MONTRÉAL – Le processus de la vente des Alouettes de Montréal a été pour le moins laborieux. Il y a un mois et demi, lors de l’entrée en scène des nouveaux propriétaires, le commissaire Randy Ambrosie avait indiqué qu’une réflexion servirait à identifier les leçons à tirer de ce dossier qui a été fertile en rebondissements et surtout en spéculations.

 

Durant son arrêt à Montréal, mardi, dans le cadre sa tournée pancanadienne, Ambrosie a levé le voile sur la plus grande faille de la Ligue canadienne de football dans ce dossier.

 

« D’abord, je veux préciser que je continue la réflexion. Il faut dire que bien des choses s’enclenchent après la vente d’une équipe. On ne tombe pas dans une période morte pour réfléchir longuement. […] Je me dis qu’on aurait pu être davantage clair, surtout tôt dans le processus, par rapport à ce que l’on voulait des acheteurs potentiels pour que la transaction fonctionne », a admis Ambrosie quand on l’a relancé sur ce sujet.

 

« Pendant un certain temps, on recevait les offres comme elles arrivaient au lieu d’avoir développé une plus grande structure définissant nos attentes. Je présume que ceci aurait aidé », a enchaîné le commissaire.

 

Si la candidature de Gary Stern et Sid Spiegel a semblé apparaître tel un cheveu sur la soupe, ce duo procure la stabilité recherchée à travers une année de tractations qui a été éprouvante.

 

D’ailleurs, les entrepreneurs du domaine de l’acier ont semblé gagner des points précieux auprès de leur public quand ils ont embauché Mario Cecchini, à titre de président, et Danny Maciocia, en tant que directeur général.

 

Ça s’est toutefois gâté quand ils ont effectué leur prochaine décision publique, celle de renoncer aux meneuses de claque. Un fort vent de protestation a incité de sortir l’efface du coffre à crayons.

 

« Ce n’est vraiment pas à moi d’évaluer les décisions des équipes, elles doivent en prendre au quotidien. Les équipes doivent trancher en déterminant ce qui semble le mieux à leur avis. Ce que je peux dire, c’est qu’on ne prend pas toujours des décisions parfaites. Mon travail est de supporter les équipes, les présidents, les propriétaires et les directeurs généraux. Je ne dois pas le faire uniquement quand les décisions vont bien. Je suis confiant que la plupart de leurs décisions seront les bonnes. À l’occasion, quand ce ne sera pas le cas, ils vont faire ce qu’ils ont fait en se corrigeant rapidement. C’est ainsi que les grands meneurs agissent, c’est une qualité très sous-estimée. Ils se relèvent très vite de leurs décisions moins fortes », a commenté Ambrosie avec franchise.

 

Ce qui semble évident, c’est qu’Ambrosie a approuvé l’ajout de Maciocia à l’organisation. En fait, le processus laisse croire que le commissaire tenait à ce que Maciocia – un candidat avec une solide expérience – soit impliqué dans la nouvelle mouture des Alouettes.

 

« La décision d’embaucher Danny n’était pas la mienne, elle a été prise par Gary et Sid. Mais ce que je vois, c’est que Danny peut accomplir de grandes choses et j’ai un haut niveau de respect pour lui. Oui, on m’a demandé mon avis et j’ai expliqué qu’il était très doué et qu’il pouvait accomplir de belles choses en plus d’être bien connecté avec cette communauté », a répondu Ambrosie.

 

Ambrosie veut supporter Montréal pour présenter la Coupe Grey

 

Quand un contexte idéal se développe dans le sport professionnel, le propriétaire peut choisir son président qui sélectionne ensuite son directeur général. L’identité de l’entraîneur-chef revient alors à celui-ci. Le renouveau à Montréal n’a pas permis de respecter cette structure. Mais il aurait fallu avoir du front tout le tour de la tête pour se départir de l’entraîneur Khari Jones.

 

« Dans la vie, on ne reçoit pas souvent les cartes parfaites, on doit composer avec la situation qui se présente à nous. Le plus important, à mes yeux, demeure qu’on mise sur des personnes très qualifiées à tous les niveaux. Le reste n’est plus important. Si on avait présenté ce portrait du club avec ces hommes en place, leur choix aurait été approuvé par la plupart des gens », a commenté le commissaire.

 

Randy AmbrosieCet état-major incite Ambrosie à afficher une grande confiance pour les prochaines étapes des Alouettes.

 

« J’ai de grandes attentes envers eux et les partisans des Alouettes méritent d’avoir de telles attentes », a-t-il maintenu sans se gêner.

 

Stern, Spiegel, Cecchini, Maciocia et même Jones pourront d’ailleurs profiter des conseils de la LCF. Le circuit canadien a modifié son approche dernièrement en s’impliquant davantage auprès des équipes. Le but s’avère de fournir à chaque organisation les meilleures idées qui fonctionnent à travers les clubs.

 

D’après les dires d’Ambrosie, Stern et Spiegel cadrent bien dans cette philosophie.

 

« C’est une chose qui m’a impressionné de Sid et Gary, ils veulent vraiment se joindre à ce groupe et y collaborer. Ils ne veulent pas être une entité indépendante », a raconté l’ancien joueur de ligne offensive.

 

Une belle preuve de confirmer le tout résiderait dans la présentation de la Coupe Grey à Montréal. Cet événement ne s’est pas arrêté dans la métropole québécoise depuis 2008 et la prochaine occasion de l’attirer serait en 2022.

 

« J’ai soupé avec Mario (Cecchini) lundi soir et on a abordé ce sujet. Je comprends que certains enjeux doivent d’abord être réglés en ce qui concerne le Stade olympique. Mais j’ai été très clair avec Mario, quand les Alouettes seront prêts à vouloir déposer leur candidature, je serai là pour travailler avec eux. C’est l’une des grandes villes avec un stade connu à travers le pays. La culture est attirante et les gens accueillants », a d’abord réagi Ambrosie.

 

« C’est clairement une ville dans laquelle on veut présenter une coupe Grey dès qu’on le pourra », a confirmé le commissaire qui se souvient encore très bien d’avoir assisté, grâce à une invitation, à la coupe Grey au Stade olympique lors de son année recrue en 1985.

 

Dire qu’il y a un an, Ambrosie, un homme des plus positifs, n’aurait jamais osé être aussi optimiste envers l’avenir à court terme des Alouettes.

 

« Bien sûr que j’étais inquiet, c’est une si belle ville, une belle communauté de football. C’est une pièce importante de la LCF et l’idée de pouvoir l’échapper était difficile à comprendre. Ce fut l’une des années les plus exigeantes de ma carrière, mais ça s’est conclu de belle façon avec ces nouveaux propriétaires », a-t-il dévoilé cette fois dans l’entrevue au collègue Sébastien Boucher.