Évasion culturelle à Richmond
Jeux olympiques mardi, 29 déc. 2009. 09:22 samedi, 14 déc. 2024. 05:00
Avant de venir m'installer à Vancouver, j'ai habité en Chine, plus spécifiquement dans la capitale, Beijing, pendant un an, année au cours de laquelle je me suis lié d'affection avec la riche culture de cette civilisation millénaire. Ayant adoré mon expérience dans le pays le plus peuplé de la planète, il m'arrive parfois de ressentir une certaine nostalgie face à la Chine.
Quand la nostalgie se transforme en craving et que l'envie folle me prend d'acheter un billet d'avion pour retourner en Chine, je prends de grandes respirations, me calme et me résonne. Pas besoin de payer 1000 tomates pour me replonger dans le bain chinois; j'ai tout ce qu'il me faut à Vancouver. Après tout, le surnom de Vancouver n'est pas Hongcouver pour rien.
Après l'anglais, le chinois (mandarin et cantonais mis ensemble) constitue la deuxième langue la plus parlée en Colombie-Britannique et les Chinois sont la minorité visible la plus importante à Vancouver.
En fait, à certains endroits dans la région métropolitaine de Vancouver, j'ai parfois l'impression que c'est moi, le blanc, la minorité visible. Donc, quand l'envie me prend de retourner en Chine et de me sentir minoritaire et dépaysé, je sais exactement ce que je dois faire: prendre la Canada Line en direction de Richmond.
Richmond, banlieue située tout juste au sud de Vancouver, a la distinction d'être la ville canadienne comptant la plus grande proportion d'immigrants dans sa population (57,4%, selon les données du dernier recensement). Et les Chinois, avec 49,8%, sont de loin le groupe d'immigrants le plus important.
Si vous voulez vivre l'expérience chinoise la plus chinoise à Vancouver, c'est du côté de Richmond qu'il faut aller. Et de grâce, n'écoutez pas ceux qui vous diront d'aller dans le quartier chinois. À côté du quartier chinois de San Francisco, le quartier chinois de Vancouver fait pitié et ne représente aucun intérêt. Les touristes vont dans le quartier chinois. Les vrais vont à Richmond.
J'entends déjà les questions de certains. Quand sait-on si l'expérience que l'on vit est une vraie expérience chinoise ou une fausse? À Richmond, vous aurez votre réponse assez vite quand vous entrerez dans un restaurant à l'affichage unilingue chinois, avec un menu unilingue chinois et que vous constaterez que des 75 clients du restaurant, vous êtes le seul non-chinois. Généralement, avec ces trois éléments réunis, vous devriez vous sentir assez dépaysé dans votre propre pays, une sensation assez rare, je dois avouer.
Quelle joie incroyable que d'entrer dans un restaurant, de lire un menu avec uniquement des hanzi (caractères chinois) et de constater qu'il n'y a pas de ?$#&!@*%$ de poulet général tao, le mets chinois le moins chinois de l'histoire du monde.
Enfin des vraies spécialités chinoises au menu: dim sum, canard laqué, haricots du sichuan, hot pot (l'originale fondue chinoise), sauté de racine de lotus, poulet sauce aux huîtres, poulet kung pao, concombre épicé, etc., etc., etc. Et pour ceux qui aiment le danger, vous pouvez toujours vous laisser tenter par les classiques que sont les pattes de poulet, têtes de canard, nez de porc, soupe épicée au poisson (avec la tête).
Autre question qui fusera probablement de tous les sens: tu aimes manger des pattes de poulet? Non, bien au contraire. Ce mets à un je-ne-sais-quoi qui me répugne au plus haut point. Mais c'est justement ça le kick d'aller dans un restaurant chinois: ne comprendre pratiquement rien au menu, manger des trucs dont vous raffolez et essayer des trucs même si vous savez que vous détesterez et mangerez du bout des lèvres. Une relation amour-haine dont je suis dépendant!
Ma relation amour-haine avec le menu des restaurants chinois a beau être complexe et saine à la fois, reste que je ne peux calmer mes craving seulement par ces visites au restaurant.
Pour combler mon besoin à 100%, je dois aussi aller une fois de temps au temps au marché de nuit de Richmond. Les vendredi, samedi et dimanche soirs de mai à octobre, le marché de nuit extérieur de Richmond est le moyen le plus facile et efficace de faire un retour dans le temps en Chine.
