Petite réflexion sur la course à pied cette semaine.

 

Trop souvent, je croise des coureurs qui ne semblent pas avoir autant de plaisir qu’ils le devraient. Leurs visages sont déformés par la douleur, ils ne sourient pas et sont insensibles à ce qui se passe autour d’eux. Je ne vous parle pas d’athlètes élites qui gagnent leur vie grâce à la course à pied, mais plutôt de coureurs du dimanche, comme moi, qui s’adonnent à ce sport pour garder la forme.

 

Pourtant, courir devrait être un moment de bonheur. Une occasion de recueillement et d’introspection personnelle. Je ne vous dis pas le nombre de fois où je suis allé courir pour me mettre un peu d’ordre dans la tête!

 

Je comprends qu’il est important de se lancer des objectifs et de chercher à se dépasser, mais certains coureurs ont une tendance à placer la barre beaucoup trop haute.  Avec tous les désagréments que cela engendre.

 

Comme je le mentionnais un peu plus haut, courir doit être un moment heureux. Bien sûr, il est normal de fournir un effort soutenu pour se dépasser et progresser, mais tout cela doit se faire de manière raisonnable et sensée. C’est pour cela qu’existent les plans d’entraînements.

 

La course à pied ne sert pas seulement à développer la forme physique. Elle a également pour fonction d’accroître chez celui qui la pratique le sentiment de fierté et d’accomplissement. Il est primordial de toujours être conscient de qui on est. Et à moins de s’appeler Eliud Kipchoge ou Paula Radcliffe, vous n’avez pas à vous défoncer comme eux à l’entraînement.

 

Alors pourquoi se placer cette énorme pression sur les épaules en annonçant haut et fort qu’on terminera un premier dix kilomètres dans l’année; ce qui mènera au premier demi-marathon quelques semaines plus tard; puis au premier marathon dans la foulée. Et bien sûr, ne pas oublier de promettre que le chrono de ce premier marathon entraînera une qualification pour Boston! Tant qu’à se mettre de la pression.

 

Ces coureurs-là se placent dans une position pour décevoir tous ceux qui ont cru en eux et, surtout, se décevoir eux-mêmes.

 

C’est pourquoi lorsqu’on se lance un objectif de temps ou de distance, il faut être prudent. Il est important d’être réaliste et raisonnable, sinon on est condamné à être déçus. Assurez-vous d’avoir un plan bien bâti et qui tient compte de votre âge, votre forme, votre horaire et vos réalisations passées.

 

Bien sûr, il est possible de réussir des exploits formidables si on s’investit au maximum dans son entraînement, même si cela se fait malheureusement au détriment de sa vie personnelle ou sociale.

 

Mais à la fin, que restera-t-il à celui ou celle qui a fait tant de sacrifices, risqué de compromettre sa santé ou de se blesser et négligé sa famille et ses amis pour terminer en un temps record les défis qu’il s’était lancés?  Un peu comme un écrivain devant la page blanche, il se retrouvera face à un immense vide lorsque viendra le temps d’opter pour son prochain défi. Il aura déjà tout accompli.

 

N’oubliez jamais que le cerveau, cette grosse boule que nous avons tous dans la tête, est un incontournable lorsque nous courons. C’est lui qui nous encourage à ne pas arrêter alors que notre corps commence à trop souffrir. Lui aussi a besoin d’être conditionné à la course à pied. Cet aspect de l’entraînement, ça s’appelle demeurer positif.

 

Cette force du mental, le mental toughness, on la développe en franchissant les étapes un pas à la fois. 

 

Ce que j’essaie de vous dire, amis coureurs aux visages fermés que je croise, c’est que rien ne presse. Prenez votre temps et progressez au juste rythme en vous délectant de chacune de vos réalisations. Vous vous assurerez ainsi de courir longtemps et avec le sourire.

 

La pression est une bonne chose, mais pas quand elle ne vous fait plus aimer ce si beau sport.