MONTRÉAL – Jim Popp persiste et signe, le dossier de Noel Thorpe ne constituera pas une distraction pour les Alouettes de Montréal et il admet que cette histoire n’aurait pas dû se retrouver dans les médias.

Sans surprise, le directeur général et entraîneur des Alouettes a été invité, lors du dîner médiatique des entraîneurs, à se prononcer sur cette épine que le club montréalais traîne depuis le mois de décembre.

Popp a été le messager par défaut puisque Thorpe est retourné dans la région de Vancouver en raison du décès de sa mère.

« Ce sont des situations qui surviennent pratiquement chaque année dans la plupart des organisations. À mon avis, c’est tout simplement malheureux que ce soit devenu connu des médias », a fait remarquer Popp.

« Les gens ont immédiatement voulu savoir comment ça affecterait l’organisation. Ça n’a rien changé à mes yeux. J’ai une bonne relation avec lui, j’ai parlé aux autres entraîneurs et ils n’ont aucun problème avec ça. Après tout, il n’y a pas eu de différend au sein du groupe. C’est comme un bump on the road, ou un nid-de-poule pour la réalité montréalaise. Ça n’a jamais été à propos d’une histoire entre lui et moi », a-t-il ajouté.

Après avoir commencé une réponse sur un autre sujet, Popp s’est arrêté pour ajouter une précision.

« Par contre, je dois dire que nous aurions pu mieux faire certaines choses et mieux communiquer dans cette situation », a admis le dirigeant.

L’occasion a également permis à Popp de présenter sa vision en ce qui concerne Duron Carter. Ramené dans le nid des Alouettes, Carter n’a pas fait l’unanimité lors de son premier séjour à Montréal si bien que certains doutes ont été soulevés.

Quand on demande à Popp s’il souhaite retrouver un athlète plus mature après son stage avec les Colts d’Indianapolis, il vise dans une autre direction.

« J’espère surtout qu’il sera aussi bon que lorsqu’il est parti d’ici. Je n’ai jamais eu un problème avec lui. Je trouve toujours ça bizarre de voir deux ou trois joueurs le critiquer sous le couvert de l’anonymat comme s’ils représentaient toute l’équipe, ce n’est pas toujours le cas », a commenté Popp qui place Carter parmi les meilleurs receveurs qu’il a vus en 25 ans de carrière.

« Il y aura toujours des gens qui ne seront pas aimés de tous. Ça peut aussi être le cas pour un entraîneur », a-t-il enchaîné.

Popp reconnaît que Carter est un « personnage », mais il le trouve extrêmement futé.

« Il est aussi une personne très intelligente. Je considère qu’il est l’un des joueurs les plus intelligents de l’équipe. Certains ont osé dire qu’il ne doit pas être très intelligent étant donné que ça n’a pas fonctionné à l’école. Ce n’est pas la raison dans son cas. Son quotient intellectuel est très élevé », a insisté le DG.

Duron Carter« Il va débattre avec toi sur tous les sujets que ce soit la convention collective ou le jeu vidéo Madden et il a raison la plupart du temps », a maintenu Popp sur un trait de caractère qui a pu en déranger plusieurs.

L’autre problème qui se pose avec le retour du fils du renommé Cris Carter, c’est la distribution du ballon qu’il devra partager avec S.J. Green, Tyrell Sutton et Nik Lewis notamment.

« S.J. doit aborder les choses en se disant que l’adversaire ne pourra pas lui accorder autant d’attention avec la présence de munitions dangereuses autour de lui », a décrit Popp.

Le patron des Alouettes n’a pu s’empêcher de reculer dans le temps pour évoquer une situation qui avait mené un receveur trop exigeant à quitter Montréal.

« Je peux vous rappeler le contexte de Jeremaine Copeland qui partageait le terrain avec Ben Cahoon. Il voulait être payé autant et avoir le ballon plus souvent que Ben. Si tu n’aimes pas la situation, tu es mieux d’aller jouer ailleurs, je lui avais dit de partir. Il l’a fait et il a continué d’être un joueur vedette », a évoqué Popp.

