Par Tanya Grenier - We Happy Few, du studio montréalais Compulsion Games, est un jeu dont l’univers et l’histoire sont captivants et riches, tout en présentant d’autres aspects qui eux, sont bien moins reluisants.

 

 

We Happy Few est un jeu d’action-aventure, avec des éléments d’infiltration et de survie, qui se déroule à Wellington Wells, un monde ouvert constitué d’îles quelque part au Royaume-Uni. Le joueur se retrouve après la Deuxième Guerre mondiale, dans un monde parallèle où les Allemands ont réussi à envahir l’Europe. Le peuple anglais est donc sous le joug allemand et est forcé à consommer une drogue appelée Joy. Ces pilules lui font voir de jolis papillons et le rendent constamment heureux, au prix de son libre arbitre et ses souvenirs.

On est heureux

L’univers qu’a créé Compulsion Games est clairement le point fort de ce jeu. Le joueur va immanquablement se faire aspirer par la mélancolie glauque qui règne à Wellington Wells. Le visuel du jeu est de grande qualité et les multiples zones sont originales et captivantes. Le comportement des habitants, qui change dépendamment de notre niveau de Joy, renforce cette atmosphère dystopique et fait sentir au joueur un niveau de malaise poignant. D’ailleurs, leurs visages blancs masqués où est constamment plaqué un sourire béat finit par nous donner des frissons dans le dos.

 

 

Dans cet univers étrange, le joueur incarne Arthur Hastings (un des trois personnages jouables dont l’histoire est la plus développée), qui après avoir vu une vieille photo de lui et son frère, arrête de prendre ses Joy et part à sa recherche. Il devra alors braver l’ensemble de cette société faussement parfaite afin de retrouver son cher frère.

 

La façon dont le récit est convié au joueur fait aussi le charme de ce jeu. On n’explique pas au joueur avec de longues cinématiques tout ce qui se passe à Wellington Wells depuis l’envahissement allemande de façon flagrante. On va plutôt présenter le récit de façon fragmentaire. Arthur a des flashbacks causés par des personnes de son passé, ou par les masques flottants qu’il ramasse. Les personnages non-joueurs laissent aussi des notes écrites un peu partout, et décrivent à haute voix leurs déboires quotidiens. Le joueur doit alors tout rapiécer ensemble afin de comprendre ce qui s’est passé à Wellington Wells, et ce faisant, le force à prendre une part active à cette histoire déchirante. Mentionnons aussi le travail précis et efficace des cinématiques de We Happy Few, qui convient toutes ces informations de façon impeccable.

 

 

On est triste

 

Cependant, tout n’est pas que rose à Wellington Wells même si l’on consomme des pilules de Joy. Les mécaniques de combat, bien que très bien exécutées, n’apportent rien de nouveau à la table et deviennent parfois trop répétitives. De plus, l’intelligence artificielle des ennemis est parfois exaspérante. Il n’est pas rare de s’attirer la hargne d’une dizaine d’inconnus pour avoir agi de façon exubérante, ou pour avoir tenté d’accomplir un élément de quête nécessitant un geste illégal. Si cela arrive, il est quasi impossible de s’en sortir, sauf si l’on court et qu’on se cache dans une ruelle durant de longues minutes.

 

D’ailleurs, les quêtes manquent parfois d’inspiration. On doit constamment aller trouver un objet, le ramener, pour ensuite progresser vers une autre épreuve semblable. Dans un univers si riche, un brin d’originalité au niveau des tâches effectuées par le joueur aurait grandement amélioré l’expérience. Cependant, il est important de noter que le design de niveaux de ces quêtes est excellent et rend l’expérience plus agréable.

 

Finalement, on réutilise beaucoup trop souvent les mêmes modèles 3D de personnages. Chaque homme et femme arborent les mêmes traits et sont différent seulement au niveau de leurs vêtements. Il en va de même pour les phrases que leur dit Arthur, qui sont répétées à outrance. Puis, on croise beaucoup trop fréquemment des bogues visuels, mais ils nuisent rarement à la jouabilité. Bien qu’on comprend les limitations que présente un jeu de cette envergure, elles nous sortent trop souvent de notre immersion.

 

 

Au final, on se sent...

 

We Happy Few, bien qu’il ait des défauts ici et là, est un jeu d’une grande qualité. L’atmosphère et le récit du jeu sont assez bien fignolés pour nous faire oublier ses autres problèmes. Le joueur développera de l’empathie pour Arthur et les autres personnages, et ressortira de ce jeu avec un sourire mélancolique aux lèvres, avec ou sans sa dose de Joy.

 

Je vous invite à essayer de prendre la toute première dose de Joy juste pour voir. C’est un beau petit clin d’oeil de la part des développeurs

 

Verdict

BON

 

Détails :

Titre du jeu : We Happy Few

Date de sortie : 10 août 2018

Développeur : Compulsion Games

Éditeur : GearBox Publishing

Cote ESRB : Mature 17+

Prix : 74.99$

Plateformes : PC, PS4, Xbox One

Genre : Action-aventure, infiltration, survie

 

Specs recommandés pour le jeu

OS : Windows 7 et autres plus récents

Processeur : Triple-Core intel ou AMD, 2GHz ou équivalent

Mémoire : 8 GB RAM

Carte graphique : GTX 460 ou AMD Radeon 5870 HD

Espace disque : 6 GB