Vous allez encore une fois peut-être me trouver mongol, mais ce dont je m'ennuie le plus de la Chine, ce sont les foules. Quoi de plus plaisant de ne pas être capable d'avancer dans la foule, de se faire bousculer, de se faire piler sur les pieds, de se faire crier à tue-tête dans les oreilles, de pouvoir sentir le « parfum » de vos voisins de foule...
Quand le besoin se fait sentir, je vais passer deux heures au marché de nuit (30 000 visiteurs chaque soir pour environ 300 kiosques) et j'en ai ma dose pour deux semaines.
Mais attention, affronter la foule n'est pas le seul défi au marché de nuit. Le défi est plutôt d'affronter la foule tout en essayant de manger. Parce que vous ne pouvez pas aller au marché de nuit sans manger, l'expérience ne serait pas complète.
Ici, pas de canard laqué ou de hot pot. Non, madame. Dans un marché en plein-air, on mange de la nourriture de rue. Et le marché de nuit de Richmond est sans contredit la Mecque de la nourriture asiatique de rue sur la côte ouest: brochettes épicées d'agneau, de pieuvre, de tofu, de pomme de terre, raviolis et nouilles (dans leurs 12 000 déclinaisons), thé aux perles, soupe à l'imitation de requin, takoyaki japonais (délicieux mélange de pâte et de chair de pieuvre servie en petite boule) et j'en passe. Et vous aurez beau manger comme bon vous semble, ce n'est pas là que vous crèverez votre budget.
Qui dit marché chinois dit aussi vente d'à peu près n'importe quel cossin que l'humain a inventé: lunettes de soleil, bijoux de toutes sortes, jouets, vêtements, étuis à iPod et à téléphone cellulaire, appareils électroniques, portefeuilles... la liste est infinie. J'ai même vu un type vendre le fameux Shamwow. Le Shamwow, vous savez cette serviette orange révolutionnaire fabriquée en Allemagne qui dure 20 ans et qui absorbe 20 fois son poids « parce vous savez que les Allemands font de bons produits ». Seul regret : le vrai Vince Shamwow n'était pas présent pour faire la présentation.
Personnellement, ce qui me rapproche le plus de la Chine au marché de nuit est le fait que l'on peut négocier au moment d'acheter. Parce que non seulement je peux me sortir de la léthargie de pas-de-pratiquage-de-négociation parce qu'on ne peut jamais négocier les prix au Canada et montrer aux commerçants que je suis passé maître dans l'art de négocier, mais aussi parce que je peux enfin boucler ma boucle en pratiquant les 56 phrases de chinois que je maîtrise.
Quand la nostalgie se transforme en craving et que l'envie folle me prend d'acheter un billet d'avion pour retourner en Chine, je prends de grandes respirations, me calme et me résonne. Pas besoin de payer 1000 tomates pour me replonger dans le bain chinois; j'ai tout ce qu'il me faut à Vancouver. Après tout, le surnom de Vancouver n'est pas Hongcouver pour rien.
Après l'anglais, le chinois (mandarin et cantonais mis ensemble) constitue la deuxième langue la plus parlée en Colombie-Britannique et les Chinois sont la minorité visible la plus importante à Vancouver.
En fait, à certains endroits dans la région métropolitaine de Vancouver, j'ai parfois l'impression que c'est moi, le blanc, la minorité visible. Donc, quand l'envie me prend de retourner en Chine et de me sentir minoritaire et dépaysé, je sais exactement ce que je dois faire: prendre la Canada Line en direction de Richmond.
Richmond, banlieue située tout juste au sud de Vancouver, a la distinction d'être la ville canadienne comptant la plus grande proportion d'immigrants dans sa population (57,4%, selon les données du dernier recensement). Et les Chinois, avec 49,8%, sont de loin le groupe d'immigrants le plus important.
Si vous voulez vivre l'expérience chinoise la plus chinoise à Vancouver, c'est du côté de Richmond qu'il faut aller. Et de grâce, n'écoutez pas ceux qui vous diront d'aller dans le quartier chinois. À côté du quartier chinois de San Francisco, le quartier chinois de Vancouver fait pitié et ne représente aucun intérêt. Les touristes vont dans le quartier chinois. Les vrais vont à Richmond.
J'entends déjà les questions de certains. Quand sait-on si l'expérience que l'on vit est une vraie expérience chinoise ou une fausse? À Richmond, vous aurez votre réponse assez vite quand vous entrerez dans un restaurant à l'affichage unilingue chinois, avec un menu unilingue chinois et que vous constaterez que des 75 clients du restaurant, vous êtes le seul non-chinois. Généralement, avec ces trois éléments réunis, vous devriez vous sentir assez dépaysé dans votre propre pays, une sensation assez rare, je dois avouer.
