André Bolduc se sentait prêt à diriger les Alouettes de Montréal
MONTRÉAL – Samedi dernier, André Bolduc était réuni à Stoneham avec toute sa famille élargie pour fêter Noël, en avance, en raison d'un voyage à venir. C'est dans ce contexte particulier qu'il a appris qu'on lui avait préféré Jason Maas pour diriger les Alouettes de Montréal.
« Les gens ont vu ma déception et c'était un peu délicat. Ça ressemblait à ‘Je n'ai pas eu le poste, mais on passe une belle journée quand même...' », a raconté Bolduc, au RDS.ca, avec sa franchise toujours appréciée.
« Ce n'est pas de l'amertume, mais de la déception, comme Québécois, de ne pas avoir eu la chance d'obtenir ce poste. J'ai vu tellement d'autres gars qui l'ont eu sur un plateau d'argent et qui se sont plantés », a exposé l'homme de football qui était persuadé d'être à la hauteur de ce mandat.
Il se sentait prêt notamment parce que, durant ses neuf années au sein du personnel des Alouettes, il a traversé les tempêtes et enduré les décisions étranges auprès de sept entraîneurs-chefs. Après avoir participé au processus pour hériter du titre, il ne pouvait pas s'imaginer rester auprès d'un huitième patron immédiat.
« Je dirais que 80% de la population aurait fait la même chose. Je ne pouvais pas m'asseoir dans mon petit bureau et continuer à faire le même travail. En attendant quoi? », a exposé Bolduc qui s'est rapidement fait embaucher par les Roughriders de la Saskatchewan en tant que coordonnateur de l'attaque au sol.
« Ce défi va me faire du bien aussi », a ajouté l'entraîneur de 51 ans qui n'avait rien de négatif à dire au sujet de Maas.
Avec sa connaissance du milieu, Bolduc ne pouvait que déduire la suite lorsque le processus d'embauche s'est étiré chez les Alouettes.
« Pendant la deuxième semaine, je commençais à sentir que ce ne serait pas moi. J'avais espoir, mais moins que les gens autour de moi », a-t-il avoué.
« Jason a été entraîneur-chef pendant quatre saisons, c'est certain que je n'ai pas ça. Mais où commences-tu sinon? Avec neuf ans dont trois saisons comme adjoint à l'entraîneur-chef, l'expérience est là. Rien ne m'aurait surpris dans ce travail autant dans la saison morte que la saison. Va falloir que quelqu'un me donne la chance un jour d'acquérir cette expérience », a analysé Bolduc.
Si ça ne s'est pas produit à Montréal, son expertise est reconnue ailleurs alors que son nouveau départ s'est pointé le nez à une vitesse fulgurante. Des contacts ont eu lieu avec Khari Jones à Ottawa et avec son autre ami Ryan Dinwiddie, à Toronto.
« Mais je me suis fait approcher par une autre organisation pour d'autres raisons. Kelly Jeffrey (le coordonnateur offensif) et Craig Dickenson (l'entraîneur-chef), ils aiment le travail que je fais. Dickenson a même analysé comment je me comporte sur les lignes de côté, ils connaissaient beaucoup de choses de moi. L'attaque au sol à Montréal, on fait des ravages depuis trois, quatre ans. Ça les intrigue de voir notre façon de faire », a partagé Bolduc qui a reçu une offre impossible à refuser.
En ayant été associé aux Alouettes si longtemps, en plus d'être père de quatre enfants, Bolduc était devenu étiqueté à cette organisation. Les Riders ont même voulu s'assurer qu'il n'allait pas utiliser leur offre alléchante pour faire monter les enchères avec les Als.
Sans surprise, Bolduc a étudié la formation des Riders avant de choisir sa nouvelle organisation et il a été convaincu par les ressources à sa disposition.
Reste à voir si les Alouettes vont davantage réaliser son importance après son départ.
« Ça va aller de soi, ça va dépendre qui va me remplacer. Mais j'ai essayé de former Luc (Brodeur-Jourdain) du mieux possible. S'il demeure avec l'équipe, il y aura une continuité. En deux ans avec moi, on se côtoyait chaque jour donc je lui ai montré comment je faisais les choses. Il m'a aidé et supporté dans plusieurs choses farfelues que je voulais tenter. C'était toujours ‘Oui, on va y arriver'. On m'avait souvent dit non avant. Il a un bon bagage et c'est un gars important pour l'organisation présentement. J'espère qu'il va réussir à s'entendre avec Danny », a témoigné Bolduc.
Brodeur-Jourdain, qui supervisait la ligne offensive en 2022, a été ébranlé par le départ de Bolduc, son allié. Il réfléchit donc à son avenir surtout que sa famille est composée de jeunes enfants. Le travail d'entraîneur est si exigeant qu'il a parfois dû dormir au Stade olympique pendant la saison.
Quant à Bolduc, ses jumelles, les plus jeunes de ses quatre enfants, entameront le CÉGEP. Ils ont donc été impliqués de près dans le processus et ils se consolent en voyant que le travail de leur père est reconnu ailleurs.
Un président à la passion débordante
Bien sûr, Bolduc a été happé par le départ du président Mario Cecchini qui n'a pas été retenu par les propriétaires.
« Je trouve ça triste. Pour lui, pour l'organisation et pour les fans aussi. Il venait aux pratiques et sur la route, il était plus qu'un président, c'est un grand passionné de son équipe. Il donnait des ballons aux enfants tous les jours. Le gars d'équipement nous disait qu'il allait manquer de ballons. C'était plus qu'un emploi pour Mario, il faisait ça par amour pour le sport et les gens. On se sentait supportés et je lui ai dit. Sa passion de tous les jours nous a fait grandir », a conclu Bolduc.
On ne veut pas mettre des mots dans la bouche de Bolduc, mais on présume que les entraîneurs se grattent parfois la tête en assistant à certaines des décisions des actionnaires.