MONTRÉAL – Le moins que l’on puisse dire, c’est que le retour de William Stanback, avec les Alouettes de Montréal, facilite la vie de l’entraîneur des porteurs de ballon, André Bolduc. 

En 2019, le puissant demi offensif avait amassé 1048 verges en seulement 14 parties avec une moyenne de 6,2 verges par portée (un sommet pour les athlètes avec plus de 40 courses). 

Mercredi matin, Stanback a raté le dernier droit de l’entraînement, mais ça ne semblait pas majeur comme pépin physique près du genou droit.  

« Un petit bobo. Après quatre jours à deux pratiques par jour, il avait un petit malaise. On le sort tout de suite quand ça arrive. On ne savait pas trop si c’était en avant ou en arrière de la jambe. On lui a seulement dit d’aller sur les lignes de côté parce qu’il ne restait que trois ou quatre jeux. Probablement que ce n’est rien de grave », a expliqué Bolduc en visioconférence. 

« C’était un peu pour ça qu’on avait annulé le deuxième entraînement (mercredi), pour donner du repos aux joueurs », a-t-il ajouté. 

La chimie s'installe rapidement chez les Alouettes

Puisque l’expérience de Stanback n’a pas fonctionné avec les Raiders de Las Vegas, Bolduc mise sur un atout de taille. Sa présence lui permet également de consacrer plus de temps à la position de centre-arrière où on aperçoit de nouveaux visages.

Les Oiseaux ont appris que Spencer Moore avait choisi de demeurer à la maison cette année car sa copine accouchera en septembre. Cette décision a ouvert la porte à l’arrivée d’Alexandre Dupuis dans le nid et Régis Cibasu doit également être intégré à cette unité auprès du vétéran Christophe Normand. 

L’ajout de Dupuis fournira une option intéressante par la passe, un rôle qui appartenait surtout à Moore. 

« Il l’a toujours fait. Il était receveur à sortie du niveau collégial. Il a fait la transition en s’entraînant et devenant plus pesant (six pieds trois pouces et 243 livres). Il amène beaucoup de muscles. C’est certain qu’on a toujours aimé lancer le ballon au centre-arrière pour surprendre et Régis peut faire ça aussi. L’idée, ce n’est pas de le faire plus, mais de le faire au bon moment », a raconté Bolduc. 

Pour revenir aux porteurs de ballon, Bolduc doit composer avec l’ajout d’un athlète international cette année en Taku Lee, un Japonais de 26 ans, qui détient un profil intéressant. Mais Bolduc doit avant tout identifier le réserviste à Stanback parmi les ressources américaines. 

« On a une belle bataille de ce côté avec Anthony Jones et Cameron Artis-Payne qui se battent chaque jour pour démontrer qu’ils sont capables de jouer dans la LCF. Souvent, ça passe par la protection de passe et ils sont très bons. Du côté canadien, j’ai Jeshrun Antwi qui sera sur la formation et qui devra jouer sur les unités spéciales. De plus, Colton Klassen lutte pour ce poste », a décrit l’entraîneur adjoint de Jones. 

Par la force des choses, la relation avec la ligne offensive est primordiale. En 2021, ce groupe repose entre les mains de Luc Brodeur-Jourdain qui est aussi passionné et perfectionniste qu’il l’était en tant que joueur. 

« (Sa présence) ça modifie mon quotidien. Luc a tout le temps de bonnes idées. C’est certain qu’on a une communication incroyable ensemble. Il nous propose des affaires et souvent, on va le changer. Khari Jones, au haut de la chaîne de commandes, est très ouvert et réceptif à ce qu’on dit. Il y a beaucoup de trucs amenés par Luc et ça fonctionne », a souligné Bolduc. 

« Ses idées sont acceptées et si parfois, ça va trop loin, on va attendre plus tard dans la saison. Il ne faut pas oublier que notre ligne partante est composée de vétérans qui roulent à plein régime. Mais notre deuxième ligne offensive est beaucoup moins expérimentée donc on ne peut pas faire les mêmes ajustements. Les jeunes apprennent vite présentement, ça va très vite », a ajouté l’entraîneur pour bien expliquer la situation. 

