MONTRÉAL – La saison 2016 des Alouettes se résume à un éternel recommencement. Dès que l’équipe sort la tête de l’eau, elle replonge aussitôt. Pour sa part, l’ailier défensif John Bowman en voulait aux arbitres pour ce résultat négatif.

Encore une fois, les Alouettes étaient en posture intéressante pour l’emporter jusqu’au quatrième quart avec un pointage de 22-18. Mais tout s’est effondré quand les Blue Bombers ont accompli une poussée offensive de 93 verges menant à un touché d’Andrew Harris.

Le problème c’est que John Bowman et Chip Cox ont donné 40 de ces verges gratuitement avec des punitions. Bowman a écopé de 25 verges de réprimande pour une réplique à un adversaire et un léger contact avec un officiel.

Après le match, il ne parvenait pas à s’expliquer pourquoi les arbitres avaient pris de telles décisions.

« J’ai été frappé en plein visage et j’ai répliqué en le poussant, mais l’arbitre n’a pas vu ça. Ça se reproduit chaque semaine, les arbitres décident ce qu’ils voient et ce qu’ils veulent imposer comme punition. C’est vrai que je ne dois pas écoper de cette punition par contre », a raconté Bowman avec frustration.

Ce n’est pas tout, les images vidéos lui donnent raison sur sa prochaine critique.

« Les gens peuvent aller regarder la vidéo (du touché de Harris), trois de nos joueurs ont été envoyés au sol illégalement par leurs gars de la ligne offensive », a relevé Bowman.

« On ne demande pas des décisions en notre faveur, on veut seulement que les arbitres prennent des décisions justes et constantes. On dirait qu’on se fait retenir à chaque match », a ajouté Bowman en se permettant une pointe aux joueurs américains de la ligne offensive des Bombers.

« S’ils sont si bons, ils devraient tous être dans la NFL », a-t-il dit.

Avec raison, la défaite est difficile à avaler pour Bowman et les autres membres de l’unité défensive des Alouettes. Après tout, ils ont alloué un seul touché en ne cédant que six placements aux visiteurs.

Bowman n’était donc pas le seul à vouloir évacuer la frustration. Dans l’entourage du vestiaire au terme de la rencontre, Kyries Hebert s’est permis cette remarque.

« Un seul maudit touché … », a déclaré Hebert en voulant mettre l’accent sur le fait que ses partenaires de l’attaque n’ont pas trouvé le moyen d’en profiter.

Inévitablement, le quart-arrière Kevin Glenn se retrouve un peu visé par ce commentaire à la suite de ses quatre interceptions. Glenn en a vu d’autres et il est capable de vivre avec les critiques.

« Ce n’est pas évident et on est des humains, ça explique pourquoi les émotions finissent par ressortir. Des joueurs ne se gênent pas pour me lancer des commentaires percutants et d’autres sont mis à l’amende pour certaines déclarations dans les médias. On devient émotifs, c’est ainsi. La meilleure chose dans cette histoire, c’est qu’on joue la semaine prochaine et qu’on peut corriger le tir », a admis Glenn avec franchise.

Quant à Jim Popp, le directeur général et entraîneur-chef, il a sèchement répondu « non » quand un collègue lui a demandé s’il avait quelque chose à dire sur la soirée de Glenn.

Tout de même un peu d’optimisme

Si le revers contre les Blue Bombers complique la vie des Alouettes, les membres de l’organisation montréalaise ne considèrent pas que la situation est dramatique.

« On a un autre match jeudi contre une équipe qu’on vient de battre aisément. On a raté une très belle occasion de gagner du terrain, on a échappé cette opportunité. Au moins, il reste encore neuf matchs à la saison dont plusieurs (quatre) contre des adversaires de notre section », a relaté Popp.

« Je suis fâché présentement parce qu’on vient de perdre contre une équipe qu’on pouvait battre, mais on a qu’à se reprendre la semaine prochaine contre Ottawa », a mentionné Bowman.

« Toutes les défaites sont coûteuses, mais ça demeure une longue saison. Quand on réunira tous nos atouts, on sera une bien meilleure formation », a assuré Nik Lewis qui a tenu des propos plus posés cette semaine.

À ce propos, Tyrell Sutton partageait la vision du receveur d’expérience qui a réussi un attrapé sensationnel, à une main, dans la défaite.

« C’est très frustrant parce que, sur papier, on est l’une des meilleures équipes de la LCF. On a d’excellents joueurs à toutes les positions. Il faut réunir tous les ingrédients ensemble », a souhaité Sutton dont le retour aidera à la cause.

Lors des dernières semaines, Lewis a souvent été virulent dans ses commentaires. Cette fois, il a choisi une approche différente.

« Si je veux être un meneur, je dois être plus positif dans mon approche. J’ai dit ce que j’avais à dire à mes coéquipiers dernièrement. On comprend la situation dans laquelle on se retrouve. Quant à moi, je peux seulement faire ce que je peux. Quand j’ai la chance d’accomplir des jeux, je dois les faire », a témoigné Lewis qui se sent capable de contribuer davantage.

Force est d’admettre que ce n’est pas évident de composer avec les réalités du métier d’athlète professionnel. Après la grande joie du triomphe convaincant à Ottawa, les Alouettes ont été replongés dans une puissante déception.

« C’est difficile ! Je ne sais pas s’il y a une autre profession dans laquelle les émotions montent aussi haut et peuvent redescendre encore plus bas quelques jours après. J’aimerais le savoir si vous en connaissez une », a conclu Glenn qui continue à apprendre même à 37 ans.