MONTRÉAL – Les Alouettes n’ont pas habitué leurs partisans à assister de manière impuissante à des saisons désastreuses. La consolation est mince pour une deuxième exclusion d’affilée des éliminatoires, mais la formation montréalaise espère poursuivre dans la foulée de sa victoire en Saskatchewan tout en bâtissant un projet plus solide pour le calendrier 2017.

La prudence demeure de mise, mais les Oiseaux (5-11) affichent tout de même un dossier de 2-2 depuis que les rênes de l’équipe ont été confiées à Jacques Chapdelaine comparativement à une fiche 3-9 préalablement.

Au cours d’une saison aussi laborieuse, les joueurs et les entraîneurs vont savourer chaque réjouissance. Ainsi, le gain acquis, samedi dernier, - sous l’impulsion du quart-arrière Vernon Adams fils qui en était à son premier départ - rehausse le niveau d’inspiration pour conclure l’année d’une façon plus respectable.

« Veux, veux pas, on investit beaucoup en tant que joueur sur le plan personnel. On fait beaucoup de sacrifices pour que ça fonctionne. Ça fait du bien de gagner surtout avec tous les obstacles rencontrés cette année. C’était aussi plaisant de réussir quelques bonnes séquences offensives », a témoigné le receveur Samuel Giguère qui essaie encore d’avaler l’élimination de sa troupe.

Les propos de Chapdelaine avant le duel auraient contribué à cette prestation plus encourageante.

« L’entraîneur a souligné qu’il n’y avait plus de pression et qu’on devait s’amuser. C’est ce qu’on a fait », a admis le joueur de ligne offensive, Kristian Matte.

« Côté moral, la victoire aide passablement. On a eu un bon plan de match, on a bien exécuté surtout en deuxième demie. On veut continuer dans ce sens pour le reste de la saison », a-t-il enchaîné.

Les Alouettes ont donc repris l’entraînement, mercredi, en vue de leur dernière prestation à domicile. Cette partie aura lieu dimanche, dès 12h30 à RDS, face aux intimidants Stampeders de Calgary (15-1-1).

Même sans être un expert de football ou un fervent de la LCF, c’est facile de comprendre que les Stampeders écrasent tous leurs adversaires sur leur passage. Pour cette dernière représentation de 2016 devant leur public, les Alouettes seront donc confrontés non seulement à la meilleure unité offensive, mais aussi la meilleure unité défensive.

Pourchassé de partout à Regina, Adams fils devra attacher sa tuque contre les Stampeders qui ont remporté leurs 14 dernières parties par une astronomique domination de 498 à 284 au chapitre des points. En moyenne, ils ont gagné ces matchs par un écart de 15,29 points.

« C’était une belle sensation de pouvoir aider l’équipe à obtenir cette victoire. C’est agréable après les matchs, c’est la récompense qu’on recherche, mais on va surtout essayer de reproduire la même chose, cette semaine, contre la meilleure équipe de la LCF », a commenté Adams fils, un athlète de cinq pieds onze pouces et 200 livres.

« Bien sûr, il faudra être à notre meilleur et jouer avec intelligence. Je devrai aussi offrir un meilleur rendement », s’est-il empressé d’ajouter.

À l’approche de leur prochain match qui sera la veille de l’Halloween, le dernier clou a déjà été enfoncé dans le cercueil des Alouettes. Ceci dit, la précarité des carrières dans la Ligue canadienne et la fierté des joueurs incitent ceux-ci à ne pas se déguiser en fantôme pour la conclusion du calendrier.

« On a encore deux matchs à jouer et je pense qu’on est capable de démontrer une progression. Bien que l’équipe sera différente l’an prochain, plusieurs joueurs seront de retour. Il faut préparer la prochaine saison et on doit continuer de développer une chimie avec Jacques », a argué Giguère.

Enfin des changements sur la ligne offensive

À de multiples reprises cette saison, les dirigeants des Alouettes ont été questionnés sur les lacunes de la ligne offensive qui a été bousculée sans cesse.

