Elle remet sa médaille du marathon à son médecin, mais\u2026
Il y a plusieurs semaines, elle m'a écrit. À ma grande stupéfaction, elle m'a demandé si elle pouvait m'accompagner pour le marathon de Montréal. Karine Martin est une excellente coureuse. Jeune, talentueuse, je sais ce qu'elle peut obtenir comme résultat.
Dans ma tête, ça ne marche pas.
Je cours maintenant mes marathons aux alentours de 4h30. Je me pose des questions sur son intention. Je me dis qu'elle trouvera le temps long à mes côtés. Je n'arrive pas à concevoir cette expérience.
Elle me précise qu'elle a consacré l'entière partie de son été à ses deux enfants, sa richesse, son monde. Elle ajoute qu'elle n'a pas couru, qu'elle a pris une vraie pause et qu'elle est persuadée que je suis la personne pour lui tenir compagnie.
Ouf ! Je suis toujours sceptique.
Je l'avise qu'en aucun temps, je ne veux me sentir coupable de la ralentir et qu'elle se sente obligée de rester avec moi parce qu'elle me l'avait dit. Alors, nous prenons une entente. Si tu te sens bien Karine, tu pars et tu me laisses derrière. Elle accepte.
Par un pur hasard, nos chemins se croisent lorsque nous allons cueillir nos dossards au stade Olympique de Montréal. Elle me sourit. Je sens qu'elle veut me dire quelque chose. J'ouvre la porte. Je lui demande si elle a toujours l'intention de m'accompagner ? Son visage se crispe. « J'ai repris l'entraînement et je suis étonnée, ça va bien ».
SA MÉDAILLE À SON MÉDECIN
Disons que je m'en attendais. La crème finit toujours par remonter. Alors, j'avance qu'on laisse tomber le projet ? Elle est d'accord.
Le matin du marathon de Montréal, je la revois quelques minutes avant le signal du départ. Elle n'a pratiquement pas dormi de la nuit mais croit s'être bien reposée la nuit précédente. Son sourire traduit un certain confort combiné à une nervosité normale dans de telles circonstances.
Elle terminera finalement son marathon aux alentours de 4h, ce qui est solide comme rendement. Le lendemain du marathon, elle avait un rendez-vous avec son médecin, la Dre Denise Ouellette, chirurgienne thoracique à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. « Je veux lui faire un cadeau, je vais lui remettre ma médaille du marathon de Montréal », dit-elle avec beaucoup de reconnaissance.
Il faut que je vous dise. J'ai rencontré Karine en septembre 2018. Elle remontait la pente après un cancer de l'œsophage. Je la trouvais courageuse, déterminée. D'ailleurs, son histoire se retrouve dans mon 2e livre, Inspirations.
Elle aura dû attendre cinq ans avant de se lancer dans l'aventure de courir un marathon. Je voyais qu'elle en avait besoin, que ça lui faisait grand bien.
D'AUTRES EXAMENS
Puis, lundi dernier, elle s'est rendue à l'hôpital. C'est toujours délicat de s'informer quand ça concerne un cancer. J'en sais quelque chose.
J'ai donc décidé d'écrire à Karine pour savoir ce que son médecin lui avait dit. « J'ai quelque chose au foie, je dois passer d'autres examens d'ici peu. » Imaginez, elle vient de traverser un marathon. Comment comprendre ?
Probablement des tests pour en avoir le cœur net, qui confirmera que ce n'est rien de sérieux.
Karine possède une force intérieure incroyable.
Assurément que la confrérie de la course à pied au Québec saura lui envoyer des ondes positives pour les prochaines étapes.
Ne lâche pas ma belle Karine !