Quand on regarde la centaine de joueurs au camp d’entraînement, on réalise rapidement que plus de la moitié de ces joueurs n’étaient pas avec les Alouettes en 2019. En sachant que les Alouettes doivent relancer la machine après une pause de 20 mois, ça nous donne parfois le vertige à partir de notre rôle de journaliste. Mais Bolduc ne sonne guère ébranlé par le tout.  

« Il faut surtout regarder les partants en attaque et en défense en plus des joueurs qui vont se forger une place sur les unités. Ce sont presque juste des vétérans. Même si ce sont des vétérans venant d’ailleurs, la chimie est assez facile à faire. Je te donne l’exemple des deux Alex (Gagné et Chevrier), ils discutent avec les autres comme Normand et Cibasu. Oui, c’est un défi d’allier tous ces athlètes en une équipe, mais ça va se faire assez bien », a maintenu Bolduc qui a surmonté plus d’un obstacle avec les Alouettes au fil des ans. 

Bon départ pour l'ailier défensif Nick Usher

Au terme de cette quatrième journée du camp d’entraînement – et la deuxième avec des épaulettes – on a demandé à Khari Jones de nous soumettre un aperçu de quelques joueurs qui attirent l’attention dans l’organigramme. 

D’abord, sur la ligne défensive, Nick Usher évoluait sur la première unité mercredi en tant qu’ailier défensif.  

« Oh, il fait bien et je le remarque sur le terrain ce qui est toujours une bonne chose. Il se déplace bien. Je savais à quel point il était bon vu que notre équipe a joué contre lui (quand il était avec Edmonton). Mais de voir en personne à quel point il est actif et physique sur un terrain, c’est plutôt impressionnant. Il fait dérailler les choses jusqu’ici dans les stratégies offensives. Il est très solide comme joueur de foot », a confié l'entraîneur-chef alors que Sean Jamieson a été l’un des joueurs à se faire bousculer par ce colosse. 

La bataille la plus intéressante sera sans doute celle au poste de secondeur intérieur. Mercredi, c’était Ahmad Thomas qui avait la chance de se faire valoir avec les partants à la position qui appartenait à Henoc Muamba en 2019. 

« C’est encore tôt, on continue d’observer chaque option. On aime ce qu’on voit de sa part. Ce n‘est pas évident d’assimiler la LCF et particulièrement à ce poste. Il aura donc des hauts et des bas, c’est normal. Mais on voit une belle compétition avec Romeo Finley, Tre Watson et Jermaine Grace », a déclaré Jones sur Thomas qui a appartenu aux Raiders, aux Packers, aux Colts et aux Falcons. 

L’incertitude à cette position névralgique pourrait perturber quelques entraîneurs. 

« C’est excitant de voir qui prendra l’ascendant, qui comprendra le tout plus rapidement et nous rendra à l’aise de se tourner vers lui. On a quelques compétitions à des postes et c’est un peu plus difficile à résoudre sans jouer de matchs préparatoires. Mais je suis à l’aise en voyant les images de la pratique », a répondu l’entraîneur-chef. 

Justement, c’est aussi le cas pour le poste cinquième receveur qui est accordé à un athlète canadien. Les Alouettes n’avaient pas prévu que Félix Faubert-Lussier opterait pour la retraite. Par conséquent Kaion Julien-Grant profite d’une très belle ouverture et il a réussi un solide attrapé pour un touché.  

« Bien des joueurs devront s’imposer dans un rôle », a d’abord admis Jones avec un visage laissant croire que ce n’est pas l’idéal d’avoir plusieurs nouveaux partants.  

« Kaion fait partie du lot. On n’avait pas misé sur lui au dernier camp (2019) donc on le connaissait un peu moins. Il s’est joint à nous durant la saison et il a été en mesure de jouer. On devenait plus à l’aise avec lui. Il est arrivé en grande forme et il est prêt à apprendre. Quelques gars vont le défier, mais il est en avance car on le connaît plus », a conclu Jones.