« Le sport ne m’interpellait pas. De toute façon, mes parents ne m’ont jamais inculqué cette culture. »

Alors jeune, Guy Provost ne comprenait pas que l’un de ses amis l’invite à courir. Il n’en voyait pas l’utilité et ne voulait surtout pas souffrir !

Le 14 octobre 1999 allait faire basculer sa vie. Il reçoit un diagnostic de leucémie après une visite chez le médecin parce qu’il souffrait de saignements aux gencives. Il sera hospitalisé près de cinq mois. Le ciel s’ennuage et il traversera une période sombre de sa vie.

Simultanément, sa copine l’abandonne, son frère apprend qu’il souffre de la maladie de Crohn, son meilleur ami perd la vie lors d’un accident de la ferme, son grand-père décède, son père vivra une grande fatigue et sa mère traversera une dépression.

Il se jette dans la bouffe et prend beaucoup de poids. Il pèse près de 400lbs. « Je me couchais le soir et je sentais le rythme irrégulier de mon cœur. Je Guy Provost #2craignais de mourir durant mon sommeil, de ne plus me réveiller le lendemain matin », témoigne celui qui est né le 23 juin 1979 à Saint-Amable.

Août 2015, son cousin subit une opération afin de restreindre son estomac. Il saisit le message car après plusieurs tentatives infructueuses pour maigrir, il voit cette intervention chirurgicale comme étant la solution ultime. L’opération du Dr. Wakil s’avère une réussite. Comptable en chef chez Lowe's Canada depuis huit ans, l’entreprise bénéficie d’un gymnase pour les employés. Guy s’adresse alors à Amélie et Nicolas Bourret de B-Athlétik.

Son message est clair. Il ne veut pas perdre de masse musculaire et demande un programme en ce sens, tout en précisant qu’il ne veut aucun exercice de cardio, car il dispose de seulement 60 minutes pour manger ! Graduellement, il augmente ses visites au gymnase jusqu’au jour où Nicolas le remarque sur un appareil elliptique. Il lui conseille de marcher sur un tapis. Guy adhère à cette recommandation  sauf que quelques jours plus tard, le gymnase ferme ses portes.    

Toutefois, Amélie présente des parcours athlétiques dehors et Guy décide d’essayer. Alors, la métamorphose se met en branle ! « Je quittais une dépendance à la nourriture pour une dépendance aux sports. » Confiance ébranlée jadis, il s’aperçoit que ses possibilités sont meilleures qu’il ne le croyait. Un premier 5km avec Rachel Paiement, opérée pour les mêmes raisons que Guy, le convaincra qu’il se retrouve sur la bonne voie.

En avril l’an dernier, il découvre le groupe CCC et la grandeur d’homme de Marc Langevin. Il se lie d’amitié avec Jimmy Lyonnais et Pierre Haineault. Il perdra 180lbs. Le voilà à 220lbs. Il voudrait perdre encore 20lbs, mais c’est de plus en plus pénible.

« Je lutte toujours. On nous opère pour l’estomac mais pas pour le cerveau. Quand je vais bien dans la vie, je traverse des relâchements sur le plan alimentaire. Je dois alors me surveiller », explique celui à qui on a enlevé 80% de son estomac !

Guy vient de courir son premier 21km en mai dernier à Longueuil et il ressent le besoin de mesurer sa progression. Voilà pourquoi les objectifs se retrouvent sur sa liste d’épicerie, tel participer à un triathlon prochainement, le 30km de Boucherville cette année, le marathon d’Ottawa en 2020 et un demi ironman d’ici cinq ans.

Guy Provost #4Maintenant, quand il engage une personne à son lieu de travail, il lui demande si elle s’entraîne, simplement par curiosité, un automatisme nécessaire à ses yeux. « Je veux redistribuer, je crois au concept de la gratitude. J’ai reçu énormément. »

Or, un autre obstacle se dresse devant lui. Sa chimiothérapie a causé des dommages sur sa hanche gauche. Il marche sur des chapeaux de roue depuis des années de sorte qu’à cause d’une grande souffrance, il compense et affecte d’autres parties de son corps. « Je suis indisposé par une nécrose a vasculaire et parfois, j’affiche l’allure d’un vieillard tellement ça fait mal. Je dois négocier avec mon cerveau. Ça fait longtemps que je le sais. On ne pouvait intervenir jadis à cause de mon poids et du danger de ne jamais me réveiller sur la table d’opération. » Il attend sa date pour recevoir sa prothèse.

Émotif, Guy pleure souvent après ses courses. « Je me rappelle sans cesse des raisons qui démontrent pourquoi j’en suis rendu là. Mon seul regret est de ne pas avoir eu ce réveil plus tôt ».

Et dire qu’à cause de cette chimiothérapie, il pouvait devenir infertile ! Heureusement, tel ne fut pas le cas et cela même s’il avait pris soin de prélever son sperme avant les traitements. Le voilà père de trois enfants, Léanne, 13 ans, Malik, 11 ans qui court parfois avec son père et Flavie, 5 ans.

Le Dr Chagnon, un membre des CCC, l’a invité à participer à la course des Pères Noël pour l’hôpital Pierre Boucher tout en demandant au Dr Wakil d’y assister et de constater la progression de Guy, un moment fort pour ce dernier. Et que dire également de la rencontre avec son médecin de famille lors d’une course à Saint-Julie !

De belles histoires qu’il partage dans le but de convaincre ceux ou celles qui se retrouvent actuellement dans des situations précaires.

Toujours aujourd’hui, il doit se coucher tôt pour éviter la rangée de biscuits ! Une bataille à finir contre son subconscient qui ne cesse de revenir à la charge. Mais il entend bien le remporter !