MONTRÉAL – Vernon Adams fils ou Trevor Harris? Bien sûr, les Alouettes de Montréal doivent d’abord éradiquer leur indiscipline et leur manie de se tirer dans le pied, mais l’identité du quart-arrière demeure la grande question pour 2022. On peut aussi parier que Danny Maciocia réfléchira à l’avenir de l’entraîneur-chef Khari Jones. 

Mardi, quelques joueurs des Alouettes ont procédé au bilan de la saison 2021 qui s’est conclue de manière très décevante et amère. Pour un club qui ne cessait – et ne cesse – de répéter qu’il peut remporter les grands honneurs, un revers sans équivoque en demi-finale de l’Est ne suffit pas. 

Entamons ce tour d’horizon avec la position névralgique du quart-arrière. Ce serait très étonnant que les Alouettes puissent conserver deux hauts salariés comme Adams fils et Harris. Adams fils a raté les sept dernières parties des siens en raison d’une blessure à l’épaule gauche et il a connu une saison décevante par rapport à 2019. Il entamera le calendrier 2022 à 29 ans tandis qu’Harris aura 36 ans. Ce dernier a confirmé qu’il était un meilleur passeur, mais il n’a pas réussi les jeux déterminants dans le match éliminatoire derrière une ligne offensive amochée et malmenée. 

Les Alouettes coulés par l'indiscipline

« On verra ce qui se produira, mais je sais que je dois prouver à cette ville, à moi-même et à ma famille que je mérite d’être un quart-arrière dans la LCF. Je m’attends à redevenir moi-même, compléter des jeux, être solide mentalement et me préparer différemment en ayant vu Trevor faire des choses autrement », a réagi Adams fils qui ne porte plus son attelle au bras gauche. 

Le numéro huit a raconté qu’il avait noté sept ou huit choses qu’il souhaite retenir de son apprentissage auprès de Harris incluant sa manière d’étudier les vidéos, de lire les défenses de zone et son jeu de pieds. 

Chose certaine, Adams fils peut compter sur un appui de taille, celui du receveur Eugene Lewis. La majorité du temps, les athlètes évitent gentiment de se prononcer sur un tel enjeu, mais Lewis s’est écartée de cette retenue. 

« Je pense qu’il est en mesure de nous mener à un championnat », a-t-il lancé après avoir lui-même joué au journaliste en relançant à un confrère la question qu’il venait de lui poser. 

« Je ne serais pas ici sans lui, s’il ne m’avait pas lancé cette passe qui a fait les manchettes dans un match préparatoire contre Ottawa en 2017. Je suis reconnaissant envers les autres aussi, mais avant tout envers ceux qui m’ont aidé mon parcours. Trevor a déjà gagné un championnat, il pourrait être la réponse aussi. Au final, ce n’est pas mon boulot », a expliqué Lewis dont le contrat est expiré. 

« Ça nous a affectés, à un certain point, de ne pas avoir Vernon. Il est celui qui va nous mener au prochain niveau. Mais quand les autres sont arrivés, on leur faisait confiance de la même façon. C’est ainsi qu’on doit agir, on ne forme pas un club égoïste », a-t-il ajouté.

Disons que William Stanback a été plus prudent. 

« Comme les dirigeants le voudront, j’aime tous mes quarts! »

Petite précision sur Harris, il avait quitté Montréal lundi ce qui explique son absence du bilan. 

Jones doit-il être blâmé pour l'indiscipline? 

On présume que l’entraîneur-chef aura un grand mot à dire dans cette réflexion. Jones répondra aux questions des médias, jeudi, en compagnie du président Mario Cecchini et du directeur général Danny Maciocia. 

Ayant encore une année à son contrat, Jones mérite probablement une autre chance de mener son club plus loin. Mais est-ce que la réalité du sport professionnel le rattrapera? Surtout qu’il n’a pas été embauché par Maciocia. Adams fils, lui, sonne persuadé que Jones peut mener les Alouettes à une première coupe Grey depuis 2010.   
 
