Vous devriez voir ces regards qu’on me décoche lorsque je dis que l’hiver est ma saison préférée et que j’adore courir lors de cette période froide, glissante, slusheuse, sombre et venteuse. Si certains commentaires sont empreints d’admiration, d’autres relèvent de l’incompréhension totale. « Comment apprécier une telle température et de telles conditions? », me répète-t-on.

 

J’avoue que Dame nature ne nous a pas gâtés au cours des dernières journées et que la plus récente bordée de neige en a découragé plusieurs de sortir pour courir. Avant le début de l’hiver, j’avais proposé une chronique de conseils pour bien se préparer à la course hivernale. Mais je sens un ras-le-bol chez certains d’entre vous et les belles résolutions du début de saison sont sur le point de s’envoler.

 

Je crois qu’il est de mon humble devoir d’y aller d’un texte de motivation pour vous aider à simplement, disons, survivre jusqu’à la fin de l’hiver. Accrochez-vous, l’hiver finira bien par finir! 

 

Je pourrais pondre un texte imprégné de la plus belle des poésies pour vanter la beauté enveloppante de la neige d’un blanc immaculé  fraichement tombée et qui assourdit les bruits ambiants. Mais cela ne vous aidera en rien.  

 

La clé pour aimer courir l’hiver, c’est de ne pas avoir froid! C’est tout. Un coureur avec les pieds gelés n’est pas un coureur heureux. Il existe des chaussures doublées conçues pour l’hiver avec revêtement en Gore-Tex et semelles antidérapantes ou à crampons. L’investissement en vaut la peine. Vous pouvez également choisir une chaussure régulière, mais un demi-point plus grand, et y ajouter un chaud bas de laine. N’oubliez pas de bien assécher vos souliers de course avant votre prochain entraînement. 

 

C’est peut-être la saison froide, mais je vous rappelle que vous ne devez pas vous habiller trop puisque votre corps se réchauffera de lui-même après quelques minutes d’efforts soutenus. Surtout, préconisez la technique dite des « pelures d’oignon ». Plusieurs couches de vêtements valent mieux qu’une seule plus épaisse. Et évitez les textiles qui absorbent la transpiration, comme le coton. Vous pourriez attraper un coup de froid. Certains coureurs envoient leurs vêtements de course à la sécheuse quelques minutes et les enfilent rapidement avant d’aller courir. Ceux-ci gardent le corps au chaud le temps que celui-ci produise sa propre chaleur.

 

Soyez flexible et intelligent avec vos entraînements. Il est difficile d’améliorer sa forme en hiver en raison des conditions climatiques et de la chaussée glacée, alors essayez seulement de la maintenir. S’il fait trop froid, vous pouvez faire deux sorties plus courtes dans la même journée plutôt qu’une longue. Inutile de se battre avec les éléments pour tenter de respecter une certaine cadence. L’effort est plus important que le rythme. Profitez seulement du moment et trouvez-y votre plaisir. 

 

Respectez le vent! C’est un de mes premiers conseils pour apprécier la course hivernale. Autant que possible, il est préférable de l’avoir dans le dos plutôt que de face. Même en hiver, votre corps transpire et vos vêtements se gorgent d’humidité. Ainsi, préconisez un aller-retour en vous assurant de terminer votre course avec le vent dans le dos. Vous serez moins susceptible de grelotter.

 

Lorsque vous terminez votre course, ne lésinez pas trop longtemps avant de retourner au chaud pour retirer vos vêtements mouillés puisque votre température corporelle baisse dès que vous arrêtez de courir. Après avoir sauté dans la douche, prenez un breuvage chaud. Vous serez habité d’un doux sentiment d’accomplissement. Et même si vous avez l’impression d’avoir moins transpiré en raison du froid, n’oubliez pas de bien vous réhydrater.

 

Je ne vous apprends rien en vous disant que les journées ne sont pas longues en hiver. Les heures d’ensoleillement sont réduites. Si possible, courez à la clarté du jour. Sinon, et c’est primordial, assurez-vous d’être visibles en pleine noirceur. Portez des vêtements munis de bandes réfléchissantes, une lampe frontale et des bracelets réflecteurs. N’ayez pas peur de vous transformer en guirlande de Noël en accrochant de petites lumières LED à votre attirail. Les magasins de sports débordent d’accessoires pour courir la nuit. 

 

Enfin, s’il fait vraiment froid, ne risquez pas une engelure et agissez sagement en courant sur une piste intérieure ou sur un tapis roulant. Plusieurs options s’offrent à vous. Dans mon coin, sur la Rive-Sud de Montréal, de très nombreux coureurs se donnent rendez-vous le dimanche matin dans l’immense stationnement souterrain du quartier Dix-30 à Brossard. S’il vous est impossible de courir à l’intérieur, planifiez-vous un entraînement alternatif.

 

Ne voyez pas l’hiver comme un ennemi à dompter, mais plutôt comme un allié à apprivoiser. Vos entraînements pendant cette belle saison vous permettront de développer votre endurance et d’être dans une bonne forme pour amorcer le calendrier de course printanier. Avec ces quelques conseils, je suis convaincu que vous survivrez jusqu’au 21 mars. 

 

Bonne course!