Quelle joie incroyable que d'entrer dans un restaurant, de lire un menu avec uniquement des hanzi (caractères chinois) et de constater qu'il n'y a pas de ?$#&!@*%$ de poulet général tao, le mets chinois le moins chinois de l'histoire du monde.
Enfin des vraies spécialités chinoises au menu: dim sum, canard laqué, haricots du sichuan, hot pot (l'originale fondue chinoise), sauté de racine de lotus, poulet sauce aux huîtres, poulet kung pao, concombre épicé, etc., etc., etc. Et pour ceux qui aiment le danger, vous pouvez toujours vous laisser tenter par les classiques que sont les pattes de poulet, têtes de canard, nez de porc, soupe épicée au poisson (avec la tête).
Autre question qui fusera probablement de tous les sens: tu aimes manger des pattes de poulet? Non, bien au contraire. Ce mets à un je-ne-sais-quoi qui me répugne au plus haut point. Mais c'est justement ça le kick d'aller dans un restaurant chinois: ne comprendre pratiquement rien au menu, manger des trucs dont vous raffolez et essayer des trucs même si vous savez que vous détesterez et mangerez du bout des lèvres. Une relation amour-haine dont je suis dépendant!
Ma relation amour-haine avec le menu des restaurants chinois a beau être complexe et saine à la fois, reste que je ne peux calmer mes craving seulement par ces visites au restaurant.
Pour combler mon besoin à 100%, je dois aussi aller une fois de temps au temps au marché de nuit de Richmond. Les vendredi, samedi et dimanche soirs de mai à octobre, le marché de nuit extérieur de Richmond est le moyen le plus facile et efficace de faire un retour dans le temps en Chine.
Vous allez encore une fois peut-être me trouver mongol, mais ce dont je m'ennuie le plus de la Chine, ce sont les foules. Quoi de plus plaisant de ne pas être capable d'avancer dans la foule, de se faire bousculer, de se faire piler sur les pieds, de se faire crier à tue-tête dans les oreilles, de pouvoir sentir le « parfum » de vos voisins de foule...
Quand le besoin se fait sentir, je vais passer deux heures au marché de nuit (30 000 visiteurs chaque soir pour environ 300 kiosques) et j'en ai ma dose pour deux semaines.
Mais attention, affronter la foule n'est pas le seul défi au marché de nuit. Le défi est plutôt d'affronter la foule tout en essayant de manger. Parce que vous ne pouvez pas aller au marché de nuit sans manger, l'expérience ne serait pas complète.
Ici, pas de canard laqué ou de hot pot. Non, madame. Dans un marché en plein-air, on mange de la nourriture de rue. Et le marché de nuit de Richmond est sans contredit la Mecque de la nourriture asiatique de rue sur la côte ouest: brochettes épicées d'agneau, de pieuvre, de tofu, de pomme de terre, raviolis et nouilles (dans leurs 12 000 déclinaisons), thé aux perles, soupe à l'imitation de requin, takoyaki japonais (délicieux mélange de pâte et de chair de pieuvre servie en petite boule) et j'en passe. Et vous aurez beau manger comme bon vous semble, ce n'est pas là que vous crèverez votre budget.
Qui dit marché chinois dit aussi vente d'à peu près n'importe quel cossin que l'humain a inventé: lunettes de soleil, bijoux de toutes sortes, jouets, vêtements, étuis à iPod et à téléphone cellulaire, appareils électroniques, portefeuilles... la liste est infinie. J'ai même vu un type vendre le fameux Shamwow. Le Shamwow, vous savez cette serviette orange révolutionnaire fabriquée en Allemagne qui dure 20 ans et qui absorbe 20 fois son poids « parce vous savez que les Allemands font de bons produits ». Seul regret : le vrai Vince Shamwow n'était pas présent pour faire la présentation.
Personnellement, ce qui me rapproche le plus de la Chine au marché de nuit est le fait que l'on peut négocier au moment d'acheter. Parce que non seulement je peux me sortir de la léthargie de pas-de-pratiquage-de-négociation parce qu'on ne peut jamais négocier les prix au Canada et montrer aux commerçants que je suis passé maître dans l'art de négocier, mais aussi parce que je peux enfin boucler ma boucle en pratiquant les 56 phrases de chinois que je maîtrise.