VALENCE (Espagne) - L'histoire d'amour entre la Scuderia Ferrari, belle Italienne vénérée dans le monde entier, et Fernando Alonso, le bel Espagnol qui a remporté dimanche à Valence, devant son public, « la plus belle victoire de sa carrière », a tout pour faire un carton d'audience en 2012.

Les scénaristes de la Formule 1, très en forme depuis le début de cette saison 62 (sept vainqueurs en sept courses, record absolu depuis 1950), ont fait encore plus fort au Grand Prix d'Europe, dans un port rempli de yachts de luxe, en pleine crise espagnole, après une manifestation de dockers dans les rues avoisinantes.

Une course vraiment digne de Hollywood, avec des bons (Alonso, Schumacher) et des méchants (Maldonado, Vergne), des malchanceux (Vettel, Grosjean, Hamilton), un petit entracte de cinq tours, coupure publicitaire à la gloire d'une voiture allemande servant de voiture de sécurité, et un superbe bouquet final.

Au bout de l'émotion, sur un podium de légende, le vainqueur, Alonso, pleurait de bonheur. À côté de lui, deux autres champions du monde, deux ex-pilotes Ferrari classés par ordre chronologique de leur sacre en F1 à bord d'une monoplace rouge arborant le célèbre cheval cabré.

Le larron le plus ancien, Michael Schumacher, 3e à 43 ans, a archi-dominé la F1 jusqu'au début du siècle, s'est reposé trois ans puis est revenu transformé, humble et souriant, dans la catégorie-reine du sport automobile, celle où « tout est toujours possible, jusqu'au dernier tour, parce qu'il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu », a rappelé Alonso dimanche soir.

Vivement Silverstone

Le champion le plus récent des trois, Kimi Räikkönen, 2e dimanche, a été sacré en 2007 chez Ferrari puis a pris lui aussi un congé quasi-sabbatique, en rallye, avant de revenir chez Lotus. Choyé par sa nouvelle équipe, « Iceman » commence à parler aux journalistes et sa thérapie est en bonne voie : dimanche, sur le podium, malgré la déception d'une nouvelle 2e place, il a souri.

Le troisième lascar, Alonso, deux fois champion du monde avec Renault (2005, 2006), n'a encore jamais été titré chez Ferrari mais il y travaille activement. Depuis le début de cette saison entamée avec une monoplace ratée, il tient l'équipe à bout de bras, se rendant à Maranello chaque semaine pour méditer avec ses ingénieurs. Le week-end, il commence par soutenir son coéquipier Felipe Massa puis il marque des points, beaucoup de points.

Pilote le mieux payé de la F1 (30 millions d'euros par an), Alonso est une star mondiale et justifie chaque jour, en audience et en retombées, l'énorme investissement de la Scuderia et de son parraineur principal. Le nom de la banque espagnole Santander s'étalait sur des milliers de polos et de tee-shirts rouges, ce week-end dans le port de Valence.

Au delà du charisme d'un champion romantique vêtu de rouge, il y a aussi le bilan comptable : 111 points pour une place de leader du championnat, grâce au seul pilote ayant gagné deux fois en 2012 et marqué à chaque Grand Prix. « 111 », comme trois fois 1, la saison où Alonso peut enfin devenir triple champion du monde.

Fernando l'a promis, il ne « lâchera rien, jusqu'à la fin », et va continuer sa quête inlassable de podiums et de points. On peut lui faire confiance, il tient toujours ses promesses. Quant à Bernie Ecclestone, le richissime producteur du feuilleton, il se frotte les mains. Prochain épisode de cette série à succès : dans 15 jours à Silverstone, le Hollywood de la F1.