Le confinement commence à peser à bien des gens. Voir sa liberté de mouvement restreinte, être privé de contacts avec la famille et les amis, ne plus aller au cinéma, au restaurant, au concert, au théâtre, au gym, à la piscine en plus d’avoir raté la fin de la saison de ski, ça fait lourd sur le moral et on se demande tous de quoi l’été sera fait. Mais il y a une catégorie de personnes qui ne souffre pas du tout de cette réclusion obligatoire, des personnes qui disent même qu’ils se sont entraînés pendant des années pour une occasion comme celle-ci : les gamers!

Fini le sentiment de culpabilité pour rester pendant des heures devant l’écran d’ordinateur ou la console de jeux, c’est même devenu une activité fortement conseillée par ces temps de coronavirus. Belle occasion donc pour vous révéler mon péché mignon : j’adore les jeux vidéo! J’y joue depuis longtemps, j’ai connu toutes sortes de consoles allant d’Intellivision et son jeu de gros poissons qui mangent les petits, à toutes les versions de Nintendo jusqu’à la PS4. Est-ce vous dire que j’attends impatiemment la sortie de la PS5 initialement prévue à la fin de l’année, mais possiblement reportée au printemps à cause des perturbations mondiales de la COVID-19? Oui!

Alors, comme vous et moi n’avons que ça à faire durant ce temps qui court, permettez-moi de vous parler de mes coups de cœur dans les jeux vidéo. En tête de liste, Red Dead Redemption 2. Campée dans l'univers des cowboys, l’histoire est intéressante, les défis multiples, les missions accessoires variées et amusantes et les personnages attachants. On s’investit beaucoup dans Arthur Morgan, qu’on peut moduler à notre guise allant de gentleman à parfait salaud, et son sort ne laisse pas indifférent. Les graphiques sont d’une réalité saisissante, et on peut avoir envie d’aller se promener dans l’un ou l’autre des décors juste pour le plaisir, d’autant plus que les créateurs du jeu ont su rendre avec justesse les mouvements des chevaux. J’avais parfois l’impression de me retrouver au Montana ou en Arizona dans l’une de mes aventures à cheval dans le monde réel.

Puis toute la série des Uncharted aussi bons dans leurs quatre versions. Jeu d’aventure par excellence, Uncharted est plus linéaire, mais extrêmement plaisant à jouer. Et c’est probablement la série qui convient le plus à mon nom de gamer, Claudiana Jones! Là aussi, les graphiques incitent à faire du tourisme virtuel dans les décors changeants et luxuriants.

Si les deux jeux précédents se jouent à la troisième personne où on voit le personnage qu’on personnifie, Far Cry, une autre franchise qui se décline en 5 versions, se joue à la première. Ce fut en fait, ma première véritable expérience en champ ouvert (open world), où le jeu n’est pas que linéaire et laisse une grande liberté d’action (non je n’ai pas joué à GTA). J’ai connu cette série qu’à sa troisième sortie et j’ai beaucoup aimé. En revanche, je n’ai pas accroché aux deux suivantes qui m’ont semblé un peu redondantes sans surprise.

Ma première expérience de jeu en ligne a été avec Call of Duty. Jouer contre des adversaires réels plutôt que générés par le jeu avait quelque chose de stressant de prime abord, puis de très motivant. Je n’ai pas toujours été l’atout majeur des équipes auxquelles je me suis jointe, mais j’ai quand même contribué aux missions. J’ai bien aimé Modern Warfare, mais été déçue par Infinite War. Cette incursion dans l’espace m’a semblé malhabile et inintéressante, d’autant plus que je m’étais mise à fréquenter Destiny, qui présente une version de l’espace autrement plus fouillée. Destiny a su s’ajuster au fil de ses mises à jour, apportant de nouveaux défis, renouvelant son offre et ses difficultés de jeu. Là aussi, la collaboration en ligne est très intéressante.

Puis, selon mes experts maison, je suis passée à un niveau supérieur en jouant à Bloodborne. J’étais un peu rebutée par l’histoire proposée et l’ambiance un peu (beaucoup?) glauque. Cet univers d’humains contaminés (coronavirus?) par un sang infecté qui les font ressembler à des morts vivants n’avait rien de très séducteur à la base. Cependant, je me suis laissé prendre par le défi toujours grandissant du jeu. Autre attrait, lorsqu’on affronte des ennemis (boss) plus coriaces, on peut demander de l’aide à la communauté, ce qui peut nous sortir de situations inextricables. Ça ne se bousculait pas toujours au portillon lors de mes cris de détresse, parce que j’ai connu ce jeu beaucoup plus tard qu’à sa sortie, mais généralement il y avait toujours une âme charitable pour venir donner un coup d’épée bienveillant.

