Par Alexis Le Marec - Après deux ans d’un règne sans partage avec ses GTX 10, autant dire que la génération suivante était attendue. Mais à dominer le marché, Nvidia se permet une envolée des prix pour ses RTX 20.

6 Mai 2016 la GTX 1070 est lancée à 379$ US, le bitcoin passe par là, et avec une demande plus forte que l’offre, le prix grimpe autour de 500$ US selon le modèle (600$ au Canada). 21 août 2018 sa remplaçante la 2070 est annoncée à 499$ US. Vous trouviez la 1080 TI dispendieuse à 1200$? Sa remplaçante, la RTX 2080 TI, est disponible en réservation pour 1600$ Canadiens. La RTX 2080, de son côté, prend 200$ face à la 1080 et affiche des tarifs compris entre 1000 et 1200$.

Si l’on regarde de plus près ces nouvelles cartes, le processeur n’est plus un Pascal, mais un Turing, une nouvelle architecture dont chaque cœur serait 50% plus efficace que celui d’un Pascal selon Nvidia. Les deux autres nouveautés viennent du DLSS, un anticrénelage appliqué par une intelligence artificielle. Malheureusement, les jeux déjà sortis n’en bénéficieront pas (excepté FFXV et Ark). Le DLSS demande à ce que les développeurs envoient d’abord leur code à Nvidia qui va se charger d’apprendre à son IA à créer cet anticrénelage, puis de renvoyer le tout aux développeurs non sans inclure également la mise à jour dans ses pilotes.

L’autre nouveauté vient du “Ray tracing” enfin accessible au grand public. Utilisé à foison dans le cinéma depuis des années, il permet de recréer le parcours de la lumière naturelle et des multiples projections qu’elle subit avant d’arriver à nos yeux.  Techniquement, chaque pixel envoie un rayon de lumière qui va se réfracter sur les multiples surfaces comme les murs ou les objets, recréant ainsi les effets de réflexion et de réfraction naturels de la lumière.

Un exemple du rendu du ray tracing dans Battlefield V

Et voici ce que va donner à terme le ray tracing dans les futurs jeux

Du  Ray tracing limité sur les 2070

Si la RTX 2070 supporte le DLSS, elle possède moins de cœurs dédiés au Ray tracing face à la 2080, ce qui devrait lui permettre d’assurer le strict minimum, sans compter qu’il va y avoir également plusieurs qualités de ray tracing, à l’image des différents niveaux d’anticrénelage. Si l’on suit l’évolution des cartes graphiques, sa remplaçante devrait pouvoir mieux le gérer et aurait logiquement la puissance d’une 2080. C’est ce qui retire de l’intérêt à cette carte face à la 1070 qui va connaître une baisse de prix pour permettre d’écouler les stocks. Alors que la 1070 est une valeur sûre pouvant faire tourner n’importe quel jeu à ultra à 60 FPS en full HD (1080p) la 2070 offre des performances supérieures certes, mais qui se ne verront qu’au niveau de l’anticrénelage sur de futurs jeux, et un peu pour le ray tracing. L’an prochain, elle sera totalement obsolète pour celui qui cherche à accéder au DLSS et Ray tracing avancé autour de 600$.

Ray tracing une technologie encore trop exigeante

Assurément, le ray tracing est une technologie qui va s’imposer dans les jeux. L’apport se voit immédiatement à l’écran, mais il demande une énorme puissance de calcul. Les 2080 en sont enfin capables? Soit, mais la démo de Tomb Raider en 4K a un framerate qui chute à 40 FPS, et même 30 FPS pour Metro Redux sur des 2080TI. Ces jeux étant encore en développement, d’après des développeurs contactés, les performances finales devraient être plus élevées. Pour l’instant ils composent avec de pilotes de Nvidia qui ne sont pas finalisés pour leurs jeux. Cette génération est la première à amener le Ray Tracing, mais son incidence sur la fluidité semble pour l’instant non négligeable. Comme toute première génération d’une technologie, celle-ci va demander un à deux ans de maturité avant de prendre son envol. En l’occurrence, elle demande encore de la puissance supplémentaire pour atteindre le sacro-saint 60 FPS constant en 4K. Et puis,  il va falloir l’arrivée des prochaines consoles avant que cette technologie soit généralisée.

Sans Ray tracing, cependant, les 2080TI seraient capables de dépasser allègrement les 60 FPS en 4K, on parle même de 100 FPS. La 2080 moins puissante pourrait avoir de l’intérêt  pour qui veut enfin du 60 FPS minimum en 4K à ultra, mais avec une telle envolée des tarifs, jouer en 4K sur PC est un luxe de plus en plus inaccessible.  

 Attendez un mois et la baisse de prix des 1070 ou l’an prochain

Est-ce le bon temps pour changer de carte graphique ou réserver une RTX? C’est plutôt le pire moment. Avec des tarifs dispendieux et un lot d’invendus de sa série 10 conséquent, Nvidia semble surtout avoir annoncé des tarifs bien trop élevés sur sa série RTX 20 afin d’écouler plus facilement ses stocks de GTX série 10. Mais baisseront-ils les tarifs des RTX 20 ensuite? Il faut dire que depuis l’arrivée sur le marché des processeurs ASIC dédiés au minage, les cartes graphiques n’ont plus la côte auprès des mineurs. Seul l’Etherum est encore rentable, mais un processeur ASIC dédié est là aussi prévu. Conséquence, Nvidia a depuis juin un surplus de 300 000 GPU Pascal invendus à écouler.  Attendez-vous donc à des baisses conséquentes sur la génération actuelle. En tout cas, si vous jouez en 1080p et ne comptez pas changer d’écran, la GTX 1070 est une excellente carte capable de jouer tous les jeux en ultra à 60 FPS. Pour jouer en QHD voir 4K en sacrifiant quelques paramètres comme les ombres, la 1080 et la 1080TI pourraient être une bonne affaire après une bonne baisse de prix. Ces cartes devraient travailler en ultra ou presque sur tous les jeux jusqu’en 2020, moment où sortira la nouvelle génération de jeux sur les futures consoles et PC. En ce qui concerne les RTX 20, elles peuvent utiliser le ray tracing, mais parce qu’elles commencent à en être capables. Personnellement, je considère que la RTX 20 est une génération bâtarde à cheval entre deux mondes. Promise à être trop rapidement dépassée, trop puissante pour la technologie avant le ray tracing et pas assez pour en profiter au maximum dans les meilleures conditions. Et même si les développeurs y parviennent, cela reste actuellement 1600$ sans les taxes, soit le prix d’un bras avec le foie en prime.