Ça fait longtemps que vous vous interrogez à savoir quel est le plan de contingence des Alouettes en l’absence d’Anthony Calvillo? Et bien vous obtiendrez enfin une partie de la réponse jeudi soir.

Dépouillés de leur vétéran quart-arrière, qui souffre d’une commotion cérébrale, les Montréalais remettront en effet les commandes de l’attaque à Josh Neiswander à l’occasion de la visite des Lions de la Colombie-Britannique.

Neiswander, qui a été appelé en relève à Calvillo samedi face aux Roughriders de la Saskatchewan, en sera à son premier départ dans la LCF. Le jeune quart de 26 ans n’a peut-être pas offert une performance impressionnante dans la défaite de 24-21 des siens, mais on a quand même été témoin de certaines belles choses de sa part.

L’athlète originaire du Texas a d’abord connu sa part de difficultés sur les passes profondes. Il a tenté une dizaine de ces relais sans toutefois en compléter un seul, bien que S.J. Green se soit retrouvé libre de couvertures en quelques occasions.

Neiswander n’est donc pas muni d’un bras canon, mais lorsqu’on lui demande de commander une attaque de type West Coast, c’est-à-dire contrôler le temps de possession au moyen de lectures et de passes rapides, il est en plein dans sa zone de confort.

Lorsqu’il a été en mesure d’effectuer ses lectures de la défense adverse avant que le ballon lève, il a connu du succès, parvenant au passage à faire avancer les chaîneurs. Tout ce dont il a maintenant besoin c’est du temps, car après tout, les quarts dans cette ligue ne peuvent pas tous être des Bo Levi Mitchell (Stampeders) ou des Zach Collaros (Argonauts).

Rappelons-nous que Calvillo a connu des débuts atroces dans la LCF avant d’obtenir sa chance et de gagner en expérience. Les succès ont suivi.

Pour Neiswander, il importe donc pour l’instant de développer la chimie et le synchronisme avec ses partenaires en attaque. Il y a tellement de choses à gérer pendant un match pour un quart-arrière que ça prend d’abord l’expérience pour être bon.

Déjà, Neiswander aura bénéficié d’une semaine complète d’entraînement aux commandes de la première unité offensive de l’équipe, ce qui n’est pas à négliger. Se préparer comme si tu allais jouer et se préparer en sachant que tu seras le quart partant, c’est loin d’être la même chose.

Contre les Lions, Neiswander sera rapidement mis à l’épreuve, lui qui sera confronté à la défense qui accorde le moins de verges au total par match et la meilleure du circuit contre le jeu aérien. Cette unité sera difficile à percer et les Alouettes se devront de privilégier le jeu au sol s’ils espèrent l’emporter.

N’empêche, espérons que Calvillo ne sera pas retenu sur les lignes de côté trop longtemps, car c’est clairement lui qui offre la meilleure des chances aux Alouettes de l’emporter.

Un autre gros morceau

J’ai toujours cru que le joueur le plus important au sein d’une équipe de football est le quart-arrière et que le deuxième est son bloqueur à gauche. Privé de leur maître d’orchestre, les Alouettes devront aussi composer sans son garde du corps Josh Bourke, qui ratera lui aussi le match face aux Lions en raison d’une blessure à la jambe droite.

En nomination pour le titre de joueur de ligne offensive par excellence de la LCF deux années de suite, Bourke a raflé cet honneur il y a deux ans. C’est donc une perte extrêmement importante pour les Alouettes, qui doivent déjà se débrouiller sans les services d’Andrew Woodruff et Scott Flory, deux autres partants de la ligne à l’attaque. En perdre un troisième, ça pèse lourd, très lourd.

Pour l’instant, le nom de Bourke n’a pas été placé sur la liste des blessés pour neuf semaines, ce qui est une bonne nouvelle, mais son absence se fera certainement sentir.

Au football, il y a certaines unités où il est capital d’avoir une cohésion et une communication au beau fixe. Je pense entre autres aux demis défensifs, mais surtout aux membres d’une ligne à l’attaque qui doivent travailler de concert pour lire la stratégie de la défense adverse et s’adapter en conséquence. J’ai bien hâte de voir comment tout cela va s’orchestrer entre Michael Ola, le remplaçant de Bourke, et le gars qui se retrouvera à ses côtés, probablement Kristian Matte.

De moins en moins d’armes

À ces deux absences de poids en attaque s’ajoute celle du receveur Brandon London, lui aussi incommodé par une commotion cérébrale. Déjà qu’on doit composer sans Jamel Richardson et Brandon Whitaker, c’est donc une autre arme de moins dans l’arsenal offensif montréalais.

