Bonjour à vous, amateurs de football! C'est avec grand plaisir que je me joins à l'équipe de collaborateurs du RDS.ca pour partager avec vous les hauts et les bas de mon aventure avec les Jets de New York, avec qui j'espère me tailler une place pour la saison 2008.

Alors que mes anciens coéquipiers des Alouettes se préparent à amorcer leur saison, je me trouve toujours dans la Grosse Pomme où, depuis près de quatre mois, je suis les étapes qui me mèneront à mon premier camp d'entraînement dans la NFL, à la mi-juillet.

Tout s'est déroulé très vite pour moi depuis que j'ai signé mon contrat avec les Jets à la mi-janvier. Un mois plus tard, j'avais déménagé mes pénates près du complexe d'entraînement de l'équipe à Long Island et j'étais prêt à me mettre au travail. Les Jets s'entraînent sur le complexe de l'université Hofstra, dans une communauté qui s'appelle Hempstead.

Dans la NFL, la saison morte ne porte pas vraiment bien son nom. Au beau milieu de l'hiver, je me trouvais déjà dans une salle d'entraînement avec une trentaine de coéquipiers pour faire de la musculation et de la course. Certains joueurs peuvent demeurer à la maison, faire leurs petites affaires de leur côté et rejoindre l'équipe à la mi-mars seulement, mais comme j'étais un jeune qui n'avait encore jamais fait partie de l'organisation, on préférait que je m'intègre le plus rapidement possible, que je commence à étudier le livre de jeux et que je me familiarise avec mon environnement.

Il y a eu deux mini-camps, qui sont en fait des camps d'entraînement qui durent le temps d'une fin de semaine. J'ignore comment ça fonctionne ailleurs, mais chez les Jets, le premier mini-camp est réservé aux recrues et le deuxième, un mois plus tard, est obligatoire pour tous. Les absents peuvent recevoir jusqu'à 13 000$ d'amende par jour, donc même si ta situation contractuelle ne fait pas ton affaire, tu as intérêt à faire acte de présence!

Entre les deux, il y a ce qu'on appelle les OTA's, ou Organized Team Activities. C'est une grosse expression qui fait partie du jargon de la NFL mais qui, dans le fond, peut se résumer en un mot : pratiques. Les OTA's, ce ne sont en fait rien d'autre que notre camp de printemps. L'équipe a le droit de tenir dix pratiques sur une période de trois à quatre semaines.

Toutes ces séances se déroulent sans contact, puisque certains joueurs, dont les plus récents choix au repêchage de l'équipe, n'ont toujours pas de contrat. On a donc le droit de porter notre casque, rien d'autre, mais malgré tout, je vous assure que c'est extrêmement intense. Les Jets, c'est une organisation qui met l'accent sur le travail acharné. Quand on demande aux gars de faire quelque chose, on n'accepte pas de touristes. Il n'y a jamais de perte de temps sur le terrain. On court énormément, c'est très exigeant physiquement, et je peux seulement commencer à imaginer à quel point ça va être dur quand on va commencer à se frapper avec nos épaulettes sous le chaud soleil estival…

Pour l'instant, c'est le retour à un programme d'entraînement qui comprend musculation et exercices cardio-vasculaires. Dans deux semaines, je serai de retour au Québec pour un mois et ensuite, les choses sérieuses commenceront.

Écarter les pensées négatives

Depuis mon arrivée ici, il y a eu énormément de coupures, un sort dont je n'étais moi-même pas à l'abri. D'ailleurs, cette semaine, mon ancien coéquipier chez les Alouettes, Ashlan Davis, est arrivé à New York pendant qu'un autre, le receveur de passes Chris Davis, était retranché. Ashlan n'était pas un de mes grands amis à Montréal, mais c'était quand même un coéquipier. Je l'ai vu aujourd'hui, il a l'air en forme, heureux d'être ici. Il n'y a pas de doute que si je suis en mesure de l'aider de quelque façon que ce soit, je vais le faire.

Depuis que je suis ici, donc, j'ai vu beaucoup de joueurs quitter, d'autres arriver. Chaque jour aurait pu être mon dernier, mais je suis bien conscient que ça fait partie du métier que je pratique et j'ai appris à vivre avec ça. Je fais beaucoup d'efforts pour me concentrer uniquement sur les choses que je peux contrôler et le bagage d'expérience que j'ai acquis dans le passé, notamment avec les Alouettes, m'aide beaucoup à ce chapitre.

C'est trop facile de déraper et de se mettre à se casser la tête, mais ça ne donne rien de regarder autour de moi et de me demander constamment si un tel joue mieux que moi. Tout ce que je peux faire, c'est me pointer au travail à chaque jour et y mettre toute la gomme. Vais-je rester, vais-je partir? En bout de ligne, la décision ne m'appartient pas.

Non, au niveau sécurité d'emploi, la NFL, ce n'est pas l'idéal!

Boulot, dodo et… boulot!

