MONTRÉAL – On aurait cru qu’une mouche, ou plutôt une guêpe géante, avait piqué Anthony Calvillo. Mais ce n'était pas une illusion d'une journée, on a découvert le nouveau Calvillo ou plutôt Coach Calvillo.

Habituellement posé et réfléchi, Calvillo a laissé parler ses émotions et son caractère à la toute fin du bilan des Alouettes de Montréal lundi.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les joueurs n’ont qu’à bien se tenir puisque Calvillo, l’entraîneur, n’a pas l’intention de leur faire de cadeau et il ne se gênera plus pour s’exprimer.

Questionné sur son invraisemblable première saison comme entraîneur durant laquelle il est passé d’entraîneur des receveurs à responsable des quarts-arrières et ensuite à co-coordonnateur offensif, Calvillo a déballé son sac.

« J’ai définitivement appris beaucoup cette saison [...]. C’était exigeant et stressant, je parle d’une pression différente de celle de joueur », a révélé Calvillo avant de s’enflammer.

« On essaie de bâtir quelque chose de spécial ici. Oui, notre dossier a été de 6-12, mais vous n’étiez pas dans ce vestiaire. Malgré toutes les distractions survenues, les gars ont joué pour les autres. Ils ont fait cela sans la vision d’un entraîneur stable et ils ont pris les choses en main avec leur expérience. Nous avons eu des ennuis, mais il régnait une entraide, ils se souciaient des leurs », a précisé l’ancien numéro 13.

Calvillo incluait une multitude de joueurs dans ce groupe dont le vétéran quart-arrière Kevin Glenn qui est venu redonner un dernier, mais insuffisant, souffle en fin de saison.

« Anthony a réussi à très bien se débrouiller même s’il est arrivé un peu comme un sauveur en changeant de poste deux fois à sa première année. Je lui lève mon chapeau tout comme je l’ai fait à l’endroit de Kevin. Ils ont démontré une grande ouverture d’esprit d’avoir accepté ces rôles », a louangé Luc Brodeur-Jourdain.

Calvillo n’avait pas fini son exposé, il s’est ensuite porté à la défense de Popp qui ne fait pas l’unanimité un peu comme lui à son époque de joueur.

« Maintenant, nous avons une vision et je suis excité parce qu’ils vont pouvoir jouer pour une raison. On aura du succès et Jim Popp sera notre meneur. Certaines personnes ne seront pas contentes, mais c’est arrivé qu’à un point de ma carrière, les gens aient souhaité un changement. L’organisation a respecté sa vision en croyant en moi. Ils savaient que mes expériences vécues allaient m’aider à surmonter le creux. C’est la même chose présentement », a exprimé le légendaire quart-arrière.

Plus passionné et incisif qu’à l’habitude dans ses propos, AC a confirmé que ce trait de caractère est ressorti dans son rôle d’entraîneur.

« Les joueurs ont fait sortir en moi quelque chose que je n’avais pas vu depuis longtemps. Quand tu essaies d’apprivoiser ton travail, tu veux trouver des manières de faire passer ton message. Parfois, tu dois te fâcher ou t’imposer. J’ai beaucoup appris cette année, j’ai retenu que je ne devais pas me la fermer. La seule façon qu’on devienne un meilleur groupe d’entraîneurs, c’est en disant ce que l’on pense », a insisté celui qui pourra raffiner et mieux implanter son système au fil des prochains mois.

Fort honnête, Calvillo a avoué qu’il regrettait de ne pas avoir suffisamment mis son pied à terre et exprimé son opinion à Turk Schonert, l’ancien coordonnateur offensif qui a été limogé en raison de ses insuccès.

Vous adhérez à la vision ou vous ne jouez pas

Calvillo a retrouvé le sourire pendant quelques secondes en parlant de ses prévisions pour le retour sur le terrain avec un groupe offensif de talent.

« Offensivement, je suis très excité. On a bâti quelque chose de spécial ici. Je l’ai dit aux joueurs, il y aura beaucoup de compétition, c’est ainsi que ça fonctionne », a-t-il confié.

Cette compétition permettra de départager les joueurs qui méritent leur place sur le terrain et ceux qui seront relégués à un rôle de spectateur.

« Je suis tanné des joueurs qui pensent que leur place est acquise, c’est un privilège de jouer pour les Alouettes. En tant qu’entraîneur, c’est notre responsabilité de les pousser et de faire en sorte qu'ils dépassent leurs limites. On va les défier physiquement et mentalement », a prévenu Calvillo qui s’exprimait devant les journalistes, mais également plusieurs joueurs présents à la conférence de presse.

Parfois perçu comme étant un homme trop réservé pour assumer les commandes d’une attaque, Calvillo a prouvé que ce n’était pas le cas. Il a utilisé l’occasion pour lancer un message aux prétendants de son unité.

« Si des joueurs ne croient pas en nos enseignements, on en discutera et ils pourront s’exprimer. Par contre, s’ils ne vont pas endosser notre vision, ils ne joueront pas tout simplement », a sommé Calvillo qui ne s’en laissera plus imposer.