COLLABORATION SPÉCIALE

Quand je vois la fiche de 7-7 des Alouettes pour clore la saison, je trouve ça très frustrant. Montréal est une meilleure équipe que sa fiche de ,500 l’indique, mais comme Bill Parcells l’a dit : « You are what your record says you are (Tu es ce que ta fiche dit que tu es) ».

La défaite contre le ROUGE et NOIR représente tout un rappel à l’ordre. Peu importe l’adversaire, on ne peut pas enfiler l’uniforme en pensant que ce sera facile et que le match va se gagner automatiquement.

Je voulais voir les Alouettes avec une fiche gagnante... 8-6, c’est beaucoup mieux que 7-7. À domicile, ils terminent la saison avec une fiche perdante de 3-4. Je voulais voir les Alouettes terminer la saison avec deux victoires d’affilées. Il y avait beaucoup de raisons de vouloir voir Montréal l’emporter, surtout que l’équipe avait toujours une chance de terminer la saison au 2e rang de la division et d’ainsi accueillir un match éliminatoire à domicile.

Tout ça, c’est tombé à l’eau. Ottawa était dans les câbles après avoir pris un retard de 18-3 en première demie, mais les Alouettes ont finalement perdu la deuxième demie 16 à 0.

Ce n’est pas seulement de perdre le match, mais c’est surtout la façon dont le match a été perdu qui dérange.

Il faut être conscient que les Alouettes étaient sans leur receveur de passes numéro un Eugene Lewis, que le demi-offensif William Stanback a été retiré du match après la première demie, que le côté gauche de la ligne à l’attaque était privé de Philippe Gagnon et Tony Washington.

Reste que le ROUGE et NOIR arrivait à Montréal avec une fiche de 2-11. De s’écraser de la sorte en deuxième demie, c’est difficile à digérer.

On est en droit de dire que nous sommes déçus de la façon avec laquelle cette saison se termine. Il y a beaucoup de talent dans cette équipe. Oui, elle a souffert de nombreuses blessures, mais c’est l’affaire de toutes les équipes de football de négocier avec ça.

S’il y a un côté positif à cette défaite, c’est qu’il sera très facile pour Khari Jones de faire passer son message cette semaine et les joueurs seront à l’écoute plus que jamais. Il faudra redoubler d’ardeur cette semaine au cours d’une longue semaine de préparation et de récupération de neuf jours avant le duel éliminatoire contre les Tiger-Cats à Hamilton, où les Alouettes ont déjà gagné cette année lors d’une victoire en prolongation qui avait lancé une belle séquence de succès pour l’équipe.

Au-delà de la frustration qui vient avec le résultat d’hier, il ne faut pas penser que ce qui est arrivé vendredi soir sera reproduit la semaine prochaine. C’est une nouvelle saison qui commence.

Protéger le ballon et terminer les séquences

Le match de vendredi nous a rappelés qu’Il est très difficile de gagner un match de football quand on ne protège pas le ballon, même contre Ottawa.

On le répète, mais l’attaque des Alouettes doit absolument éviter les revirements, après en avoir commis 28 au cours de la saison. L’unité offensive doit également « terminer ses séquences » avec plus de succès. Si ce n’est pas le cas la semaine prochaine, ce sera rapidement «bye bye», encore une fois.

On rappelle toujours que l’équipe se classe au 1er rang en temps de possession, au 1er rang pour les verges totales, au 1er pour les premiers jeux, au 1er rang pour l’attaque au sol, mais si tu ne protèges pas le ballon et que tu ne termines pas tes séquences avec des touchés, tu n’es pas plus avancé.

Si les Alouettes veulent se rendre au but ultime, ce n’est plus une affaire de statistiques. Il faut simplement protéger le ballon et terminer les séquences, ça saute aux yeux.

Ce qui est ressorti du match d’hier, c’est un peu ce qu’on a vu durant toute la saison.

Quand on regarde froidement les sept défaites des Alouettes, il y a eu une défaite de 27-10 à domicile face aux Tiger-Cats en début de saison, où l’équipe n’était simplement pas dans le coup. Puis une autre contre Winnipeg, 31-21, où on a assisté à un bon match. Pour ce qui est des cinq autres défaites, on peut toujours trouver des situations où l’équipe s’est tirée dans le pied, c’est ça qui est frustrant. Dans plusieurs de ces matchs, les Alouettes ont été leurs pires ennemis.

Le football est un jeu d’exécution, où l’équipe qui commet le moins d’erreurs remporte souvent le match. Cette saison, Montréal a ce don de se tirer dans le pied au pire moment. Que ce soient les défaites contre Calgary, Toronto, Vancouver, Saskatchewan et Ottawa, on pourrait facilement trouver des pénalités, des revirements, des erreurs, des mauvaises décisions des entraîneurs qui finissent par coûter des victoires.