Mais ce n’est pas tout, Carter devra aussi faire preuve de partage avec Kenny Stafford, son cousin, qui a joué pour les Alouettes en 2014.

« Il est ici parce qu’il aime jouer ici et il sait qu’on ne voulait pas se départir de lui. Il comprenait la situation. Je ne voulais pas le laisser partir en raison de son potentiel. Il serait le premier à dire qu’il a grandi et que ce fut bénéfique pour lui d’aller ailleurs. Quand il est devenu joueur autonome, il m’a appelé pour savoir si j’étais intéressé. Je lui ai répondu "tu sais qu’on te veut" », a confié Popp.

En référence à ce désir de Stafford de revenir à Montréal, Popp s’est permis de lancer une flèche à Ted Laurent, le convoité joueur de ligne défensive, qui a décidé de demeurer à Hamilton.

« Ted dit toujours qu’il viendra jouer ici parce que sa mère est ici, mais ça n’arrive jamais! »

Calvillo à la barre de l’équipe un jour?

La dernière fin de semaine a permis à Popp et ses recruteurs d’évaluer la mouture du prochain repêchage de la LCF dans le cadre des évaluations physiques.

Les Alouettes auront le privilège de repêcher au deuxième rang pour la première fois depuis leur résurrection en 1996. Par contre, la représentation canadienne présente au sein de l’organisation ne forcera pas les Oiseaux à garder cette sélection. Après tout, bien des joueurs de premier plan ont été repêchés tardivement comme l’a rappelé Popp en citant Scott Flory et Luc Brodeur-Jourdain.

Popp et ses acolytes doivent aussi évaluer la réalité grandissante des joueurs qui entretiennent des aspirations pour la NFL.

« Il faut le dire, notre repêchage est plutôt fou dans le sens que ce ne sont souvent pas les meilleurs joueurs qui sont repêchés au sommet », a reconnu Popp qui a déjà osé ce pari avec David Foucault et Vaughn Martin qui reviendra enfin avec les Alouettes, cinq ans plus tard.

Le Québécois Mehdi Abdesmad, qui rêve de s’établir dans le circuit Goodell, pourrait attirer les Alouettes cette fois.

La sélection d’un bloqueur à gauche pour ajouter du renfort à la suite de la perte de Josh Bourke semble prévisible. Cela dit, Popp a énuméré plusieurs candidats possibles comme Jacob Ruby, Philip Blake, Jeff Perrett, Jake Piotrowski, Ryan White, Vincent Brown et Forrestal Hickman.

Peu importe qui sera l’élu, son rôle sera important pour assurer la protection du vétéran quart-arrière Kevin Glenn qui dirigera l’attaque montréalaise en 2016. Glenn devra toutefois demeurer en santé alors que les quarts des Alouettes sont tombés comme des mouches la saison dernière. Anthony Calvillo

Glenn pourra compter sur l’expertise d’Anthony Calvillo qui entamera sa première saison comme coordonnateur offensif. Déjà, les observateurs le voient comme le futur entraîneur-chef.

« On veut tous que nos gens puissent atteindre le niveau qu’ils désirent. Je retire du plaisir à voir tous les gars qui sont passés par notre organisation et qui ont obtenu des promotions ailleurs. Je ne peux pas vous dire le nombre exact, mais l’an passé, nous étions à 65 personnes (joueurs, dirigeants et entraîneurs) qui y sont parvenues », a répondu Popp en détournant un peu le sujet.

« C’est vrai que ça peut affecter mon travail et notre équipe, mais je veux que les gens obtiennent du succès », a mentionné Popp en songeant tout de suite à Marcel Desjardins, l’architecte du Rouge et Noir d’Ottawa.

Mais Jim, la question portait sur Calvillo.

« Oui, j’espère qu’il le sera un jour, mais je n’ai aucune idée du moment », a conclu Popp.