« Absolument, c’est mon homme. Depuis qu’il est arrivé, il a grandi avec nous. J’espère qu’il restera, je suis avec lui et derrière lui à 100 %. »

L’indiscipline, pratiquement incessante, des Alouettes n’aide pas la cause de Jones. Ça devient normal de cibler l’entraîneur quand un tel problème perdure. 

Eugene Lewis« Au final, l’indiscipline, ça revient au mental des joueurs. À savoir si tu es capable d’encaisser un coup salaud qui n’a pas été puni. On a beau en parler autant qu’on veut entre nous, mais ça revient aux joueurs de réussir les jeux de manière disciplinée. On est des professionnels, on ne peut pas toujours imputer ça sur le groupe ou les entraîneurs », a tranché le joueur de ligne défensive, David Ménard, avec sa franchise habituelle. 

Cette tristement fameuse indiscipline nous a mené à demander à Lewis si les Alouettes étaient une équipe assez forte mentalement. Après tout, voilà ce que ça exige pour ne pas sombrer dans les punitions. 

« Tu ne peux répéter, fois après fois, que tu es désolé. C’est correct la première fois, mais il faut que tu cesses de répéter l’erreur ensuite. On a continué de le dire chaque semaine et c’est venu nous rattraper », a déploré Lewis. 

Une défaite encore amère

Deux jours après avoir subi l’élimination, les Alouettes n’avaient pas encore digéré leur sort. On se répète, mais les Oiseaux demeurent persuadés qu’ils avaient tous les outils pour vaincre les Tiger-Cats.

« C’est extrêmement crève-cœur. Ce qui est encore plus trsite et qui me fait suer, pour être poli, c’est que je continue de penser qu’on avait le club pour mériter les grands honneurs. Ça rend le tout si frustrant, on avait tellement un bon groupe de gars. C’est un sentiment très amer à avaler », a convenu Ménard qui a dû quitter la partie en raison d’une commotion cérébrale. 

« On avait des attentes élevées et on croit vraiment être bien meilleurs qu’on a pu le démontrer. On doit se regrouper et revenir en jouant de manière plus intelligente pour s’assurer de gagner des matchs », a souhaité Stanback. 

« On peut bien penser qu’on est meilleurs que les autres, mais si on commet cinq revirements et qu’on a plus de 100 verges de punition, ça n’en prend pas plus pour nous couler, surtout au football à trois essais. C’était frustrant et décevant », a admis le botteur David Côté. 

C’est dommage, mais les Alouettes ont perdu la petite magie de 2019 alors que l’équipe ne démontrait pas de fragilité même dans l’adversité si bien que le groupe a stagné. 

« C’est juste comme affirmation. Mais c’était difficile après une année complète sans jouer. On n’a pas connu l’année dont on rêvait, mais on va se reprendre », a exprimé Adams fils. 

Du positif pour Stanback, Ménard et Côté 

Le bilan est loin d’être seulement négatif. Stanback a excellé comme porteur de ballon même si Hamilton a été sa bête noire, Ménard a relancé sa carrière de sublime façon avec les Alouettes et Côté a été une très belle révélation à sa saison recrue. 

David Ménard« Je n’ai jamais douté de ça (qu’il peut être un partant), mais je l’ai un peu prouvé cette année. J’aimerais rester ici et finir ma carrière ici, mais on ne sait jamais ce que la LCF nous réserve, le roulement est tellement rapide. Je ne veux pas mettre des mots dans la bouche de Danny, mais je crois que ce serait son souhait et celui des entraîneurs », a commenté Ménard. 

« Au plan personnel, ce fut une très bonne saison, même au-delà de mes attentes. J’ai réussi à prouver au fil des matchs que l’organisation peut avoir confiance en moi », a commenté Côté. 

Lui et le botteur Joseph Zema ne sont pas à blâmer, mais les unités spéciales ont connu une année atroce teintée par l’indiscipline et un rendement trop ordinaire. Côté croit qu’un manque d’expérience s’est fait sentir et que la blessure à Mario Alford a été coûteuse. 

Et pour ceux qui croyaient que les propos de Patrick Levels, quand il a garanti la victoire, ont dérangé l’équipe, ça ne semble pas être le cas. Lewis dit même qu’il a vu bien pire à son époque universitaire avec Oklahoma.