L’état de l’ultra-marathon
En forme dimanche, 16 févr. 2020. 10:26 samedi, 14 déc. 2024. 18:28En juin 2019, j’avais consacré une chronique aux résultats d’une vaste étude internationale portant sur la course à pied. C’était la première fois qu’un tel exercice était effectué.
Pour mon plus grand plaisir, la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et le site spécialisé RunRepeat.com récidivent en publiant cette fois les conclusions d’une recherche planétaire sur les ultramarathoniens. Une banque de données absolument fascinante dans laquelle je me suis plongé avec délectation et dont je vous partage quelques-uns des faits saillants.
Pour les besoins de leur recherche, les analystes ont compilé plus de cinq millions de résultats provenant de près de 15 500 ultra-marathons organisés lors des 23 dernières années (1996 à 2018) partout à travers le monde. Par ultra-marathon ou ultra-fond, on cible les distances supérieures au marathon (42,2 kilomètres). Les distances les plus communes sont celles de 50 kilomètres, 50 miles et 100 miles. Inutile de préciser qu’il s’agit de la plus importante étude jamais réalisée sur l’ultra-marathon.
Voici certains des faits saillants notables qui ont retenu mon attention. J’espère que vous aimez les chiffres!
Il n’y a jamais eu autant de femmes à l’ultra-marathon. 23% des participants sont des femmes, comparativement à 14% il y a 23 ans. Ces mêmes femmes sont actuellement plus rapides que les hommes lorsque la distance est supérieure à 195 miles (313 kilomètres). Le rythme moyen des femmes est de 17:19/mile. Celui des hommes est 0,6% plus lent (17:25/mile). L’endurance féminine explique que ce sont parfois des femmes qui gagnent des ultra-marathons. En janvier 2019, j’avais écrit un texte au sujet de la victoire historique de Jasmin Paris à la difficile Montane Spine Race. Une course de 430 kilomètres au dénivelé total de plus de 11 000 mètres.
Plus la distance est longue, moins la différence entre hommes et femmes est significative. Par exemple, les hommes sont 17,9% plus rapides au 5 km. Mais sur un ultra-marathon de 100 miles, l’écart chute à seulement 0,25%.
La participation à des ultra-marathons a connu une croissance de 1 676% lors des 23 dernières années et de 345% au cours de la dernière décennie. C’est énorme! En 1996, 34 401 inscriptions avaient été enregistrées pour des ultras. En 2018, ce furent 611 098 inscriptions, ce qui démontre la grande popularité des distances supérieures à 42,2 kilomètres.
Il y a de plus en plus d’ultramarathoniens qui s’inscrivent à plus d’une course par année. En 1996, seulement 14% des coureurs participant à ce genre de course prenaient part à plus d'un événement. Présentement, on parle de 41%.
Peu importe la distance, le sexe ou l’âge, les chronos moyens à l’ultra-marathon n’ont jamais été aussi lents. En 1996, le rythme moyen était de 11:35/mile. En 2018, il était de 13:16/mile. C’est 15% plus lent. Cela s’explique par le fait que les longues distances sont au goût du jour et qu’elles attirent de plus en plus d’hommes et femmes dont la préparation n’est pas optimale.
Les ultramarathoniens canadiens se classent au dixième rang des nations les plus rapides avec une moyenne de 13:43/mile. Les Sud-Africains sont les plus rapides (10:36/mile), suivis de la Suède (11:56/mile) et de l’Allemagne (12:01/mile).
Le Canada occupe cependant le deuxième rang des nations avec la plus forte représentativité féminine; 35% des ultramarathoniens canadiens sont des femmes. Seule l’Australie devance le Canada avec 36% de femmes.
Un nombre record de gens voyagent à travers le monde pour prendre part à un ultra; 10,3% des inscrits viennent de l’étranger comparativement à 0,2% pour un 5km. Il y a donc des retombées économiques tangibles lorsqu’on organise un ultra-marathon.
Enfin, la moyenne d’âge des ultramarathoniens a diminué d’un an lors de la dernière décennie. Il est maintenant à 42,3 ans. La bonne nouvelle, c’est que le vieillissement ne semble pas être un handicap puisque tous les groupes d’âge ont un rythme de course moyen presque identique (14:40/mile).
Si vous êtes un amoureux des courses de longues distances et de statistiques, je vous invite à plonger dans la lecture de cette étude. C’est la meilleure façon de comprendre le phénomène des ultras et pourquoi leur popularité est loin de s’effriter.