Quand les tragédies nous poussent à agir
eSports / Jeux vidéo jeudi, 30 août 2018. 12:49 jeudi, 30 août 2018. 12:49Par LyneBou - Depuis plusieurs années, on parle souvent de la croissance exponentielle du monde des jeux vidéo. Le nombre de sorties hebdomadaires, la quantité d'emplois disponibles dans le milieu du gaming, le nombre de compagnies, indépendantes ou non, en constant développement dans le grand Montréal et ailleurs au Québec ou même l’abondance de joueurs et joueuses qui ne cessent de grandir quotidiennement, l’univers du gaming est désormais inévitablement rattaché de près ou de loin à notre culture.
Avec ces chiffres-là, on devrait être sur le gros party, nous, gamers et gameuses, en se félicitant à grand coup de high fives et de binnes sur l’épaule, d’être parvenus à sortir de nos sous-sols et enfin pouvoir partager librement notre passion sans être jugés. Mais pourtant, plusieurs événements malheureux font que nous ne pouvons pas crier haut et fort notre amour du gaming sans passer par le jugement et autres questionnements de notre entourage non-gamer. Ils ne comprennent pas notre engouement pour ce hobby qui selon eux, isole et fait tant de dommage et de victimes si on en écoute les couvertures médiatiques qu’on rend disponibles dans les médias populaires.
Ont-ils raison de s’inquiéter autant pour nous? Pouvons-nous les rassurer lorsque des événements aussi horribles que ceux de dimanche dernier surviennent dans notre belle communauté? Je crois fermement que nous le pouvons, mais pour le faire, nous devons nous serrer les coudes et avancer ensemble pour faire changer certaines choses.
Lorsque j’ai commencé la rédaction de cet article, j’ai vite compris qu’il m’était impossible de passer sous silence les événements qui se sont déroulés dimanche dernier, à Jacksonville, en Floride. C’est lors d’un tournoi de qualification de Madden NFL 2019, diffusé en direct sur la plateforme Twitch.tv, que l’ex champion 2017, David Katz, 24 ans, se présente au GLHF Game bar avec l’intention claire de se réapproprier son titre. Lors du tournoi, Katz se fait éliminer par un adversaire, refuse de lui serrer la main et quitte les lieux pour y revenir quelques instants plus tard avec, en sa possession, le pistolet qui fera dans les instants suivants, deux morts et 11 blessés avant que Katz ne s’enlève la vie.
Lors de l’annonce de cette tragédie épouvantable, les réactions sur les médias sociaux explosent. Les commentaires accusent autant les États-Unis et leur loi en faveur du port d’armes (à noter que l’établissement accueillant le tournoi en était un où le port d’armes était interdit). On accuse aussi les parents de ce jeune qui n’ont peut-être pas réagi assez rapidement face aux problèmes mentaux connus de leur garçon ainsi qu’on blâme les tournois de type esports qui pourraient, selon certains, être en cause vu la pression et l'importance qu'on leur accorde. À ces commentaires, je vais dire “WO”! Je ne veux aucunement tenir sous silence tous ces questionnements alors qu’ils peuvent être soumis à des milliers de conversations et d'opinions allant dans tous les sens. Mais je crois que nous devons quand même cesser d’accuser à gauche et à droite sans prendre le temps de penser à la suite des choses.
Les problèmes sont là! Ils sont bien vivants et nous en sommes tous conscients. Cependant, trop souvent les gamers se révoltent lors de l’annonce de ces incidents, pour ensuite les ranger aux oubliettes lorsque la poussière retombe tranquillement. Ils croisent alors les doigts pour qu’une prochaine tragédie ne suive pas de trop près celle qu’ils viennent d’apprendre et qu’elle ne touche SURTOUT pas leur jeu favori, ce qui remettrait en doute la pertinence de leur hobby face à leur entourage.
Combien d’entre nous se sont dit “Une chance que ce n’était pas Call of Duty, PUBG ou Fortnite!”? Mais en y pensant bien, en quoi le jeu concerné a-t-il une importance lors de ces horribles événements? Je comprends effectivement que la discussion aurait été encore plus animée si le jeu en avait été un jeu de tir mais ici, ce n’est pas la situation. Alors on en conclut quoi? Si c’est un jeu de sport c’est moins “grave”? Ça touche moins à notre communauté, alors on s’en sort quand même bien? Ben non! Le choix du jeu ne devrait en rien changer le seul focus qu’on devrait porter à cette terrible tragédie : trouver des solutions maintenant que l’impossible s’est produit!
Nous devons prendre le temps de réfléchir en tant que communauté. Il nous faut solidifier notre regroupement afin de faire avancer les choses. Notre hobby n’est pas sans faille, nous avons nos problèmes, nos craintes, nos défis. Tout comme le hockey avec les commotions cérébrales, le football avec les décès précoces des joueurs et tous les autres sports portant leur lot de malheureux incidents. Chaque activité peut potentiellement mener au drame. Parfois les jeux vidéo et les esports semblent être encore plus complexes à protéger, vu la non-compréhension de cette passion, directement causée par le manque de couverture médiatique positive et publique. Nous, gamers, on se contente souvent de “Au moins, on se parle entre nous parce qu’on se comprend entre nous et on s’en fout des médias populaires”… Mais cette mentalité doit changer! Au moment où la population comprendra tous les beaux côtés de cette passion que nous tentons de protéger, ils comprendront alors les besoins et les défis auxquels nous devons faire face et ainsi s'engageront avec nous à faire grandir sainement notre communauté. Parce que oui, le jeu vidéo et les esports sont là pour rester et nous avons besoin de ressources et du soutien de tous!
“Alors Lynebou, qu'est-ce que tu proposes concrètement?”. Eh bien, c'est avec une immense fierté que je vous annonce que le 29 septembre 2018, au bar Le Meltdown sur St-Denis à Montréal aura lieu le lancement officiel de la toute nouvelle Fondation des Gardiens Virtuels grâce aux efforts soutenus de François Savard. Cet OBNL a pour mission d’agir en tant que balise sur Internet pour les personnes en détresse face au harcèlement, à la dépendance, à l’isolement et tout autres mal ressenti alors qu’ils s’adonnent à leur passion. La Fondation désire aussi promouvoir l’utilisation responsable d’Internet pour le bien-être de la société. En tant que porte-parole officiel, il me tient à cœur de faire en sorte que la Fondation des Gardiens Virtuels puisse faire une différence marquante à l’intérieur de notre communauté dans les semaines et les années à venir!
L'isolement, la dépression, l'anxiété, le burnout et malheureusement, le suicide font partie des situations critiques qui affectent les passionnés du gaming, mais il faut aussi qu'on nous laisse exposer tous les bienfaits autour de notre sport; les rassemblements de gamers dans les communautés regroupant les mêmes passions, la hausse fulgurante du nombre de diffusions de gaming et de tournois en direct et les compétitions où nous formons l'élite de demain qui inspire tant nos enfants. Je ne veux pas élever mes deux enfants par la peur dans l'univers du jeu vidéo, mais je veux plutôt les voir grandir en sachant dans quel bateau ils s'embarquent et surtout, leur promettre qu'en toute situation, ils auront toujours une bouée à laquelle s'accrocher, s'ils devaient se sentir partir à la dérive.
Chère communauté, trouvons des solutions et naviguons ensemble dans des eaux plus calmes!