MONTRÉAL - «Vengeance» est sans doute un bien grand mot. Mais sans doute que Sebastian Vettel voudra «corriger» sa petite erreur qui a mené à une grande mésaventure, l'an dernier à Montréal, quand il s'était fait dépasser dans le dernier tour par Jenson Button et avait ainsi gaspillé une chance de signer une première victoire à vie pour l'écurie Red Bull en sol québécois.

Le pilote allemand n'a pas voulu reconnaître, samedi, après avoir décroché la position de tête pour une deuxième d'année d'affilée au Grand Prix du Canada, qu'il était encore hanté par la course montréalaise disputée l'an dernier. La façon dont il a répondu laissait toutefois deviner qu'il aimerait bien en effacer le souvenir... dans la tête des autres.

«Nous sommes en 2012 maintenant. Il faut dire que 2011 s'est avérée une année relativement aisée, alors je ne peux pas trop me plaindre», a dit Vettel, en laissant entendre qu'il se concentrait désormais sur la présente campagne, beaucoup plus corsée que la dernière.

L'an passé, on le sait, l'Allemand de 24 ans a facilement vogué vers le titre mondial des pilotes. Sa déconfiture sur le tracé du circuit Gilles-Villeneuve n'avait fait que retarder momentanément ce qui était déjà évident, même à ce stade hâtif de la saison.

«C'est vrai que ce moment-là a fait un peu mal sur le coup parce que la victoire était si proche, a quand même concédé Vettel, samedi, après avoir été le seul pilote à afficher un temps sous la barre de 1:14 en qualifications. Mais au bout du compte, il faut se rappeler qu'il s'agissait d'une course qui avait été disputée dans des conditions difficiles, où le risque d'erreur était grand. Et nous avons su éviter les erreurs, sauf dans le dernier demi-tour, ce qui nous a coûté la victoire.»

Reste que l'étape montréalaise de la F1 est la seule que les Red Bull n'ont jamais gagnée. C'est davantage à ce niveau-là qu'une victoire, dimanche, serait significative.

«C'est un beau circuit, où l'atmosphère est agréable. Il y a toujours beaucoup de spectateurs ici, alors ce serait une course qu'il serait formidable de remporter», a affirmé Vettel.

Le champion du monde en titre a moins bien caché son amertume quand est venu le temps de commenter les modifications techniques apportées à sa voiture. Par deux fois, lors de la conférence de presse qui a suivi les qualifications, il a parlé des fameux «trous» que Red Bull a dû enlever à l'arrière de sa voiture, à la suite d'une nouvelle interprétation de la règle annoncée par les instances de la F1 après le Grand Prix de Monaco.

«Nous avons changé la voiture, il fallait le faire. Il a fallu fermer le trou, ou la fente, peu importe comment vous voulez appeler ça, a-t-il d'abord déclaré. Il n'y avait pas beaucoup de temps pour réagir (après Monaco). Nous avons quand même vu des équipes franchir des étapes importantes dans leur développement en s'amenant (à Montréal), alors être rapide ici n'est pas un exploit si étonnant. La clé a surtout été le fait que nous avons connu une journée sans anicroche, vendredi, et une préparation sans faille avant ça.»

Invité ensuite à revenir sur le sujet, Vettel a certifié qu'il n'est pas animé par «une motivation supplémentaire» à la suite de cette affaire.

«Il faut comprendre que nous avions mis un trou parce que nous estimions qu'en combinaison avec tout le reste, cela faisait du sens. On l'a déclaré illégal, puis légal, puis illégal encore... Peut-être que ce sera encore légal la semaine prochaine, a-t-il lancé. Mais il n'y a pas de motivation supplémentaire. Peu importe le contexte, nous devons sans cesse nous assurer de tirer le meilleur de la voiture. C'est très serré cette année, alors c'est notre travail de maximiser notre programme autant que possible.

«Ce n'est pas comme si nous avons apporté des modifications importantes à la voiture, ou complètement transformé notre approche.», a par ailleurs dit Vettel de l'ordre venu d'en haut d'enlever les trous au design des Red Bull.

Si Vettel est moins dominant cette année, c'est parce qu'un plus grand nombre de pilotes sont en mesure de profiter de la moindre ouverture qu'on leur donne, a estimé le pilote no 1 chez Red Bull.

«On dirait qu'une petite erreur ici et là, notamment dans la façon de gérer les pneus, coûte plus cher, a-t-il noté. Alors qu'avant, une seule voiture était en mesure de combler l'écart en cas d'erreur, maintenant il y en a 10. Le résultat, c'est qu'au lieu de te retrouver troisième, tu glisses au quatrième rang. Et si tu es quatrième, tu peux facilement te retrouver 13e. L'allure d'un week-end de course s'en retrouve complètement transformé.»