Évidemment, on ne peut pas jouer de cette façon dans des matchs sans lendemain, comme la semaine prochaine.

Objectif #1 : la santé de la ligne à l’attaque

Même si elle a été malmenée les blessures et de nombreuses rotations, la ligne à l’attaque doit retrouver son niveau de jeu, mais surtout la santé. La protection du quart-arrière sera nécessaire pour connaître des succès en match éliminatoire.

Souhaitons que les journées de préparation supplémentaires permettent à des joueurs clés comme Tony Washington et Philippe Gagnon de faire des retours au jeu, ce qui permettrait aux Alouettes de retrouver sa ligne à l’attaque #1, celle qui avait amorcé la saison et qui performait bien.

Si quelqu’un réussit à cacher les failles de la ligne offensive, c’est certainement William Stanback.

Hier encore, j’ai vu des courses de huit verges qui était initialement des courses de trois verges, mais Stanback réussissait à briser le premier contact pour ajouter trois verges, et il en ajoutait encore deux autres avec deux joueurs sur le dos. Il est tellement physique, tellement dominant, qu’il compense les problèmes de la ligne à l’attaque... pour le jeu au sol.

Car contre la passe, c’est là que les Alouettes sont exposés et très vulnérables. Au cours des sept premiers matchs de la saison, Montréal a accordé seulement neuf sacs du quart. Lors des sept derniers matchs, les Alouettes ont été victimes de 26 sacs. Un monde de différence.

Le quart-arrière Trevor Harris fait un bon travail pour dégainer rapidement, pour réduire la pression à son endroit, un peu comme le faisait Anthony Calvillo à l’époque. Harris effectue des lectures rapides, il est précis, il dégaine rapidement et il complète beaucoup de passes.

Ce qui manque présentement à l’attaque montréalaise, ce sont des jeux explosifs. Nous n’en avons pas vu lors du contre Ottawa.Khari Jones

Mais pour obtenir ces jeux explosifs, il faut du temps et de la protection pour permettre à Harris d’attaquer les zones profondes. Quand Harris a tenté de décocher une longue passe en début de match, il a feint la passe dans les zones courtes, mais il n’a jamais eu le temps d’effectuer son deuxième geste et il s’est fait ramasser.

Pour éviter les longues séquences de 15 jeux nécessitant un haut niveau d’exécution, gagner quelques gros morceaux de terrain devient nécessaire, et pour cela, la protection du quart-arrière est essentielle.

C’est là que les ennuis de la ligne à l’attaque sont les plus évidents. Pour moi, la santé du front offensif est le sujet numéro un de la semaine et une des clés pour avoir du succès lors des éliminatoires.

Une défense de championnat ?

À première vue, une défense n’a pas grand-chose à se reprocher quand elle accorde seulement 19 points.

Mais à la fin du match contre le ROUGE et NOIR, il fallait un gros jeu défensif. Si les Alouettes pensent compter sur une défense qui peut gagner un championnat, jamais ils n’auraient dû permettre au quart recrue Caleb Evans d’orchestrer une séquence de 11 jeux pour 96 verges pour marquer un touché, et en plus, de terminer le tout avec un converti de deux points pour gagner le match.

Pour une « défense de championnat », ce genre de fin de match ne devrait jamais exister.

Les Alouettes ont eu leurs opportunités sur cette ultime séquence. Une interception aurait pu être effectuée, mais deux joueurs sont entrés en contact, puis l’équipe a écopé d’une pénalité pour un contact illégal.

Opportunités ratées, pénalités au mauvais moment, encore le même refrain.

En plus, la défense a permis à Evans de compléter cinq de ses six passes pour 74 verges. À plusieurs moments dans le match, les receveurs d’Ottawa se sont démarqués et c’est simplement le manque de précision d’Evans qui a permis aux Alouettes de s’en sortir. Contre un quart-arrière plus efficace et plus précis, l’histoire aurait peut-être été différente.

Sans être trop sévère contre la défense, il faut être critique. C’est elle qui avait la chance de sceller l’issue du match. Au final, ça prenait un gros jeu et il n’est jamais arrivé.

Tout le monde a sa part de responsabilités. L’attaque n’a rien fait en deuxième demie. Jeshrun Antwi a commis deux échappés (dommage pour le kid). La défense n’a pas stoppé le ROUGE et NOIR. Le botteur David Côté a raté une transformation d’un point... et au final, on perd le match par un point.

Tout le monde doit mieux jouer, tout simplement.

Il y a de nombreuses leçons à tirer de cette défaite, mais c’est maintenant une nouvelle saison qui commence. Ce n’est pas cette fin malheureuse qui doit teinter la semaine de travail en vue des éliminatoires.

Oui, c’est inquiétant, mais c’est surtout important de ne pas s’inquiéter.