MONTRÉAL – Avec les blessures qui indisposent déjà les Alouettes de Montréal, un petit vent de panique semble s’être installé au-dessus de l’équipe alors que les partisans redoutent le pire en se fiant aux ennuis des récentes saisons.

En tant que vétéran qui en a vu de toutes les couleurs, John Bowman a tenu à calmer la situation, mercredi, après l’entraînement des siens sous un soleil de plomb.

« On dirait que tout le monde pense qu’on a une fiche de 0-13! », a lancé Bowman pour tempérer les perceptions.

« Pourtant, ce n’est que notre troisième partie de la saison et il reste encore beaucoup d’action pour trouver notre élan. On fera de notre mieux pour décrocher la victoire au prochain match, on va se battre pour ce résultat », a-t-il enchaîné avec sa conviction habituelle.

Bowman et plusieurs de ses coéquipiers pensent de la même manière. Ceci dit, le défi sera tout de même de taille en raison des absents d'importance lors de la visite des Tiger-Cats de Hamilton, vendredi soir (dès 19 h à RDS), au Stade Percival-Molson.

En sentant le sang de leur proie, les Tiger-Cats seront affamés à l'idée d'améliorer leur fiche de 1-2. Nul doute qu'ils voudront profiter du fait que les Alouettes (1-1) seront privés de plusieurs piliers comme les receveurs S.J. Green et Kenny Stafford. De plus, Rakeem Cato obtiendra le départ au poste de quart puisque Kevin Glenn est ennuyé par un problème à un œil.

Le porteur de ballon Tyrell Sutton (genou) manquera aussi à l’appel sans oublier que Luc Brodeur-Jourdain demeure sur la touche.

Heureusement pour le clan montréalais, le receveur Duron Carter devrait être à son poste alors qu’il demeure en attente du processus d’appel de sa suspension. Les médecins lui ont accordé le feu vert pour s’entraîner avec les siens et il pourra constituer une ressource inestimable contre Hamilton à moins d’un pépin de santé imprévu.

C’est donc dire que Cato entamera un match pour la première fois cette saison. Le quart-arrière a d’ailleurs confirmé l’information même si le directeur général et entraîneur-chef, Jim Popp, est demeuré plus prudent.

« Ça ressemble à ça, mais on n’a pas encore écarté Kevin du portrait pour cette partie, il a d’ailleurs participé à toutes les réunions », a mentionné Popp.

« Il y a de bonnes chances que Kevin soit en uniforme et qu’il soit employé pendant ce match », a aussi précisé Popp qui ne prévoit pas que la blessure de Glenn se prolongera.

Le rendez-vous contre Hamilton permettra donc de voir l’évolution de Cato qui dispute sa deuxième saison dans la LCF. Après une saison recrue incluant 10 départs, le quart-arrière de 24 ans semble mieux préparé pour le mandat et il avait d’ailleurs remplacé Glenn de manière convaincante, mais brève (4 jeux), contre Ottawa le 30 juin

« Il est plus vieux d’un an, il comprend mieux la LCF et il a bénéficié d’une saison morte entière pour se familiariser avec l’attaque. Il se débrouille très bien depuis le début du camp d’entraînement. Avec une année derrière la cravate, le jeu devrait ralentir devant lui. Il a toujours de belles habiletés pour lancer et créer des jeux en se déplaçant », a relevé Popp au sujet de l’évolution de l’Américain.

Avec l’ajout de Glenn en fin de saison 2015, Cato savait qu’il devrait regagner sa place de partant. Cependant, ce rôle plus effacé pourrait avoir favorisé son développement. Comme l’a reconnu Popp, Cato avait été placé dans des conditions périlleuses la saison dernière.

« Il a vraiment été envoyé dans la fosse aux lions l’an passé. Même pour tous les quarts qui veulent devenir des partants, c’était une grosse marche à franchir. Il a pu prendre du recul après sa blessure et il est maintenant entouré de quelques entraîneurs en plus de la présence d’un vétéran comme Kevin. Tout ça est très utile pour lui », a jugé Popp.

La grande question sera de déterminer si Cato peut ravir, aussi rapidement dans la saison, le poste de numéro un à Glenn.

« On prendra une décision sur ce sujet après le match qui s’en vient, mais présentement, c’est le poste de Kevin », a réagi Popp en politicien.

S’il prouve son point, Cato devra démontrer qu’il peut éviter les blessures. Son physique frêle, qui fait drôlement penser à celui de Pedro Martinez lorsqu’il était jeune, en avait pris pour son rhume à sa campagne recrue.

Sans enlever leur appui à Glenn, les joueurs des Alouettes savent que Cato jouit d’atouts très intéressants qui peuvent animer l’attaque en quête de rythme.

« Rakeem a un style un peu différent, mais il est très bon. Il est capable de sortir un peu de magie comme il l’a démontré l’an passé. Il se présente avec plus d’expérience et j’ai hâte de le voir à l’œuvre pour son premier départ », a confié le centre actuel des Alouettes, Kristian Matte.

De nouveaux receveurs en mesure de surprendre?

Quand il ne décidera pas de courir, Cato devra s’ajuster à un groupe modifié de receveurs. En effet, les pertes de Green et Stafford permettront à B.J. Cunningham de renouer avec l’action comme partant alors que Corbin Louks et Chandler Jones risquent de se partager des répétitions.

Aux dires de Matte, ces trois athlètes seront à surveiller.

B.J. Cunningham« Ce sont des gars qui veulent jouer, ils sont prêts et ils ont les aptitudes nécessaires. J’ai hâte qu’ils puissent le montrer leur talent, parce qu’ils en ont beaucoup et ils pourraient en surprendre certains de l’autre côté » a prédit le Québécois.

En particulier depuis la série de malchances de 2015, les joueurs des Alouettes réalisent que les blessures sont, pour ainsi dire, inévitables. L’objectif demeure de pouvoir se débrouiller même quand des pièces maîtresses sont confinées aux lignes de côté.

« On doit composer avec des blessures chaque année, il faut s’attendre à ça. Jim est reconnu pour dénicher du talent et ça se voit dans notre formation. En somme, je ne suis pas trop inquiet même si c’est toujours triste de voir des coéquipiers se blesser », a jugé Matte.

Si les Tiger-Cats ont causé une multitude d’ennuis aux Alouettes au cours des dernières saisons, le moment pour les affronter apparaît intéressant. La troupe de Kent Austin a perdu ses deux dernières rencontres par les pointages de 28-3 contre les Lions et 28-24 contre les Blue Bombers.

« Je sais qu’ils ont une fiche de 1-2, mais c’est une bonne équipe, c’est simplement qu’ils ont été victimes de nombreux revirements (10, le sommet de la LCF). C’est difficile de gagner dans ce temps-là et ils sont sûrement les premiers à l’admettre », a argué Popp.

« C’est un bon moment pour jouer, un point c’est tout. Je ne me soucie pas de l’adversaire », a conclu Bowman qui n’aura pas besoin d’un discours de motivation pour embrayer la machine.