MONTRÉAL – L’adaptation à un changement de commandement ne se fait jamais sans de petits heurts et il était intéressant de constater comment le nouvel entraîneur-chef des Alouettes, Jacques Chapdelaine, a géré ces situations à l’entraînement.

Méthodique, l’entraîneur québécois n’a pas hésité à arrêter la séance de jeudi pour corriger certains aspects qui lui déplaisaient. Il était trop facile de déceler que l’unité offensive n’était pas toujours au diapason en cette journée de préparation pour le duel de dimanche contre les Argonauts de Toronto (12 h 30 à RDS).

En se fiant sur sa franchise, Chapdelaine a admis d'emblée que la journée n’avait pas toujours été concluante quand on l’a questionné sur la progression qui se faisait en attaque sous ses directives.

« Avec les changements survenus et l’approche choisie pour attaquer Toronto, ça cause quelques perturbations et il fallait travailler pour surmonter ça. On a vu des hauts et des bas, mais j’ai apprécié la progression vers la fin de la séance alors que les choses ont commencé à se solidifier », a décrit Chapdelaine avec réalisme.

Ainsi, lorsque son unité offensive s’éloignait du chemin à suivre, Chapdelaine ne se gênait pour stopper les exercices afin de corriger le tir sans tarder. Il a donc regroupé ses joueurs plus d’une fois pour éliminer les défaillances.

« C’est agréable, comme joueur, de voir que ton coach prendre les choses à cœur. Il ne laisse pas les choses aller en se disant que c’est une pratique et que ça va fonctionner dans la partie. Il veut que ça se passe bien dès les entraînements », a témoigné le garde à droite, Philippe Gagnon.

« Il nous demande d’atteindre un certain standard, c’est pour ça qu’il a réagi ainsi. Quand ce n’est pas le cas, il n’hésite pas à arrêter pour nous dire ce qu’on doit corriger. C’est une façon de bien ramener la concentration dans le groupe », a mentionné le receveur B.J. Cunningham.

« Il communique beaucoup. Il est vraiment impliqué et on a hâte de jouer pour lui », a fait savoir le quart-arrière Rakeem qui désire relever son jeu d’un cran sous son règne. 

Même si les directives de Chapdelaine s’adressaient surtout à l’attaque, les joueurs en défense ont apprécié ses initiatives. 

« Il sait ce que ça prend pour obtenir du succès et on va suivre ses indications », a assuré le plaqueur, Alan-Michael Cash.

Il n’est pas étonnant de voir Chapdelaine se comporter de cette manière. Après tout, il a compris que ses joueurs devaient réapprendre à gagner. Il n’a pas eu peur d’employer ce discours quand il a exposé sa vision à l’équipe.

Son ascension au poste de patron a exercé une influence immédiate sur le groupe. Le sérieux est revenu faire son tour aux entraînements et les joueurs semblent plus motivés pour la cause.

« C’est sa passion qui ressort. Il faut aimer la game et ne pas abandonner. Quand l’adversité se présente, c’est là que tu dois te lever. Je suis prêt à jouer pour lui », a maintenu Cato. 

« Ce n’est pas un virage à 180 degrés, mais on voit des changements. On a conservé la base sauf qu'on veut raffiner notre travail et plus se soucier des détails qui nous font mal dans les parties », a identifié Gagnon.

Une semaine éprouvante pour Cunningham

Lorsque Mylan Hicks, des Stampeders de Calgary, a été abattu dans la nuit de samedi à dimanche, B.J. Cunningham a perdu un ami qui était entré dans sa vie à l’Université Michigan State.

Évidemment, la semaine d’entraînement a été remplie d’émotions pour Cunningham. Il y a fort à parier que ses coéquipiers et les entraîneurs vont essayer de l’aider à marquer un touché, dimanche après-midi, pour qu’il puisse honorer son copain qui est décédé à l’âge de 23 ans.

« C’est une situation tellement triste, c’est comme un frère. Je vais jouer pour lui, je vais penser à lui. Ce n’est pas évident, mais je me dis que d’autres de ses proches ont dû jouer des matchs quelques heures après le drame », a confié Cunningham.

Bolduc apprécie la confiance de Chapdelaine

En acceptant le défi de diriger les Alouettes, Chapdelaine a choisi de demander un coup de main à André Bolduc qui oeuvrait principalement comme adjoint sur les unités spéciales.

Bolduc a donc hérité de responsabilités auprès des receveurs et cette récompense était accompagnée d’un devoir plutôt colossal.

« Il m’a donné 48 heures pour apprendre le cahier de jeux ! », a confié Bolduc avec un sourire qui ne cachait quand même pas sa joie de contribuer davantage.

« Je suis content, je veux apprendre et je veux surtout lui donner un coup de main pour que ça fonctionne et qu’il puisse avoir du succès. Ça démontre ma polyvalence et c’est juste dommage que ça survienne dans une période difficile », a-t-il poursuivi.

Bolduc apprend donc à découvrir tout le savoir de l’homme qu’il connaît depuis deux décennies.

« Quand je jouais à Edmonton et que je vivais à Québec, il travaillait à l’Université Laval. Je m’entraînais avec lui, on jouait au squash ensemble », a raconté l’ancien receveur qui a également dirigé le Vert & Or de l’Université Sherbrooke.

Les premiers effets de cette transition pourront être perçus contre les Argos et jusqu’à la fin du calendrier. Bolduc croit qu’ils détiennent des éléments pour relancer l’anémique attaque montréalaise.  

« C’est une période d’ajustements, on veut mettre en valeur nos athlètes. Sur papier, on a quand même du talent et, si on peut protéger Cato d’une meilleure façon, je pense que ça va fonctionner », a conclu Bolduc qui est habitué de ne pas chômer. 

En terminant, il n'est pas impossible que le joueur de ligne défensive DeQuin Evans dispute son premier match de la saison.