BERLIN (AFP) - La Formule 1 a un nouveau propriétaire, le fonds d'investissement CVC Capital à qui Bernie Ecclestone, grand ordonnateur de la F1, a vendu sa participation dans SLEC, la société qui gère les énormes revenus d'un championnat menacé de scission par ses principaux acteurs, les grands constructeurs automobiles.

Il était depuis les débuts des années 80 le grand argentier de la F1: il n'en sera plus désormais, à 75
ans, "que" l'influent et richissime directeur général.

Comme attendu depuis plusieurs mois, Ecclestone, ancien patron d'écurie devenu milliardaire en arrachant en 1981 les droits TV de la F1 à la Fédération internationale d'automobile, a abandonné vendredi une partie de son immense pouvoir.

Le fonds d'investissement CVC a racheté sa participation dans la holding SLEC qui contrôle Formula One Group, propriétaire des droits de retransmission télé d'un Championnat du monde regardé en 2005 par 150 millions de spectateurs à travers le monde.

Selon les termes de l'accord, CVC a pris le contrôle de la SLEC par le biais de la société Alpha Prema dont CVC est le principal actionnaire tandis qu'un certain Bernie Ecclestone détient une participation non précisée, a priori symbolique, dans la société.

Ultime précision de l'accord, Ecclestone conserve son poste de directeur général.

Ecclestone vend ses 25%

Le montant de l'opération n'a pas été précisé mais devrait se chiffrer à plusieurs centaines de millions d'euros.

Avec la part de Bernie Ecclestone, estimée à 25%, et celle de la banque allemande Bayern LB, estimée à 48%, CVC a désormais les pleins pouvoirs en F1.

Le championnat automobile le plus populaire du monde a bien besoin d'un nouvel acteur fort.

Depuis 2002, la direction de la F1 est faussée: lorsque Kirch Media, qui contrôle les droits commerciaux et télé depuis 2001, fait faillite, ce sont les banques auprès desquelles le groupe allemand avait contracté des emprunts, qui ont récupéré 75% de la SLEC.

Or les banques, l'allemande Bayern LB, les américaines JP Morgan et Lehman Brothers, ont toujours eu du mal à s'attendre sur l'avenir du Championnat du monde de F1.

Plus grave, les grands constructeurs automobiles contestent la redistribution des recettes (TV, parrainage) et la gestion d'un championnat qu'ils jugent peu transparente.

La "bande des cinq"

La "bande des cinq" (Renault, BMW, Honda, DaimlerChrysler --Mercedes-- et Toyota) menace de créer son propre championnat si elle n'obtient pas une meilleure redistribution des droits commerciaux.

Sur les 800 millions de dollars générés annuellement par la F1, les constructeurs reçoivent 200 millions, soit 25%, mais ils en revendiqueraient... 75%.

La scission pourrait avoir lieu le 31 décembre 2007, date à laquelle expire l'accord Concorde régissant la répartition des revenus de la F1.

Même s'il reste omniprésent, Bernie Ecclestone, très critiqué par les constructeurs, n'aura pas à gérer, seul, l'épineux dossier.

A peine sa prise de contrôle officialisée, CVC qui n'est pas réputé dans les milieux financiers pour investir dans des "canards boiteux", a aussitôt appelé les constructeurs à l'unité.