MONTRÉAL – Certes, le contexte n’est pas le plus invitant, mais Jacques Chapdelaine attendait sa première occasion de diriger une équipe de la LCF depuis longtemps.

Le spécialiste de l’attaque est devenu, lundi, le 22e entraîneur-chef de l’histoire des Alouettes et le premier Québécois à assumer cette responsabilité d’envergure.

Incapable de sortir la tête de l’eau depuis trois ans, l’organisation montréalaise a choisi de modifier son plan pour se tourner vers Chapdelaine. En raison de cette période trouble qui exaspère les partisans, la venue d’un entraîneur francophone pourrait aider à calmer la tempête.

« Je ne pense pas que ce soit obligatoire. Mais, dans ce marché présentement, il y a un certain besoin de communiquer avec les gens. Si la communication peut être facilitée, ce sera positif. On veut sans aucun doute rétablir un profil plus positif au cours des prochaines semaines », a évalué l’ancien receveur.

En tant que président des Alouettes, Mark Weightman a toujours suivi la philosophie de l’organisation selon laquelle la sélection du meilleur candidat devait primer. Maintenant que Chapdelaine a répondu à ces critères, Weightman ne cache pas que sa nomination renferme des avantages.

« Chaque fois qu’on a un joueur ou un entraîneur francophone, ça nous donne toujours une occasion de plus pour se rapprocher de nos partisans. C’est clair que c’est un atout, mais il faut tout de même respecter l’ordre des critères avant tout », a témoigné Weightman.

Depuis le début de la saison, les assistances ont chuté match après match au Stade Percival-Molson et l’exclusion probable des éliminatoires n’aidera pas la cause.

Heureusement pour le club, le choix de Chapdelaine permettra de rassurer une partie des fidèles qui ne partageaient pas la vision de Jim Popp.

Durant les prochaines heures et les prochains jours, Chapdelaine continuera d’établir sa vision offensive pour le reste de la saison 2016. Ce dernier tiers de calendrier deviendra l’occasion de relancer l’attaque qui se classe à l’avant-dernier de la LCF.

À première vue, le scénario qui semble le plus probable serait qu’il obtienne le dernier mot sur la sélection des jeux tout en laissant le poste de coordonnateur offensif à Anthony Calvillo qui a encore des croûtes à manger.

« J’ai beaucoup réfléchi à cette question et il y a aura assurément des changements en attaque. J’ai eu la chance, lundi, de parler avec tous les entraîneurs dont Anthony sauf un. Mais, avant de dévoiler ce que je souhaite faire, je veux rencontrer ces gens en personne », a confié Chapdelaine.

Les modifications lui permettront de faire sentir son empreinte sur ce talentueux groupe qui peine à s’exprimer.

« Ce qui est frustrant, c’est qu’on a été capable d’avancer le ballon sur une bonne partie du terrain sans se rendre souvent dans la zone payante ou sans marquer assez de touchés. J’ai des idées sur des choses à changer », a relaté l’entraîneur d’expérience.

Le jeune quart-arrière de 24 ans, Rakeem Cato, se retrouve au cœur de cette unité. Sans exceller, son rendement a laissé entrevoir des possibilités intéressantes à condition qu’il puisse bien gérer son bouillant tempérament.

« Quand on parle de jeunes quarts, il faut essayer de comprendre leur niveau de confort avec le système offensif. On doit identifier les choses qui lui permettent de connaître du succès. Je ne veux pas qu’un jeune quart-arrière s’impose le fardeau de devoir gagner la partie, mais il doit décider quels joueurs devront l’aider à accomplir ce défi », a témoigné Chapdelaine.

Véritable chirurgien offensif à son époque de quart-arrière, Calvillo exigeait peut-être trop de ses protégés tout en se fiant peu sur son porteur de ballon, Tyrell Sutton.

En constatant que Chapdelaine est passé du rôle d’entraîneur des receveurs à celui d’entraîneur-chef, on peut se demander pourquoi il n’a pas hérité du poste de coordonnateur offensif pour la saison 2016.

« C’est très facile de relever des erreurs après le coup. C’est facile de critiquer, mais quand on a pris les décisions, on croyait que c’était les meilleures. On a passé très près de gagner plusieurs matchs », a tenu à dire le propriétaire et gouverneur, Andrew Wetenhall.

L’ascension de Chapdelaine comme entraîneur-chef ne rimera pas nécessairement avec un changement de garde pour 2017. Il s’agira de la dernière année du contrat de Popp comme directeur général et il pourrait bien poursuivre son association avec les Alouettes si l’on se fie au discours élogieux de Wetenhall.

« Ce serait difficile de ne pas avoir confiance envers l’homme qui a été sans contredit le directeur général à connaître le plus de succès dans la LCF », a-t-il conclu avec une réponse qui ne plaira pas à tous les partisans.