Si vous êtes un coureur comme moi, vous savez que les conditions climatiques peuvent avoir un impact sur votre rythme et vitesse de déplacement. 

 

La chaleur caniculaire d’un gros soleil d’été, le froid polaire du mois de janvier ou la pluie forte d’une journée automnale ne vous aideront jamais à courir plus vite. 

 

Le vent est certainement le pire ennemi du coureur, peu importe la saison. Lorsqu’il ne souffle pas dans la bonne direction bien sûr!  Car il est faux de croire que le temps perdu dans une direction en raison d’un vent de face sera récupéré ensuite avec le même vent soufflant de dos! Des études démontreraient qu’un coureur effectuant une course aller et retour sur un parcours rectiligne récupèrerait à peine la moitié du temps perdu avec le vent de dos. 

 

Si l’effet du vent peut facilement être perceptible lors de longues courses, qu’en est-il sur des compétitions de sprints? Là encore, il n’est pas toujours le bienvenue. 

 

Deux semaines après avoir brillé aux Jeux olympiques de Tokyo, le sprinter canadien Andre De Grasse a remporté le 100 mètres de la prestigieuse Classique Prefontaine, une étape de la Diamond League. Lors de cette course à Eugene, en Oregon, De Grasse a survolé la piste en 9.74 secondes, soit 15 centièmes de secondes de mieux que sa marque personnelle établie à Tokyo. 

 

Il s’agissait également d’un record canadien jusqu’à ce qu’on confirme que le vent soufflant à l’intérieur du stade était trop fort et que cette marque ne pouvait pas être officiellement homologuée. Dommage pour De Grasse.

 

On pourrait être porté à se demander pourquoi on accorde une telle importance au vent pour une course aussi courte qu’un 100 mètres. On fait la même chose aux 200 mètres, 100 mètres haies et 110 mètres haies. 

 

C’est que même si on parle d’un très petit avantage, ce vent permet aux sprinters de grappiller quelques centièmes de secondes. Ce sont des centièmes précieux qui leur permettent souvent d’améliorer leurs records personnels.  

 

La limite autorisée pour un vent de dos au 100 mètres est de deux mètres par seconde. Évidement, on ne se pose même pas la question lorsqu’il souffle de face! 

 

Au 100 mètres, un anémomètre à ultrasons est utilisé pour mesurer la force du vent. Il est placé à 50 mètres du départ près du couloir numéro un. Pour le 200 mètres, le vent sera évalué sur le dernier 100 mètres. 

 

Des travaux réalisés par des chercheurs au cours des dernières années ont démontrés qu’un sprinter courant au niveau de la mer et pouvant compter sur un vent favorable d’un mètre par seconde bénéficierait d’un avantage de cinq centièmes de seconde. Pour une sprinteuse, on parle de sept centièmes! Quand onvent courir sait les heures d’entraînement auxquelles sont soumis les athlètes pour améliorer leurs temps de quelques petits centièmes, on comprend mieux l’importance du vent. 

 

Plus la course est disputée en altitude, plus l’effet du vent sera fort puisque la résistance de l’air est moindre.  Ainsi, un sprinter qui court à 500 mètres d’altitude avec un vent favorable d’un mètre par seconde ira sept centièmes plus rapidement et la sprinteuse huit centièmes!  Si ce vent souffle à la limite de ce qui est permis par la Fédération internationale d’athlétisme (deux mètres par seconde) à cette même altitude, alors là le coureur gagnera jusqu’à 11 centièmes et la coureuse 14! On ne parle plus d’un effet négligeable. 

 

Puisque nous parlons d’altitude, mentionnons au passage que toutes les performances de sprinters enregistrées à plus de mille mètres du niveau de la mer ne seront pas homologuées. Le classement d’une course sera officiel, mais pas les chronos. 

 

Il est donc malheureux qu’Andre De Grasse ne soit pas reparti de la Classique Prefontaine avec un nouveau record national. Toutefois, il pourra se consoler en se disant que le vent était le même pour tous les concurrents participant à la finale et que c’est lui qui fut le plus rapide. 

 

Quant au simple joggeur qui se plaît à faire sa petite course quotidienne dans les rues de son quartier, souhaitons lui simplement « bon vent! »

 

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