SHERBROOKE – Malgré sa charpente de 311 livres, Philip Blake a l’impression de flotter sur le terrain ces jours-ci. N’ayant pas pu disputer un seul match régulier au cours des trois dernières années durant son séjour dans la NFL, le joueur de ligne offensive ressent un profond soulagement même s’il doit s’astreindre à la rigueur du camp d’entraînement des Alouettes de Montréal.

Bien sûr, le Canadien de 29 ans aurait adoré réaliser son rêve de s’établir dans le circuit américain, mais il a plutôt dû se contenter d’un rôle de spectateur. Son expérience s’est limitée à des matchs préparatoires dans l’uniforme des Broncos de Denver – qui l’ont repêché en quatrième ronde en 2012 – ainsi qu’avec les Cardinals de l’Arizona.

Libéré par les Cards en août dernier, Blake a été contraint de passer la saison 2014 hors des terrains de football. Ce n’est donc pas étonnant de le voir exprimer sa grande joie depuis que les Alouettes l’ont contacté pour lui accorder un contrat de trois saisons.

« Je suis vraiment heureux d’avoir obtenu cette occasion avec les Alouettes », a confié cet athlète posé avec le sourire estampé sur sa bouille sympathique.

Évidemment, le colosse, qui a défendu les couleurs de l’Université Baylor en compagnie de Robert Griffin III, était comblé quand les Alouettes lui ont consenti un contrat de trois ans, mais il aurait accepté plusieurs propositions. 

« Peu importe qui était intéressé à moi, je voulais revenir au football, j’aime tellement ce sport », a convenu l’athlète ontarien qui bûchait à l’entraînement près de son domicile au Texas avant de recevoir l'appel attendu.

Blake peut bien se réjouir parce qu’il a non seulement hérité de la confiance de l’organisation montréalaise, mais les dirigeants souhaitent lui confier rien de moins qu’un rôle crucial de partant sur la ligne offensive.

Même pour un naturel qui a convaincu les Broncos de le repêcher, la mission s’annonce éprouvante à la suite d’une période d’inaction de cette durée.

« Je dois retrouver mon rythme et délier mon corps un peu. Le jeu de pieds doit revenir à son niveau ce qui prend un peu de temps », a admis Blake qui se dit toutefois confiant de disputer tous les matchs à condition d’éviter les blessures qui pourraient le guetter.

Les Alouettes débordent de confiance envers ce nouveau venu au point qu’ils ont échangé le garde Ryan Bomben pour lui octroyer son poste.

Philip Blake

« On lui donnera une vraie opportunité de s’emparer d’un rôle de partant sur la ligne offensive. Il est très fort, il a été bon au camp des recrues et on verra comment il se comportera tout au long du camp », a confirmé le directeur général Jim Popp.

Quand il repense à la situation dans laquelle il était empêtré il y a quelques mois, Blake a démontré sa reconnaissance envers l’état-major des Alouettes.

« Ça veut dire beaucoup à mes yeux parce que je reviens de loin avec ce que j’ai dû traverser. C’est toujours ce que l’on recherche, on veut être un partant. Je suis heureux de cette opportunité », a déclaré celui qui arbore le numéro 68.

Sa valeur a rapidement été remarquée par les autres membres de la ligne à l’attaque des Oiseaux, comme en témoigne le centre Luc Brodeur-Jourdain.

« Je suis très étonné par lui, il a les qualités qu’on recherche chez un garde en commençant par une bonne épaule. Il peut entrer dans le bloc et il est physique. Je suis très satisfait de ce que j’ai senti jusqu’à maintenant. Il est aussi réceptif et attentif; vraiment je suis impressionné », a-t-il décrit à propos de celui qui devrait se retrouver à sa droite.

Tout de même, les Alouettes ont démontré de l’audace en allant de l’avant avec ce plan. C’est encore plus vrai puisque la profondeur à cette position de mastodontes demeure mince. À vrai dire, Ryan White – qui constitue le seul autre membre à détenir de l’expérience à cette position déterminante – a subi une blessure à la première journée du camp d’entraînement.

Cette situation n’effraie pas Brodeur-Jourdain, qui remarque le potentiel de la relève.

« Honnêtement, ça fait longtemps que je n’ai pas senti autant de qualité au sein de notre groupe. Je regarde les joueurs présents et personne n’a pas rapport sur le terrain avec nous. Dans le passé, on pouvait voir qu’un ou deux joueurs n’étaient pas prêts, mais là on voit du haut calibre et ça mènera sûrement à des décisions difficiles vers la fin du camp », a indiqué LBJ.

Blake ne risque pas d’écoper lors de ce coup de la guillotine contrairement à certains joueurs moins expérimentés. Malgré son passage dans la NFL, le statut de recrue est accolé au joueur qui a l’impression d’avoir embarqué dans une machine à remonter le temps.

En effet, Blake avait été repêché au troisième tour en 2011 par les Alouettes sans jamais se rapporter à l’organisation afin de poursuivre son rêve américain. Quatre ans plus tard, Blake est donc revenu effectuer ses premiers pas dans le giron des Alouettes. Mais ce n’est pas tout, il a savouré ce moment sur le même terrain où il a évolué au niveau collégial avec les Cougars de Champlain.

« En plus, je reviens à Lennoxville où j’ai joué au Cégep. Ça fait environ 10 ans que je n’étais pas venu ici », s’est réjoui Blake qui a pu renouer avec des anciens coéquipiers et entraîneurs.