Le Comité international olympique (CIO) étudie actuellement la proposition de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) d’inclure le cross-country dans le programme de compétitions des Jeux olympiques de Paris en 2024. Il s’agirait ainsi d’un retour de cette discipline aux Jeux puisqu’elle avait déjà été à l’horaire du calendrier olympique il y a cent ans.

Heureux hasard, c’était justement à Paris, aux Jeux de 1924, qu’avait été présentée la toute dernière compétition de cross-country, une course qui était passée à l’histoire en raison d’une vague de chaleur extrême (plus de 40 degrés) qui avait entraîné l’abandon de 23 des 38 participants. Ceux-ci avaient également été affectés par les émanations toxiques rejetées par les cheminées d’usines situées près du site de compétition de la capitale française.

La victoire du légendaire finlandais Pavo Nurmi n’avait pas empêché les dirigeants du CIO de signifier la belle mort du cross-country aux Jeux olympiques. Depuis, le CIO a toujours cherché à épurer son calendrier de compétitions en athlétisme. Le cross-country était un choix facile.

Mais les choses ont changé au cours des dernières années. Il y a d’abord l’intérêt sans cesse grandissant que suscite ce type de course et qui rejoint un grand nombre de coureurs dans le monde.

Et puis il y a Sebastian Coe! Le président de l’IAAF, double champion olympique du 1500 mètres, a débuté sa carrière de coureur en cross-country. Le président de son premier club d’athlétisme, Joe Williams, avait participé au dernier cross couru à Paris en 1924 et le récit qu’il en faisait avait marqué l’imaginaire du jeune Coe.

Appuyé par le président lui-même de l’organisation mondiale qui régit l’athlétisme, le dossier du retour du cross-country est bien engagé. Une rencontre formelle entre des membres de direction de l’IAAF et du CIO doit d’ailleurs se tenir d’ici la fin de l’année pour travailler sur certains détails. Entre autres, le site où pourrait se dérouler l’épreuve. On évoque les terrains du château de Versailles où se dérouleront les compétitions équestres.

La proposition de l’IAAF est intéressante et a de bonnes chances d’être acceptée puisque le cross-country pourrait se disputer avec des athlètes déjà inscrits à d’autres disciplines. On éviterait ainsi d’augmenter le nombre d’athlètes maximum souhaités à Paris en 2024, soit 10 500.

Le format proposé de la compétition plaira également puisqu’il s’agirait d’un relais mixte composé de deux hommes et deux femmes qui devraient chacun courir deux fois 2,5 kilomètres pour un total de vingt kilomètres. On limiterait à quinze le nombre de pays pouvant s’aligner au départ.

Le retour souhaité du cross-country aux Jeux olympiques n’est pas nouveau. Dès 2008, les coureurs élites Kenenisa Bekele, Paul Tergat et Haile Gebresselassie avaient envoyé une lettre aux présidents de l’époque du CIO, Jacques Rogge, et de l’IAAF, Lamine Diack, pour proposer le retour de ces courses aux Jeux d’hiver de 2018. Vous avez bien lu, aux jeux d’hiver! L’IAAF avait rapidement appuyé cette suggestion qui avait fait l’objet de cinq années de consultations et de discussions par les membres du CIO avant d’être rejetée finalement en 2013.

La missive des trois coureurs mentionnait que le cross-country était une course qui pouvait facilement être pratiquée sur neige damée. On avançait qu’il serait spectaculaire de voir à l’œuvre les meilleurs coureurs africains y participer et obtenir enfin une chance de médailles à des jeux hivernaux. De toute façon, la neige et le froid sont de plus en plus absents des Jeux. Souvenez-vous de Vancouver ou de Sotchi où le mercure était nettement au-dessus du point de congélation et où des fortunes furent dépensées pour déplacer de la neige sur certains lieux de compétitions.

Contrairement aux jeux d’été, qui cherchent à limiter ou même diminuer le nombre d’épreuves, ceux d’hiver souhaitent garnir les calendriers de compétitions. On voulait surtout augmenter les cotes d’écoute mondiales en attirant devant leurs petits écrans tous les amateurs des pays sans sports d’hiver. Voilà pourquoi le projet finalement écarté du cross-country en hiver était attrayant.

Est-ce que cette fois sera la bonne? Est-ce que le cross-country fera son grand retour olympique à Paris en 2024? La réponse devrait être connue au cours des prochaines semaines. Mais disons que ça regarde très bien!