De « Gamer » à triathlète… Est-ce possible?
Plus lundi, 20 août 2018. 12:39 mercredi, 11 déc. 2024. 15:30Si je vous disais que pendant neuf ans, Guillaume Rompré, 21 ans, jouais six heures par jour au même jeu vidéo pour un total de 42 heures par semaine depuis la 6e année du primaire. Est-ce que vous me croiriez si je vous disais que maintenant il est en route pour aller chercher la victoire dans son groupe d’âge en triathlon pour la saison 2018? Personnellement, je suis assez inspirée par l’histoire de ce jeune homme qui est en pleine ascension dans le sport.
Du plus lointain de ses souvenirs, Guillaume m’explique avec une voix dynamique qu’à sa dernière année de primaire, il était déjà complètement dépendant de son jeu d’aventure et il n’avait tout simplement aucune vie sociale. « Après l’école, je courais jusqu’à chez moi pour aller jouer à l’ordinateur, je ne parlais à personne et je n’allais plus aux réunions de familles. » Il savait qu’il était dépendant de son jeu et il savait qu’il fallait arrêter, mais il en était incapable.
« Ces jeux vidéo sont faits pour nous rendre totalement dépendant et tu dois toujours jouer davantage pour avancer. Plus je jouais, plus je me sentais comme un zombi. » Après avoir tenté d’effacer son profil de jeu, et ce, à plusieurs reprises, il en revenait toujours à jouer. « J’étais comme quelqu’un qui voulait arrêter de fumer la cigarette, je savais que c’était néfaste, mais je continuais quand même. C’était plus fort que moi. » Lorsqu’il jouait, il avoue qu’il était rendu très maigre, puisqu’il ne ressentait plus vraiment la faim et il était évidemment, passablement inactif.
Bien entendu, de mon côté, la grande question que je me posais lorsque je lui parlais, et je suis certaine que vous aussi, c’est comment le déclic lui est-il venu pour faire ce virage à 180 degrés? Comment a-t-il décidé de devenir un athlète à part entière? C’est en visionnant une vidéo de celui qui allait devenir son idole, Lionel Sanders, champion du monde en triathlon longue distance (2017) qu’il a décidé qu’il voulait prendre une autre direction dans sa vie. « Je me suis demandé à moi-même où je voulais être dans les cinq prochaines années et je me suis demandé si je voulais vraiment continuer de jouer à l’ordinateur dans la solitude et la pénombre. »
Il a donc commencé à écrire ses pensées dans un journal et il a réalisé qu’il n’avait pas de personnalité et très peu d’amis. Il a donc commencé à s’identifier à son idole Lionel, qui lui aussi avait dû combattre une dépendance (cocaïne) avant de devenir champion du monde de triathlon. « J’ai fait le parallèle entre lui et moi et je me suis dit que moi aussi je pouvais devenir un triathlète en me débarrassant de ma dépendance aux jeux vidéo. »
C’est là que la transition a commencée. Il a fait sa première séance de musculation à 17 ans et quand il a arrêté de jouer à son jeu vidéo à 18 ans, il a pu observer les changements que ça apportait à son corps. Guillaume mesure 5 pieds et 10 pouces et lorsqu’il jouait, il pesait 115 livres. Il est allé chercher 35 livres de masse musculaire en très peu de temps et c’est lorsque sa mère lui a proposé de faire du triathlon qu’il a fait le grand saut. Dans son esprit, il savait qu’il pouvait dorénavant devenir talentueux dans trois disciplines : nage, vélo et course à pied. Tout cela devenait donc une grande motivation pour lui. Un peu plus tard il allait participer à sa première compétition et la passion était déjà bien ancrée et ce, pour y rester.
Les changements qu’il peut maintenant observer depuis ce moment, sont énormes. « Je pourrais vous donner mille exemples. » Maintenant, il a un cercle d’amis, il fait parti d’un club sportif, il se fixe des objectifs et il a beaucoup plus d’énergie que quand il jouait compulsivement. « Aujourd’hui, j’ai extrêmement confiance en moi, j’ai des sujets à aborder et j’ai même un impact sur des gens, c’est formidable! »
En effet, il a un impact sur son entourage puisque sa mère a commencé à faire du vélo, son père a commencé à faire de la course à pied et il pense même éventuellement faire des conférences pour motiver les gens. Il a de quoi inspirer, car en plus d’être étudiant, il s’entraine vingt heures par semaine et a un emploi. L’année dernière, lors du Triathlon International de Montréal, il s’est classé au troisième rang dans sa catégorie d’âge. « Lorsque j’étais sur le podium, je tremblais tellement j’étais content, je ne m’attendais pas à ça et ça m’a motivé encore plus pour la suite. »
Au début de notre entretien, lorsque que je lui ai demandé s’il allait nous faire l’honneur d’être présent au Triathlon International de Montréal le 25 et 26 août prochain, il n’avait pas nécessairement planifié cette compétition dans son calendrier. À la fin de la conversation, à force de parler de son sport qu’il aime, de son cheminement ainsi que de ses réussites, il m’a dit que notre conversation lui avait donné envie de s’inscrire à Montréal. Je suis persuadée qu’il sera présent et qu’il nous fera tout un numéro afin qu’on se souvienne de lui!
En terminant, une dernière phrase percutante dont il a voulu me faire part, m’a beaucoup fait réfléchir et je vous la partage : « Les limites physiques sont imposées par les limites que notre mental nous dicte. Lorsque je suis dans une zone de douleur pendant l’effort, mon mental me dit que je peux toujours repousser cette limite et c’est ce que j’essaie de transposer dans ma vie. »
Inspirant, n’est-ce pas?