Même s’il ne connaît pas le début de saison attendu, comme la plupart des receveurs de l’équipe à l’exception de Green, London demeure une pièce maîtresse de cette unité.

Ciblé lors d'une passe sur deux samedi, Green risque donc d’être sollicité encore plus. Il serait toutefois avisé de distribuer davantage le ballon à l’ensemble des receveurs. Je pense notamment à Arland Bruce III, qu’on n’a presque pas vu lors du dernier match, un non-sens à mon avis. Il faut impliquer à tout prix.

Tant qu’à parler de mauvaises nouvelles, mentionnons aussi que le nom de Martin Bédard vient d’être placé sur la liste des joueurs blessés pour neuf semaines. On ne parle peut-être pas beaucoup du spécialiste des longues remises des Alouettes, mais c’est un autre gros morceau que perd l’équipe.

Je ne me souviens pas d’avoir vu Bédard rater l’une de ses remises depuis qu’il s’est joint aux Alouettes. Ça peut paraître anodin pour bien des gens, mais lorsque les longues remises laissent à désirer, le rendement des unités spéciales en est directement affecté. Le positionnement sur le terrain de l’équipe est en partie attribuable à son travail.

Heureusement, Patrick Lavoie est venu en renfort à Bédard la semaine dernière et a accompli du bon boulot.

Sans Hebert

Comme si ce n’était pas assez, les Alouettes seront de plus dépouillés de leur meilleur joueur en défense cette saison et de leur plus sérieux candidat au titre de joueur par excellence de l’équipe en Kyries Hebert.

Le secondeur fait tout sur le terrain, que ce soit réaliser énormément de plaqués, forcer des revirements ou réussir des sacs du quart. C’est sans oublier son travail sur les unités spéciales, où telle une bête féroce, rien ne résiste sur son passage.

C’est aussi tout un leader dans le vestiaire. Il ne perdra peut-être pas ce rôle, mais il n’aura certainement pas le même impact que s’il était sur le terrain.

Pendant les pratiques ou les réunions, il est toujours à 100 milles à l’heure et 100 % engagé dans ce qu’il fait. J’espère sincèrement que c’est le joueur dont les Alouettes seront privés le moins longtemps, car cette défense, qui a affiché beaucoup d’aplomb face aux Riders samedi, devra exceller jusqu’à la fin de la saison pour soutenir une attaque qui connaît sa part de difficulté.

La défense des Alouettes a en effet été impressionnante en Saskatchewan, alors que la ligne défensive a remporté la bataille des tranchées face à une ligne à l’attaque qui reçoit des éloges aux quatre coins du circuit depuis le début de la campagne. L’explosif porteur de ballon Kory Sheets a ainsi été contenu, alors que le quart-arrière Darian Durant a été frappé à plusieurs reprises.

À ce front défensif qui va déjà bien, les Alouettes ont ajouté un vétéran en vue du match de jeudi. Anwar Stewart, mis sous contrat la semaine dernière, effectuera en effet un retour au jeu face aux Lions.

Je ne m’attendais pas à ce que Stewart soit en uniforme aussi rapidement ou même qu’il soit utilisé dans un match cette saison. C’est donc signe qu’il est en bonne condition physique. Personne ne doutait de Stewart à cet égard, mais disons que de garder la forme à 37 ans ce n’est pas la même chose qu’à 22 ans.

C’est un éloge à son éthique de travail et au sérieux qu’il amène. Il ne serait pas en uniforme s’il n’était pas en mesure de jouer. Quand je regarde la liste des blessés, je ne vois aucun joueur de ligne défensive. Ce n’est donc pas pour venir en relève à quelqu’un, mais plutôt parce qu’il le mérite.

Face aux Lions, la défense des Alouettes sera confrontée au quart Travis Lulay. Après avoir mené les siens au match de la coupe Grey il y a deux ans et conduit les Lions vers une fiche de 13-5 l’an passé, Lulay en arrache un peu plus cette année, surtout en début de rencontre. Plus souvent qu’autrement, les Lions demeurent dans le match grâce à leur défense. Ce sera aux Alouettes de s’approprier rapidement les commandes.

Les hommes de Jim Popp devront surtout avoir à l’œil le porteur de ballon Andrew Harris, le joueur le plus polyvalent de la LCF à mes yeux. Très rapide, il peut aussi bien courir qu’attraper le ballon ou effectuer de bons blocs. Un genre de Brandon Whitaker.

Guidés par Josh Neiswander, les Alouettes ont donc tout un défi à relever, mais pourquoi pas donner la chance au coureur?

*Propos recueillis par Mikaël Filion