La statistique fait peur, mais les Als ont alloué 60 sacs du quart-arrière en 16 parties pour une moyenne de 3,75 par rencontre. Ils se classent dans la cave de la LCF par une imposante marge de 12 sacs derrière les Roughriders (48).

Si les ressources ont parfois manqué pour modifier la composition de cette unité, les entraîneurs ont tardé à passer à l’action. Finalement, la performance plus que décevante du bloqueur à gauche, Jacob Ruby, en Saskatchewan, a forcé son retrait du match.

Philip Blake a été déplacé à ce poste alors que Luc Brodeur-Jourdain et Jake Piotrowski ont été utilisés respectivement comme centre et garde à gauche.

« Les commentaires (qui avaient été fournis) étaient véridiques. Jake commençait à avoir de l’expérience dans les matchs. Auparavant, il nous a beaucoup aidés comme sixième ou septième joueur de ligne offensive. Quant à Luc, il n’est pas encore rétabli à 100%. C’est un vétéran qui joue en dépit d’une blessure assez sérieuse (déchirure ligamentaire à un genou) », a réagi Chapdelaine.

Malheureusement pour lui, Brodeur-Jourdain s’est également blessé au dos sur la première tentative de placement des siens, samedi.

« Il jouait avec la moitié des capacités environ, on l’a gardé en action aussi longtemps qu’on a pu le faire. On a aussi envoyé Jake dans la mêlée et il a bien fait », a expliqué Chapdelaine.

« Ça m’a dérangé tout au long de la rencontre, j’avais de la misère à marcher et à courir. Évidemment, dans les circonstances, on m’a demandé d’aller sur le terrain et j’ai fait tout ce que j’ai pu », a confié celui qui fait honneur à la réputation des joueurs de ligne offensive.

En ce qui concerne Ruby, il recevra une note d’échec pour sa première saison comme partant. Il devra rapidement prouver qu’il peut progresser puisque les Alouettes chercheront probablement du renfort.

« C’est du football professionnel, ça arrive. On veut aussi voir ce que les autres peuvent faire. Jacob est quand même très jeune, il pourra avoir une carrière pendant 10 autres années et je crois qu’il sera bon dans les années à venir », a commenté Matte à propos du sort réservé à Ruby.

Avant de choisir cette solution, les Alouettes avaient essayé des modifications moins drastiques.

« Toute l’année, du côté offensif, on disait qu’il fallait changer des choses. On a modifié nos plans de match, on a changé notre façon de jouer avec des techniques différentes, mais ça n’a pas porté fruits. C’est facile de dire après une seule victoire que c’était le changement à faire. On va voir parce que ça doit être constant. Il faut qu’on puisse continuer chaque semaine », a déclaré Matte.

Utilisé principalement comme centre en 2016, le Québécois a eu à s’adapter à quelques changements à sa gauche en plus de retourner à l’occasion à sa position naturelle de garde à gauche.

« Je suis un joueur de ligne offensive, je suis prêt à jouer partout. Ça change notre technique, mais comme athlète professionnel, il faut être capable de faire le plus qu’on peut. Si on peut y arriver, on doit le faire », a exprimé Matte.

Cette séance d’auditions se poursuivra vraisemblablement dimanche alors que Ryan White pourrait hériter du rôle de garde à gauche entre Matte et Blake. White a été blessé plus souvent qu’à son tour depuis son arrivée avec les Alouettes en 2012.

« C’est ce qu’on regarde présentement. Le bloqueur à gauche n’a pas connu un bon match donc on voulait donner l’opportunité à d’autres joueurs de nous démontrer ce qu’ils sont capables de faire. Piotrowski avait bien répondu à l’appel, mais il a subi une blessure et on attend de voir s’il sera en mesure de jouer », a indiqué Chapdelaine.

En terminant, le botteur Anthony Fera et le spécialiste des longues remises, Martin Bédard, ne seront pas rétablis de leur blessure avant la fin de la saison. De plus, John Bowman a raté l’entraînement de mercredi en raison d’une gastro-entérite.