MONTRÉAL – Johnny Manziel fait parler de lui partout où il passe et son prochain arrêt est Montréal. Si la notoriété dont il bénéficie pour son introduction à la Ligue canadienne de football ne fait pas que des heureux, personne ne doute du cachet excitant de son arsenal.

 

Comme il fallait s’y attendre, quelques joueurs des Argonauts de Toronto n’ont pas hésité à invectiver « Johnny Football » lors de ses débuts avec les Tiger-Cats de Hamilton. Manziel ne s’est pas gêné pour le dire publiquement, il ne se laissera pas marcher sur les pieds dans la LCF.

 

Cette sortie n’empêchera pas certains membres des Alouettes de vouloir le déconcentrer.Jesse Joseph

 

« J’aime le trash talk peu importe l’adversaire. Ce sera toujours un élément important dans le sport. Si tu ne le fais pas, je me demande à quel point tu aimes le jeu », a répondu l’ailier défensif Jesse Joseph qui n’a pas caché ses intentions.

 

Petite anecdote intéressante concernant Joseph, il a déjà réussi un sac dans la NCAA aux dépens de Robert Griffin III. Le Québécois serait bien heureux d’ajouter Manziel à son tableau de chasse.

 

« C’était le premier sac de ma carrière au niveau universitaire. Donc ça me ferait quoi, deux gagnants du trophée Heisman? », a répondu Joseph en souriant.

 

Bien sûr, l’enjeu est plus vaste. Les athlètes, américains ou canadiens, qui sont parvenus à s’établir dans la LCF, ne raffolent pas des joueurs qui héritent d’une attention si spéciale. À titre d’exemple, Tyrell Sutton a dû bûcher pour se hisser parmi les meilleurs porteurs de ballons de la LCF après un passage dans la NFL.

 

« Tout le monde obtient des occasions de différentes façons. On lui souhaite qu’il soit capable de la saisir et de s’établir. En même temps, il doit comprendre la nature du football canadien. Au final, il profite d’une meilleure chance que plusieurs personnes ont pu avoir », a commenté Sutton.

 

« Il y a des gros noms partout dans la LCF, on ne peut pas s’arrêter juste à lui et dire que ce gros nom s’en vient. Sans lui ou avec lui, il y a de bons joueurs dans toutes les équipes. C’est vrai que beaucoup de gens disent ‘Oh Johnny Manziel s’en va dans la LCF’. Mais, comme adversaire, on ne se soucie pas du tout de ça, on affronte les Tiger-Cats », a tenu à préciser Joseph.

 

Patrick Lavoie ne se sent pas concerné par tout ce débat.  Patrick Lavoie

 

« Pour vrai, ce n’est pas pour moi », lance-t-il en souriant. « Je ne veux pas dire que la LCF essaie de faire quelque chose de gros avec ça. Le jeune a du talent, la vraie question c’est que plein d’autres gars sont arrivés avec beaucoup de talent. J’admets que les gens aiment le voir parce qu’il a une capacité à fuir la pression et étirer des jeux, c’est le fun à regarder. »

 

« Il y a toujours eu beaucoup de gars qui sont arrivés de la NFL avec un gros engouement à la suite de leur carrière là-bas. Ça ne me dérange pas, c’est normal. Les gens sont emballés de voir des gars qui ont été excitants dans la NFL et ils se demandent s’ils vont en faire autant ici », a constaté Lavoie, un vétéran qui en sera à sa septième saison dans le circuit canadien.

 

Inévitablement, on sent que ce dossier suscite la curiosité chez les Alouettes. On a d’ailleurs eu vent que des membres de l’organisation ont bien ri en voyant que des médias se rendaient jusqu’à dévoiler les statistiques des passes complétées de Manziel d’un entraînement quelconque comme la deuxième pratique du quatrième jour du camp d’entraînement.

 

Ayant été à la base de son recrutement pour l’Université Texas A&M, l’entraîneur Mike Sherman sera sans doute le dernier à taper sur la tête de Manziel même qu’il aurait bien aimé compter sur lui pour piloter son attaque. Sherman a apprécié les débuts de son ancien protégé dans la LCF.

 

« J’ai eu la chance de le regarder jouer et je trouve qu’il a fait plusieurs choses à la Johnny Manziel. Il parvenait à se détacher de la pression pour réussir des jeux avec ses pieds et ses mains. Je pense qu’il a fait un bon travail », a jugé l’entraîneur qui le croit capable de s’habituer aux rigueurs du football canadien en peu de temps.

 

« Il m’a semblé pas mal confortable l’autre jour. J’ai été un peu surpris par ça. En fait, il a paru pas mal plus confortable que j’ai pu avoir l’air pour mon premier match dans la LCF. Je crois qu’il va bien s’en sortir. »

 

Plusieurs joueurs, comme Sutton, auront plutôt besoin d’être convaincus.

 

« Je connais son style, mais il y a un bon quart-arrière (Jeremiah Masoli) devant lui. Tu ne peux pas sauter par-dessus un joueur seulement grâce à ton nom. Il doit prouver qu’il peut lancer ce ballon du côté large pour six petites verges et comprendre les couvertures qui ne sont pas pareilles. C’est un monstre différent de la NFL. En espérant qu’il se bâtisse une carrière, qu’il puisse faire ce qu’il aime et qu’il n’attire pas trop d’attention négative sur lui », a mentionné Sutton.

 

Une occasion importante pour Poulin

 

Si Jean-Gabriel Poulin trouve excitant de pouvoir affronter Manziel, il sait qu’il aura bien d’autres choses à se soucier contre Hamilton. Ce deuxième match préparatoire sera déterminant quant à son statut pour le lancement de la saison 2018.

 

« Coach Donovan me fait confiance jusqu’à présent, il m’a donné beaucoup d’occasions pour montrer ce que je peux contribuer sur les unités spéciales. J’espère le prouver samedi pour solidifier un rôle sur cette unité. En défense, on a tellement de bons joueurs que ça me donne plus de temps pour assimiler ce système », a exposé Poulin qui a été repêché ce printemps, en troisième ronde, en provenance de l’Université Western.

 

« C’est vraiment un grand travaillant comme on avait pu le constater sur les vidéos. Il est très physique et intelligent », a observé Mickey Donovan, le nouveau coordonnateur des unités spéciales.Jean-Gabriel Poulin

 

Même s’il avait fait ses devoirs, l’entraîneur Mike Sherman a constaté l’immense impact des unités spéciales dans le premier match préparatoire des siens. Pas étonnant que cette facette soit au cœur des entraînements des Alouettes surtout que plusieurs joueurs sont épiés dans cette mission. 

 

« Il faut obtenir des répétitions pour se démêler dans tout ça et l’entraîneur nous donne la chance de le faire. Mardi, on a eu 41 répétitions pour les bottés de dégagement, c’est vraiment considérable et les gars en avaient besoin », a précisé Donovan qui doit rappeler, tous les jours, des éléments techniques à ses ouailles.

 

Donovan a tenu à vanter l’apport de Stefan Logan, le spécialiste des retours des Alouettes. À son avis, Logan se classe toujours parmi l’élite.

 

« Je considère qu’on a encore le meilleur du circuit. C’est le meneur de notre groupe et c’est bien quand c’est le retourneur qui assume ce rôle », a-t-il conclu à propos de Logan qui n’a pas été aussi dominant en 2017.