SHERBROOKE - Il y a de ces athlètes qui, dès le premier coup d’œil, laissent percevoir des aptitudes au-delà de la moyenne. L’intrigant receveur Corbin Louks appartient à cette catégorie si bien qu’il attire les regards avant même que les exercices ne prennent leur envol.

Heureusement pour lui, les perceptions se confirment quand la première remise du ballon est effectuée. En poussant les recherches un peu plus loin, on comprend rapidement pourquoi cet Américain dégage cette aisance physique. Au fil de son parcours dans le football, ce grand croyant a su se démarquer comme quart-arrière, et même maraudeur, avant de trouver sa véritable vocation de receveur.

Louks (qui se prononce Lowks avec la phonétique anglophone) était donc prêt à tout pour se bâtir une carrière de joueur professionnel. Par contre, il n’a jamais cru que son chemin le mènerait sur des terrains en sol canadien.

« J’admets qu’en y repensant, je n’aurais jamais imaginé aboutir au Canada. Ceci dit, je suis très reconnaissant de l’occasion accordée par les Alouettes. C’est vraiment une organisation de première classe et je sais que son histoire est riche avec plusieurs championnats », a confié le natif de l’Indiana qui a grandi en Californie.

Après ses années universitaires (en Utah et au Nevada), Louks a obtenu l’occasion de se faire valoir dans la NFL. Il a effectué des arrêts avec les Seahawks de Seattle, les Chiefs de Kansas City et finalement avec les Broncos de Denver la saison dernière.

D’ailleurs, Louks a eu la chance de disputer trois matchs préparatoires avec les Broncos, inscrivant un touché au passage. Il croyait bien se voir confier un autre essai dans le circuit Goodell, mais l’expérience s’est arrêtée là.

Malgré la déception, la vie a quand même bien fait les choses puisqu’il a grandi en tant que partisan des Colts d’Indianapolis et, bien sûr, de Peyton Manning.

« C’était une expérience extraordinaire de pouvoir se retrouver autour de lui, c’est un gars avec beaucoup de classe », a confié celui qui a aussi épié les faits et gestes de Marvin Harrison, Reggie Wayne et Edgerrin James sur le terrain.

Corbin LouksL’invitation qu’il attendait venait plutôt d’un interlocuteur insoupçonné.

« Joey Abrams (l’adjoint au directeur général) m’a contacté et c’est là que je suis devenu excité d’avoir une autre chance de jouer au football », a raconté Louks, 27 ans, avec le visage illuminé.

L’univers de la LCF ne lui était quand même pas totalement inconnu.

« Je connaissais quelques trucs, j’avais déjà regardé des séquences de matchs sur ESPN. J’ai aussi quelques amis qui jouent dans la ligue. J’avoue que certains règlements me semblent encore un peu étranges, mais je retiens surtout que c’est un football vraiment emballant avec beaucoup de vitesse », a avoué le sympathique sympathisant des Warriors de Golden State.

Jeté dans la fosse aux lions lors du minicamp des Alouettes en Floride, Louks a convaincu l’état-major de son potentiel. Il a donc mérité son invitation pour le camp d’entraînement officiel et il a participé au camp des recrues au préalable.

Pendant ce temps, il a bûché à l’extérieur du terrain pour s’acclimater aux nuances de son métier en territoire canadien.

« C’est assurément une transition, il faut vraiment étudier. Tu peux tellement te promener en tant que receveur, c’était un gros ajustement de comprendre toute la liberté que tu possèdes », a décrit Louks quand on lui a demandé de décrire son adaptation.

Force est d’admettre que Louks s’est avéré un étudiant de premier plan parce que son travail continue d’être inspirant. Ça tombe bien pour lui puisqu’il devra épater pour se tailler une place auprès du talentueux groupe de receveurs des Alouettes.

Malgré ses performances, son emploi est encore loin d’être assuré avec la compétition qui prévaut à cette position dans le clan montréalais. Au moins, il savait ce qui l’attendait chez les Alouettes au point de ne pas renoncer à un rôle sur l’équipe d’entraînement comme point de départ.

« Oui, je pourrais considérer cette option, mais je me bats vraiment pour une place sur la formation partante. Je sais qu’on mise sur plusieurs receveurs bien établis dans la LCF sauf que je vais combattre jusqu’à la fin », a-t-il exposé.

Corbin LouksJim Popp, le grand manitou des Alouettes, n’était pas étonné d’entendre parler de cette ouverture.

« Je suis certain qu’il veut rester, il veut s’établir au football professionnel », a rétorqué le directeur général et entraîneur-chef.

Popp n’a pas eu besoin de se forcer pour vanter les mérites professionnels et personnels du principal intéressé.

« Avant tout, c’est une bonne personne et un bon joueur. Il a connu un très bon camp en particulier pour un nouveau joueur qui apprend les rudiments de la LCF. Il est probablement fatigué à ce point du camp d’entraînement après tant d’efforts avec le minicamp et celui des recrues. On lui a soumis beaucoup de choses à apprendre en peu de temps. C’est aussi un bon athlète et il me disait il y a quelques minutes que sa femme (Courtney Jones) est une joueuse professionnelle de soccer », a louangé Popp.

Une carte cachée pour les Alouettes?

Avec tous les receveurs qui s’illustrent depuis le début du camp d’entraînement, les prétendants doivent trouver une manière de se démarquer. C’est justement là que Louks émerge du lot puisqu’il possède quelques atouts supplémentaires dans son jeu. Sa polyvalence lui a permis d’être utilisé à trois différentes positions de receveur en quelques jours.

Mais ce n’est pas tout, il peut également agir comme retourneur de bottés et même constituer une carte cachée en formation wildcat (sans quart-arrière derrière le centre). Finalement, il pourrait aussi devenir un outil de choix dans certains jeux truqués. Son passé de quart-arrière serait le bienvenu pour piéger l’adversaire comme S.J. Green a pu le faire dans le passé ou comme LaDainian Tomlinson le faisait durant ses meilleures années avec les Chargers de San Diego.

« C’est un joueur polyvalent. Il a une meilleure chance de faire l’équipe ou de rester dans notre entourage de cette façon. Ce genre de joueur aura toujours plus de chance de se trouver un emploi », a confirmé Popp.

Sans surprise, ce profil a été remarqué par Jacques Chapdelaine, l’expérimenté entraîneur des receveurs.

« C’est un joueur qui est capable de s’ajuster à toutes les situations. Il a aussi un beau profil pour les qualités physiques », a conclu Chapdelaine qui avait donc également décelé le tout au premier regard.