La carrière sportive d’Emmanuelle Blais a commencé dès l’âge de 5 ans. Inspirée par son grand frère, elle chausse les patins et se fait une place au hockey parmi les garçons. Place qu’elle conservera jusqu’au niveau Midget Espoir, avant de jouer un an pour le Collège Dawson et d’obtenir une bourse d’études complète à Duluth, au Minnesota. Là-bas, elle remportera 2 fois le championnat de la NCAA en 2008 et 2010. De retour au pays cette année-là, elle joint les rangs de l’équipe nationale canadienne des moins de 22 ans, disputant même quelques tournois avec l’équipe sénior, jusqu’en 2012.


“Étant petite, je rêvais de jouer pour les Canadiens de Montréal. Puis, j’ai vu les filles aux Olympiques en 1998 et mon rêve a vraiment pris forme à ce moment-là - de vouloir faire partie de cette équipe-là.” raconte l’ancienne ailier droit.

Bien qu’elle n’ait pas eu la chance de faire partie de ce prestigieux tournoi, Blais a connu une carrière florissante avec les Canadiennes de Montréal, gagnant 3 fois la Coupe Clarkson au cours de ses 9 saisons.

 

“Après ma coupure de l’équipe canadienne en 2012, je me retrouvais devant presque rien. Avec les Canadiennes, on pouvait espérer gagner entre 6000 et 10000$ par saison. Je travaillais à faire de la comptabilité pour la compagnie d’une bonne amie en plus de ma saison de hockey.”

 

 

L’arrivée du CrossFit

 

Après la coupure, un ami, Yannick Haineault, l’a convaincu d’essayer le CrossFit, à CrossFit Plateau. “Je me disais, ok, qu’est-ce que je vais faire? Mon rêve vient de prendre fin. Je me disais que je pourrais m’entraîner pour des marathons, comme mon père. Après un cours au CrossFit, je savais que c’était ça que j’allais faire. Les rencontres qu’on y fait sont assez spéciales et l’effet de groupe est incroyable. De voir des gens s’entraîner aussi fort que des athlètes professionnels simplement pour rester en santé, ça m’a impressionné.” raconte celle qui a débuté peu après comme entraîneuse de cours de groupe. Une certaine Michèle Letendre lui a demandé de joindre l’équipe, dirigée par le propriétaire du centre, Simon Belzile.

 

Aujourd’hui, Emmanuelle est co-propriétaire des centres d’entraînement Gym Le Vestiaire de VIlleray et Boisbriand. Associée de Karim El Hlimi, le duo se complémente parfaitement. Ils ont même mis sur pieds un organisme à but non lucratif, le Club Le Grand V - qui sert à rendre l’entraînement accessible aux jeunes adolescents défavorisés. Mais ça, c’était avant que la pandémie frappe de plein fouet et la prive - elle ainsi que toute une industrie - de sa mission: aider les gens avec leur santé mentale et physique.
 

“La différence avec un micro gym comme les nôtres, c’est qu’on grandit avec nos membres. Tu nous dis le nom d’un d’entre-eux, et on est capables te dire qui c’est et son histoire. Par exemple, on avait créé des programmes, Les Transformers, bâtis pour les gens qui avaient peur d’aller au gym, et ne s’y sentaient pas à l’aise. Aussi, certains de nos membres ont des historiques de pathologies ou dépressions. On avait fait du progrès avec ces gens-là, et certains ont du revenir sur leur médication, par exemple. C’est difficile. Je crois que j’ai découvert ce que c’est l’anxiété, la vraie. Pas celle avant un match contre Team USA devant plus de 10 000 personnes. Celle qui te réveille à 4 heures du matin avec le coeur qui chauffe parce que tu as l’impression de laisser tomber les gens.”

Après avoir eu le feu vert des autorités gouvernementales pour ouvrir le 26 mars dernier - et investi des milliers de dollars dans des équipements sanitaires et de ventilation - ses centres d’entraînement ont du (re)fermer leurs portes pour la 3e fois en un an. Pourtant, des multiples visites de la santé publique l’été dernier leur avait valu des félicitations. On avait même qualifié la mise en place de ces mesures d’impressionnante.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Maintenant, Blais et son équipe continueront d’aider les gens du mieux qu’ils le peuvent. Notamment au moyen de Sports Études qu’elle et son associé ont bâti. De son propre aveu, l’industrie aura un gros travail de reconstruction à faire.

“Est-on vraiment un danger? Si c’est vraiment le cas, d’accord, on l’accepte. Mais fait-on plus de bien que de mal aux gens? Je crois que oui. Ici, on a des médecins, des dentistes et autres professionnels de la santé qui passent nos portes chaque jour et se sentent en sécurité. S’il n’y avait pas eu de grosse éclosion à Québec, est-ce qu’on aurait parlé de nous de cette façon? Avant la pandémie, il n’y avait déjà pas assez de gens qui utilisaient les centres d’entraînement. Maintenant, tout est démoli.” conclut-elle.

 

Malgré tout, le ton de la conversation est léger. C’est armée d’une gratitude et d’un sourire inébranlable qu’on discute des prochains défis de l’industrie. Parce que malgré tout, le futur est beau, et prometteur.

 

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