Enfin, dernièrement, je me suis mise à Jedi Fallen Order, dernier jeu de la série Star Wars. Très bien fait. Un jeu d’aventure comme je les aime avec des univers variés et une quête intéressante. Pas de possibilité de jouer en ligne cependant, on revient au jeu en vase clos avec une trame plus linéaire. Et on revient à la troisième personne.

Jouer à des jeux vidéo est pour moi un passe-temps, un plaisir coupable auquel je m’adonne volontiers. Mais pour d’autres, il peut devenir plus sérieux et éventuellement source de revenus. Cependant le chemin pour se rendre au professionnalisme en jeux vidéo est aussi ardu que celui d’un joueur de hockey qui aspire à la Ligue nationale.

Jouer pro

Joueur doué, Jérémie Jacob-Drapeau a voulu tenter sa chance du côté du professionnalisme. « J’ai toujours été très compétitif, explique-t-il. Plus jeune, j’étais très sportif et d’assez haut niveau. Au hockey, j’ai même été invité au camp midget espoir, mais j’ai dû renoncer à m’y présenter à cause du nombre de commotions cérébrales que j’avais déjà subies. Mais le goût de la compétition était toujours là. »

Jérémie aimait jouer à des jeux vidéo et était régulièrement le meilleur lorsqu’il affrontait ses amis. Il a donc voulu passer à une étape supérieure. « Ce n’est pas si simple que ça, a-t-il constaté. Il n’y a pas de mode d’emploi, pas de repêchage, pas de cheminement préétabli. Il faut se démarquer soi-même. Je me suis créé un CV de gamer et je l’ai mis en ligne sur un forum de joueurs où les gens se cherchent une équipe. Au début, c’est comme pour un premier emploi, le CV est un peu vide, mais petit à petit il s’étoffe. »

Après quelques essais avec plusieurs équipes, Jérémie a fini par être retenu par l’une d’entre elles. « Nous avons d’abord formé notre équipe, puis nous avons cherché le jeu qui nous conviendrait. Nous nous sommes associés à Apex Legends, une petite franchise qui commençait. Notre contrat disait qu’on devait diffuser en continu (streaming) pendant un certain nombre d’heures par semaine pour montrer notre engagement, ce qui nous servait aussi de temps de pratique. On avait aussi une clause d’exclusivité qui nous compliquait un peu la vie parce que pour percer sur la scène professionnelle, il faut gagner des tournois et s’y faire un nom. Les gros tournois sont sur invitation et les grosses franchises en génèrent plus. Mais il nous appartenait aussi d’aider notre jeu à se faire connaître. On a gagné quelques tournois mineurs, mais lorsqu’on arrivait à ceux dotés de bourses de quelques millions de dollars, on ratait la qualification par un cheveu. C’est très frustrant parce que hors de la qualification, il n’y a rien, pas de prix de participation. Si tu te qualifies, c’est une autre histoire. Après avoir frôlé la qualification deux fois, nous nous sommes dit qu’il était temps de passer à autre chose. La franchise a recruté de nouveaux joueurs, un peu comme une équipe de hockey qui a besoin de renouveau après une mauvaise séquence. »

Faire carrière dans les jeux vidéo est très exigeant. Il faut y mettre du temps, beaucoup de temps, et en faire sa principale occupation. « L’été dernier comme je n’étais pas à l’université, explique Jérémie, j’ai investi plus de temps dans l’entraînement avec mon équipe, et nous nous sommes améliorés de façon exponentielle. C’est là que je me suis vraiment rendu compte qu’on ne peut pas faire compétition avec des gens qui investissent 10 à 15 heures par jour dans le jeu, si nous on en met 3. Mais comme il n’a rien de garanti dans cet univers exigeant, je préfère me consacrer à mon bac en génie de la construction. Quoique... si une opportunité se présentait... »

Les joueurs peuvent gagner de l’argent en remportant bien sûr des tournois aux bourses alléchantes, mais aussi en se diffusant eux-mêmes en train de jouer sur différentes plates-formes comme Twitch ou YouTube. Ou en donnant des conseils aux pauvres mortels comme moi qui en ont bien besoin quand on se retrouve devant un adversaire trop coriace. « Quand on s’est séparés, ajoute Jérémie Drapeau-Jacob, mes deux coéquipiers ont réussi à trouver une organisation qui les payait pour jouer. Pas des tonnes, entre mille et deux mille dollars américains par mois, juste assez pour qu’ils n’aient pas à travailler. » On est loin de la richesse rêvée, mais c’est un début.

En temps de pandémie, les jeux vidéo offrent une belle occasion de divertissement en respectant la distanciation sociale. Et vous? Jouez-vous?