Depuis 1955, la Traversée du Lac St-Jean attire les meilleurs nageurs de la planète dans une compétition relevée. Bientôt, il sera possible de réaliser cette traversée, mais dans un cadre différent. 

Un événement unique en son genre aura lieu le 23 février prochain sur le lac Saint-Jean. Au total, 150 coureurs s’élanceront sur l’étendue glacée et enneigée pour participer à la première édition des Courses CRYO. Deux parcours, de 10 et 32 kilomètres permettront tant aux athlètes de haut niveau qu’aux amateurs de se mesurer au célèbre lac en hiver. Ces courses se veulent un événement caritatif pour la fondation Sur la pointe des pieds, qui offre gratuitement des expéditions d’aventure thérapeutique à des jeunes en traitement ou en rémission du cancer.

Traverser le lac Saint-Jean à la course

Des deux distances, la traversée de 32 kilomètres est certainement celle qui retient le plus l’attention des coureurs en raison de son originalité et du défi qu’elle représente. Le départ de cette course, dont les soixante places se sont envolées rapidement, sera donné au village de Péribonka à 16 h, soit environ 90 minutes avant le coucher du soleil. Le reste de la course se déroulera à la noirceur, les participants s’éclairant avec une lampe frontale et se laissant guider par les 500 balises réfléchissantes placées tout au long du parcours de même que par les lumières au loin de la ville de Roberval et son village sur glace, site de leur arrivée.

Pour sa part, le départ du 10 kilomètres aura lieu à 18 h à Roberval pour que les inscrits puissent également vivre l’expérience de courir sur la mer de glace à la noirceur. Il s’agira d’une boucle qui les mènera jusqu’à une île où se trouve un refuge avant de revenir à Roberval.

L’idée de cette traversée nocturne du lac Saint-Jean a germé dans la tête d’un coureur de la région, Éric Paquet, un homme familier avec les œuvres de la fondation Sur la pointe des pieds qui organisait déjà une levée de fonds grâce à une activité sur le lac.

« Éric rêvait depuis quelques années de traverser le lac à la course et nous a proposé d’organiser l’événement en le jumelant à cette cause. Nous avions de l’intérêt, mais souhaitions voir comment il était possible de tout mettre en place pour que ce soit une belle expérience pour les participants », explique Katia Bourgault, directrice de l’événement.

Traverser le lac Saint-Jean à la course

En effet, le défi était considérable puisqu’il n’y avait pas d’infrastructures sur le lac. En 2018, un petit groupe a donc pris part à un projet pilote dans le plus grand secret pour tester l’éventuel trajet et un système de ravitaillements. On devait également songer à ce qui devrait être fait en cas d’évacuation des participants lors de situations climatiques extrêmes. Un aspect qu’on ne retrouve pas dans les courses estivales sur route où les services d’urgence sont à proximité.

Une attention particulière fut également portée à la surface de neige pour comprendre si la course devait se faire en raquettes ou en chaussures. Finalement, en octobre dernier, la direction de la fondation a officiellement annoncé la tenue des deux courses. C’était l’aboutissement de près de deux années de recherche et développement en collaboration avec l’équipe de la Traversée du lac Saint-Jean à vélo.

Madame Bourgault mentionne que le choix de tenir cette course en fin de journée, à la noirceur, n’est pas un hasard. On souhaite offrir un dépaysement aux participants. « Le lac Saint-Jean a un petit côté magique. C’est un sentiment très particulier d’être au centre du lac dans le noir puisqu’on a l’impression d’être au milieu de nulle part. On vit un peu ce que les explorateurs ressentent lorsqu’ils sont dans l’isolement en Antarctique. On a l’impression de ne rien voir au bout de la ligne d’horizon ».

Traverser le lac Saint-Jean à la course

Malgré la noirceur, impossible de se perdre. En plus des nombreuses balises et de la soixantaine de bénévoles pour les guider, les coureurs devront obligatoirement porter des lampes frontales. Ils évolueront sur une piste entretenue avec une dameuse depuis un mois pour avoir des conditions optimales de surface de neige. Il sera donc réaliste d’utiliser des souliers de course plutôt que des raquettes. Cela demeure toutefois au choix des participants. Une chose est cependant certaine, dès qu’un coureur posera le pied à l’extérieur de la piste, il le sentira immédiatement et reviendra sur le bon chemin.

Selon les estimations les plus réalistes, et en se basant sur le projet pilote de 2018, les coureurs les plus rapides devraient compléter cette première traversée unique en 2 h 40.  Six stations de ravitaillements chauffées seront à la disposition des coureurs. De grandes tentes d’expéditions pouvant accueillir une quarantaine de personnes seront également installées pour permettre une pause à l’abri du vent.

Traverser le lac Saint-Jean à la course

Avant même le signal du départ, les organisateurs se disent grandement satisfaits de la réponse des amateurs; 75% des inscrits sont des gens de l’extérieur de la région. C’était là un des objectifs de l’organisation qui voulait faire découvrir le lac Saint-Jean et la fondation  Sur la pointe des pieds.

Si la course de 32 kilomètres affiche complet depuis longtemps, quelques places sont toujours disponibles pour celle de 10 kilomètres. Mais l’inscription tire bientôt à sa fin puisqu’on veut laisser le temps aux participants de compléter leur levée de fonds pour la fondation. En effet, pour obtenir le privilège de courir sur le lac, les coureurs doivent réaliser une collecte de fonds, un peu comme lors d’événements tels que le 24h de Tremblant ou le Grand Défi Pierre Lavoie.

« Notre objectif à long terme est d’intéresser plus de coureurs pour en venir progressivement à en accueillir 500 d’ici quelques années. Nous ne voulons toutefois pas aller au-delà de ce nombre car nous souhaitons que notre événement en demeure un où les gens ont l’impression de partir à l’aventure sur le lac. Il y a aussi une question de sécurité. Une chose est certaine, nous ne voulons pas que les Courses CRYO deviennent un événement de masse », conclut Katia Bourgault.

Traverser le lac Saint-Jean à la course