Par Mario Ramos - The Darwin Project est un jeu d’arène de style « battle royale » en développement par Scavengers Studio, un studio montréalais. J’ai eu la chance de tester le jeu en accès anticipé. Voici mes impressions.

 

Avec la popularité de Player Unknown’s Battleground et Fortnite, ce n’est pas surprenant de voir apparaître ce qu’on appelle, péjorativement, des « clones » de ces jeux-là, qui emprunte le même genre et certaines mécaniques. Dans ce cas-ci, la base est la même : dans une vaste arène, des joueurs doivent survivre, s’améliorer en trouvant des ressources et tuer leurs adversaires pour être le dernier joueur debout. Alors que la partie avance, des parties de l’arène deviennent interdites pour forcer la confrontation. The Darwin Project entre dans l’arène du genre battle royale en espérant être une entrée sérieuse et non un simple clone.

 

 

Sans difficulté de connexion ou de problèmes de disponibilité de serveurs, j’ai créé mon avatar et j’ai rejoint rapidement ma première partie de The Darwin Project. Ça commence bien.

 

Les parties sont rapides, et c’est voulu. Plusieurs mécaniques nous permettent de traquer activement nos adversaires. Par exemple, si ces derniers font du bruit à une certaine distance de nous, un indice visuel nous indique sa direction générale. Aussi, si on trouve une ressource déjà utilisée, elle ne nous est pas inutile, car en l’activant elle devient un indice qui, pendant quelques secondes, nous montre explicitement l’emplacement et la distance de l’adversaire qui a récolté cette ressource. Un aspect stratégique entre donc en jeu. On peut s’améliorer en récoltant beaucoup de ressources, mais on risque d’être traqué beaucoup plus facilement par nos adversaires.

 

On sent l’inspiration de la franchise Hunger Games, alors que les participants doivent survivre pour le plaisir morbide de téléspectateurs, mais version Grand Nord canadien et très humoristique. Aussi, pas de fusil à l’horizon, on peut attaquer avec une arme de mêlée et on possède un arc avec un nombre limité de flèches. L’arène est parsemée de point de ressources tel que du bois et du cuir (sous la forme de vieux divans!) qui servent, entre autres, à fabriquer des flèches, différentes sortes de pièges et pouvoirs temporaires, ainsi que des améliorations permanentes pour notre avatar, tel que davantage de vitesse et de résistance au froid, seulement le temps de la partie. Hiver canadien oblige, on risque de mourir de froid, alors il faut parfois faire un feu pour se réchauffer… mais attention, le feu indique votre emplacement aux adversaires! On « craft» en ouvrant une roulette qui indique les items disponibles et les ressources nécessaires. Gros hic, ouvrir la roulette cache toute l’action à l’écran. Un choix de design sans doute pensé, mais qui devient un irritant dans un jeu à l’action aussi rapide.

 

 

Je vous avoue… je ne suis pas très bon à ce type de jeu. Je suis souvent dans les premiers à mourir. Heureusement, après quelques parties, le mode « Show director» se débloque, et, soyons francs, c’est l’aspect unique du jeu qui pourrait attirer la curiosité des amateurs de PUBG et Fornite qui auraient le réflexe de snober The Darwin Project. Dans chaque partie, un joueur peut être le show director, et, essentiellement, devenir Dieu. Enfin, presque. En plus de pouvoir se promener partout dans l’arène comme spectateur, le show director peut intervenir activement, grâce à certains pouvoirs à sa disposition, dans le déroulement de la partie. Par exemple, choisir une partie de l’arène qui devient interdite dans une minute, soudainement rendre un joueur invincible temporairement… ou même larguer une bombe nucléaire sur une section de l’arène! L’utilisation des pouvoirs du réalisateur a une certaine contrainte de temps, car il faut laisser une jauge se remplir suffisamment avant de pouvoir les utiliser, en fonction du pouvoir.

 

Il est extrêmement satisfaisant d’utiliser les pouvoirs du réalisateur, d’entendre la réaction des joueurs qui ont un micro, puis d’observer comment cela affecte la partie et les actions des joueurs. Bien entendu, le fait que le  réalisateur peut utiliser des pouvoirs qui affectent directement certains joueurs, tel que redonner de l’énergie à un moment crucial, crée un débalancement, une partialité volontaire. On ne risque donc pas de voir The Darwin Project dans une compétition esports sérieuse, à moins de proposer un mode sans réalisateur, mais on sent que ce n’est pas le but de Scavengers Studio. Le mode « show director » est parfait pour prendre une pause après plusieurs parties stressantes ou pour les joueurs qui aiment davantage regarder que jouer, mais avec un petit plus interactif.

 

 

Scavengers Studio ont d’ailleurs organisé un tournoi sur invitation. Les streamers Twitch les plus populaires du Early Access étaient invités à compétitionner pour la somme de 50 000 $, que le gagnant, Lirik, a décidé de faire don à une oeuvre de charité. L’opération fut un succès, The Darwin Project se retrouvant parmi les jeux les plus regardés sur Twitch pendant le tournoi.

 

Le jeu ne se prend pas au sérieux et ça se reflète dans le style visuel très cartoon qui n’est pas sans rappeler Fornite ou même Team Fortress 2. La violence, elle aussi, est très cartoon alors que notre avatar est projeté dans les airs quand il reçoit un coup. Malheureusement, le combat lui-même est l’aspect du jeu que j’ai trouvé moins intéressant. Les combats se résument souvent à vider son arc à flèche, puis à tourner en rond autour de l’adversaire en sautant et balançant son arme de mêlée en espérant l’atteindre. Le nombre limité de flèches et le fait qu’on peut récupérer les tirs ratés au sol est un aspect stratégique intéressant, mais le système de combat manque de raffinement.

 

 

Cela dit, il est important de rappeler que The Darwin Project est toujours en développement. J’ai trouvé l’ensemble de l’expérience Early Access plutôt agréable et je suis curieux de voir comment le jeu va évoluer. Je ne crois pas qu’il risque de détrôner les géants du genre, mais on n’est pas non plus devant un clone cheap. Scavengers Studio ont su trouver leur propre voix et nous offre avant tout un jeu amusant qui contient des propositions uniques qui feront sans doute évoluer le genre.