes de Place d’Youville, les conflits entre les policiers, les commerçants, les jeunes des quartiers défavorisés.
Il sentait le besoin d’agir.
Éducateur social de profession, il cherchait à construire un projet dans le traditionnel, réservé aux dysfonctionnels. « Un projet de fou ! J’étais brimé dans ma liberté d’agir, je désirais devenir utile, offrir ma contribution », relate-t-il dans son bureau non loin du Colisée Pepsi où nous l’avons rencontré.
De concert avec la maison Dauphine, qui existe toujours, les succès s’accumulent grâce à des idées farfelues, axées sur le sport. Toutefois, quelques années plus tard, il réalise qu’il a fait le tour, qu’il doit se renouveler. Alors, pourquoi ne pas se tourner vers les jeunes du primaire ? Et c’est reparti pour lui.
Jusqu’en 2001 où un vrai miracle se produit. La Commission scolaire de la Capitale obtient une enveloppe financière disponible pour ce type de projet et qui choisira-t-on ? Un million de beaux dollars tombent du ciel et l’organisme passe de trois à dix employés. Voilà du solide qui permettra à cette merveilleuse initiative de progresser comme il se doit afin de remplir sa mission éducative.
Les projets inédits se bousculent et on entend parler d’eux. Les jeunes embarquent aveuglement. Le projet des Jeunes Explorateurs arrivent à Québec et Motivaction Jeunesse s’y introduit.
Puis, en 2005, l’arrivée massive de Colombiens fournit l’occasion à Luc de pondre une branche immigration, toujours avec le sport, grâce à l’implication d’un intervenant espagnol déjà avec le groupe.
« Nos idées hors de l’ordinaire nous ont propulsés. Nous avons gagné en popularité, un business social qui deviendra en 2008 un vrai laboratoire de formation. »
La course à pied s’intègre en 2012. « J’ai toujours couru et je connaissais l’impact positif que cela pouvait fournir chez les jeunes. Il faut les pousser, ne jamais les abandonner, les encourager, une petite tape dans le dos, les épier, être continuellement aux aguets. »
Actuellement, on estime qu’un groupe de 750 jeunes participent au marathon de la Jeunesse Quebecor où ceux-ci doivent franchir 42km graduellement, de février à mai. Le tout se terminera par un beau 5km festif en présence de personnalités comme Patrick Roy, Mikaël Kingsbury ou Pierre Péladeau qui ont brillé par leur présence antérieurement.
Puis le 24 mai, on parle du Défi la nuit, un 5km sur les Plaines d’Abraham, une 6e édition, qui débutera vers 21h avec des comédiens, des jeux de lumière et une masse d’environ 1200 jeunes.
Père d’une jeune fille qui célèbrera son 18e anniversaire de naissance le mois prochain, célibataire, Luc s’entraîne comme un vrai malade ! Une force de la nature, capable d’en prendre. Il s’estime, avec raison, plus énergique que la moyenne des gens. Voilà pourquoi il se doit de conserver cette allure qui dans un sens, lui garde sa belle dynamique.
Même après 20 ans d’existence, il sait qu’il doit continuellement se renouveler. « Il nous aurait été facile de s’asseoir sur nos lauriers car certains refus nous ont solidement éprouvés jadis. Je ne me suis jamais laissé abattre. »
Et le voilà qu’il saute sur l’occasion pour parler de sa mésaventure, un tournant dans sa vie alors qu’il avait 40 ans. Après un entraînement banal, il marche à côté de son vélo et décide d’ouvrir une porte vitrée en donnant un coup de pied. Une fêlure dans la vitre provoque l’éclatement. Sa jambe reste coincée sur une pointe de vitre qui pénètre son mollet. Il tire. Une mare de sang l’envahit. Heureusement, des gens ont entendu le bruit et arrivent à son secours. Il ne devait plus jamais marcher, ou du moins, avec une canne.
« Cette séquence a complètement changé ma vision de la vie. C’est venu me fouetter », lui qui durant sa période de réhabilitation, avait engraissé de 25lbs en trois mois !
On revient sur les jeunes en difficulté aujourd’hui. « Je suis dépassé tellement le nombre ne cesse de croître. Les facteurs sont nombreux. Voilà pourquoi j’aimerais recevoir un montant d’argent qui nous accorderait une stabilité, une assurance et la chance de projeter vers l’avenir. Tu sais, j’ai poussé depuis la naissance du mouvement car il s’agissait de mon bébé. J’ai vieilli. Je me disais que jusqu’à l’âge de 55 ans, je resterais. Ce chiffre approche. Je ne voudrais pas partir et que tout s’effondre. On parle d’une vocation que d’épouser cet organisme. »
La retraite l’inquiète. Il ne bénéficie d’aucun fond de pension. Il a reçu des offres pour sauter dans le monde de la politique, mais ça ne l’intéresse pas à cause de certaines facettes avec lesquelles il ne serait pas confortable.
Adepte de triathlon depuis trois ans, il possède trois marathons à son dossier, deux à Québec et l’autre à Ottawa. Il est inscrit à celui de Québec en octobre prochain. Je lui ai alors parlé de mon 100e. Je crois que je l’ai eu !