En tout cas, si Kavis Reed voulait passer le message que le « job » de personne n'est assuré en ce début de camp d'entrainement, avec la décision de libérer Bear Woods, le message est certainement passé!

De toute façon, si vous voulez mon avis, dans une équipe qui vient de rater les éliminatoires pour une deuxième année consécutive et qui n'a gagné que 13 petits matchs en deux saisons, cela devrait être le cas.

Je disais pas plus tard que dimanche matin, sur les ondes d'une station radiophonique, que je ne serais pas surpris de voir les Alouettes retrancher un gros nom au camp de façon à passer un message.

Je prenais en exemple l'année de la conquête de la coupe Grey en 2002, au début de laquelle Don Matthews était devenu entraîneur-chef après une saison 2001 de misère (9-9), saison durant laquelle le bordel avait pris, et où l'année suivante, l'équipe avait décidé de faire peau neuve.

Près de 50 % des joueurs n'avaient pas été de retour cette année-là et cela avait impliqué un paquet de joueurs établis. Matthews voulait changer la culture. Pour ce faire, il devait se départir de certains joueurs, incluant certains leaders. Exemple : un de mes amis et un gars important comme Steve Charbonneau, alors un partant établi pour nous, s'était ramassé à Edmonton et nul autre que Mike Pringle avait été cloué au banc et relégué au poste de second derrière Lawrence Phillips, et ce en tout début de camp. Des gars qu'on aimait, des gars importants pour nous, leurs coéquipiers.

Des choix difficiles, des choix qui n'avaient pas été plus populaires que celui de Bear Woods hier.

Une chose est claire par contre : j'ai joué assez longtemps pour vous dire que personne n'est irremplaçable, et cela inclut Bear Woods.

Kavis Reed doit avoir un plan derrière tous les changements apportés depuis qu'il a été mis en place et je crois qu'il faut donner la chance au coureur.

En général d'ailleurs, force est d'admettre que les Alouettes forment une meilleure équipe sur papier que l'an passé à pareille date, et ce même sans Woods.

Je déplore par contre la façon dont ce dernier a appris la nouvelle, même si je peux comprendre pourquoi on a dû procéder de cette façon.

Je la déplore parce que personne ne veut apprendre qu'il est retranché à 5 h 30 du matin après un seul jour de camp. Tu ne veux faire vivre cela à personne, surtout à un de tes leaders de l'an passé.

Mais Reed devait mettre son chapeau de directeur général et voir durant le camp des recrues ce qu'il avait sous la main en termes de talent pour remplacer Bear Woods avant de le retrancher.

Deux principaux facteurs

Certains diront : « Pourquoi Woods et pas quelqu'un d'autre? » Et avec raison...

Woods avait connu toute une saison 2016. Il avait par contre deux points négatifs à son dossier quand on se met dans la peau du DG : il était connu pour avoir de la difficulté à rester en santé depuis son arrivée avec l'équipe et il était un des plus hauts salariés de l'équipe. Deux choses qui ne font pas bon ménage dans la Ligue canadienne de football.

Quand Kavis Reed a vu Anthony Sarao, ancien capitaine à USC, connaître un bon camp des recrues - un gars plus jeune, en santé et qui va coûter le tiers du prix - le choix est devenu plus facile, j'en suis sûr.

Aussi injuste que cela puisse paraître dans le cas de Bear Woods, c'est la dure réalité du sport professionnel, dans lequel les contrats ne sont pas garantis.

Libération de Bear Woods: une affaire de football ou d'affaires?

Je comprends par contre Jacques Chapdelaine de s'être dissocié de cette méthode au lendemain de sa première rencontre officielle avec les joueurs. Une rencontre durant laquelle il a sûrement dû parler de structure, de changement de culture, renforçant l'idée que le respect serait primordial et mis de l'avant.

Il n'avait donc autre choix que de prendre ses distances face à cette décision, de façon à garder la confiance des joueurs et que ces derniers continuent de croire en lui et en son message.

Je crois de plus que Chapdelaine était très sincère dans ses commentaires et qu'il n'apprécie pas du tout la méthode employée et la situation que celle-ci a créée.

La bonne nouvelle cependant, c'est que des situations injustes comme celle qu'on a vécue hier n'arrivent que rarement.

Je ne crois pas par contre que Woods sera le dernier gros nom qui passera sous le couperet avant le premier match de la saison régulière. On ne change pas la culture d'une équipe perdante sans effectuer des changements majeurs dans le leadership et dans le groupe de vétérans.

Reste à voir si les Alouettes ont fait les bons depuis six mois et s'ils continueront de les faire... Moi, en tout cas, je choisis de donner la chance au coureur.