On m'utilise présentement à la position de demi de coin. Certains vous diront que c'est ma position naturelle, mais honnêtement, je ne sais même plus moi-même si j'en ai une, une position naturelle. J'ai tellement été bougé dans ma carrière. J'étais demi de coin à l'université, mais quand je suis arrivé dans la Ligue canadienne, on a fait de moi un secondeur. Ensuite, je suis retourné sur la ligne tertiaire comme maraudeur, une position que j'ai adorée. Avec les Jets, à cause de mon gabarit, on m'a expliqué qu'on voulait me faire commencer comme demi de coin, mais je pense qu'on est conscient que je suis capable d'évoluer à plusieurs positions.

Pour une équipe de la NFL, les OTA's sont l'occasion idéale pour tenter diverses expériences et essayer des joueurs à différentes positions. J'ai donc passé du temps sur les unités spéciales et je crois que ça a vraiment bien été.

Mon meilleur ami est pratiquement devenu mon livre de jeux, une véritable brique qui fait presque deux gros cartables complets. Pour être franc, c'est vrai que ma position est beaucoup plus exigeante physiquement que mentalement, sauf qu'il y a quand même une adaptation à faire. Souvent, ce qui est compliqué, ce n'est pas d'apprendre les jeux comme tel, mais de comprendre les ajustements à apporter quand il y a des modifications après le caucus. Les jeux peuvent changer très rapidement dans le feu de l'action et il faut que tu sois prêt et alerte pour comprendre ce qui se passe.

Les périodes d'études ne sont pas prévues à notre horaire. Nous sommes de grands garçons et c'est à nous de nous arranger avec ça. On est environ 80 gars sur l'équipe présentement et on passe énormément de temps sur le terrain. Évidemment, on a des meetings avant et après les pratiques, mais ça ne suffit pas. Tu n'as pas le choix d'étudier à la maison.

À l'exception des mini-camps, où on parle de journées de travail de 14 heures, les joueurs ont quand même pas mal de temps libres, mais personnellement, croyez-moi, je me tiens pas mal tranquille. Je ne suis pas le genre de gars à sortir et faire le party. J'habite loin des distractions, sur le bord de la plage, alors j'en profite et je me repose. Je veux mettre toutes les chances de mon côté.

Au travail, je suis surtout supervisé par trois entraîneurs. Les demis de coin sont sous la gouverne générale du coordonnateur défensif Bob Sutton, mais c'est un dénommé Jerome Henderson qui est mandaté pour s'occuper plus spécifiquement des gars à ma position. C'est lui qui passe le plus de temps avec nous et si la relation avec les entraîneurs est généralement assez impersonnelle, Henderson jase davantage avec nous et on a appris à se connaître.

Mon meilleur ami dans l'équipe est Mike DeVito, un gars qui avait été mon adversaire à l'université. J'évoluais pour New Hampshire et lui portait les couleurs du Maine. On se connaissait donc de nom depuis quelques années et maintenant, on est colocataire dans sa maison de Long Island. On s'entend vraiment bien. Il en est à sa deuxième année avec les Jets et il m'aide énormément dans mon adaptation, un peu comme Éric Lapointe l'avait fait à ma première année à Montréal.

Vous vous demandez sûrement comment sont les joueurs vedettes de l'équipe… J'en parlais justement avec David Arsenault, de RDS, il n'y a pas longtemps. Je trouve que tout le monde a l'air franchement sympathique. Même les grosses stars ne se prennent pas pour d'autres. Le quart-arrière Chad Pennington a invité toute l'équipe chez lui pour un BBQ l'autre jour. Les gars comprennent qu'on est tous dans le même bateau, on a tous à cœur les intérêts de l'équipe et on veut tous être coéquipiers en août.

Une mince ligne entre NFL et CFL

Depuis que je côtoie quotidiennement des joueurs de la NFL, je dis à qui veut bien l'entendre que la différence entre le circuit américain et la LCF, son cousin canadien, est bien moins grande que certains le pensent.

On ne se contera pas d'histoires, c'est certain qu'il y a une différence, mais ce n'est pas la fin du monde. On dirait qu'au Canada, parce que la NFL, c'est quelque chose de lointain et de peu accessible, on pense que c'est inatteignable, que les joueurs sont tous des machines. Ce n'est pas vrai. Je le répète, la ligne est très mince entre les deux ligues et je le réalise de jour en jour en me présentant au travail.

Parlant de la Ligue canadienne, je suis resté en contact avec beaucoup de gars des Alouettes depuis cet hiver. Évidemment, il y a mes bons amis Matthieu Proulx et Pascal Masson, Danny Desriveaux, Éric Deslauriers, Dave Stala, Davis Sanchez, tous ces boys là…

Je ne suis évidemment pas sans savoir que tout ce beau monde commençait sa saison préparatoire jeudi soir. J'aimerais bien pouvoir être là, mais je suis quand même content, puisque mon horaire me permettra d'assister à quelques parties cet été. Je me promets de leur payer une visite. Si ce n'est pas sur les lignes de côté, j'ai encore mes billets de saison!

Là-dessus, je retourne à mon cahier de jeux. Il me fera plaisir de discuter football avec vous si on se croise dans les prochaines semaines et si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser par l'entremise de cette chronique.

À la prochaine!

*Propos recueillis par Nicolas Landry