La victoire des Alouettes face aux Stampeders était d’une importance capitale considérant que les Argonauts de Toronto avaient battu Vancouver et que les Tiger-Cats de Hamilton avaient vaincu Edmonton.

On parle souvent des matchs contre les équipes de l’Est qui sont toujours très importants. Mais si les formations de l’association des Alouettes commencent à gagner contre les équipes de l’Ouest, tous les matchs vont devenir très importants pour le classement.

Les Alouettes ont donc fait ce qu’il avait à faire pour garder le rythme avec Toronto et Hamilton.

Les Stampeders étaient privés de plusieurs joueurs vedettes : le quart-arrière Bo Levi Mitchell, le porteur de ballon Jon Cornish, l’ailier défensif Charleston Hughes et le receveur Marquay McDaniel. Mais ça, c’est le problème des Stampeders et non celui des Alouettes. Une équipe affronte toujours celle qui se présente et les Alouettes ont battu celle qui s’est amenée à Montréal.

J’ai beaucoup aimé la façon dont les Alouettes ont protégé le ballon. L’attaque et les unités spéciales n’ont pas été victimes de revirement. On a joué du football propre. L’équipe a été disciplinée avec seulement cinq pénalités pour 35 verges.

On réclamait depuis un moment plus d’équilibre en attaque et ce fut le cas dimanche. Après le premier quart, c’était 6 courses et 10 passes. À la mi-temps, on comptait 14 jeux au sol et autant de jeux aériens. À la fin du troisième quart, l’unité offensive avait effectué 24 courses et 25 passes. À l’issue du match, on dénotait 33 courses et 29 passes.

Bref, on a gardé l’équilibre tout au long de la rencontre. Félicitations au coordonnateur Ryan Dinwiddie pour ce changement de dynamique. On avait critiqué sa sélection de jeux. Je pense qu’il a dû faire une certaine auto-évaluation. Il a probablement réalisé qu’il devait faire des choix pour mieux équilibrer l’attaque.

Jonathan Crompton n’est pas un vétéran. Ce n’est pas un Anthony Calvillo aux commandes d’une attaque qui prône le jeu aérien.

C’est un apprentissage de devenir un sélectionneur de jeux surtout quand tu es un ancien quart-arrière, comme c’est le cas pour Dinwiddie. Un quart aime lancer le ballon. Alors, c’est ce qui prend le dessus et un coordonnateur peut alors faire moins confiance au jeu au sol.

Je dis parfois à la blague qu’un sélectionneur de jeux qui est un ancien quart, ce n’est pas toujours plaisant pour un joueur de ligne offensive parce que tu sais que l’attaque va lancer souvent le ballon. C’est une petite farce, mais ça demeure quand même un peu la réalité.  

Jonathan CromptonL’équilibre a été bénéfique pour toute l’équipe des Alouettes. La preuve : les rôles ont été inversés cette semaine. La semaine dernière, les Eskimos avaient eu le ballon pendant 38 minutes contre 22 pour les Montréalais.

Dimanche, les Alouettes ont eu la possession du ballon pendant 37 minutes contre 23 pour les Stampeders. Cela protège ton unité défensive et elle reste fraîche et dispose. On l’a vu lors du quatrième quart alors que ce fut à ce moment que la défense a le mieux performé.

Il y a eu une interception de Geoff Tisdale. Ensuite, deux échappés ont été récupérés par Alan-Michael Cash, un forcé par Kyries Hebert et l’autre par John Bowman.

Les trois revirements provoqués par les Alouettes sont survenus au quatrième quart. Je ne pense pas que ce soit un hasard. La défense était fraîche puisqu’elle n’avait pas été surtaxée. Elle avait juste hâte d’embarquer sur le terrain pour réaliser de gros jeux. Je pense qu’on en a la preuve.

En plus des trois revirements, l’unité défensive a aussi forcé l’attaque de Calgary à dégager sur une séquence de deux jeux. Une autre série offensive s’est aussi terminée par un botté de dégagement. En somme, les Alouettes n’ont pas alloué un point au quatrième quart. Ils ont gagné le dernier quart 13-0.

On voit donc les effets bénéfiques du contrôle du ballon par l’attaque sur cette dernière, mais aussi sur la défense. Les Alouettes ont terminé le quatrième quart en force. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu les Alouettes dominer le quatrième quart. Ça va faire du bien.

Rien n’était joué

Le pointage était de 18-15 après trois quarts. C’était un match serré. Les Stampeders revenaient et on ne savait pas trop comment la rencontre allait se terminer. Les Alouettes ont marqué 13 points en route vers la victoire.

Cela a commencé dès le premier jeu du quatrième quart avec le meilleur retour de botté de James Rodgers sur 19 verges. Ensuite, Duron Carter a capté une passe de touché. Il y a eu deux bottés de précision qui ont suivi les revirements. Toutes les facettes ont contribué dans les 15 dernières minutes.

Duron CarterDuron Carter a encore une fois été excellent. C’est lui qui a lancé le bal. Il a été la bougie d’allumage. Après un quart, Crompton avait complété six passes et quatre d’entre elles étaient des réceptions de Carter. Il a permis à Crompton de prendre son rythme et de la confiance.

Son touché au quatrième quart était important. Il permettait aux Alouettes de prendre une avance de plus de 10 points, ce qui changeait la dynamique du match.

Crompton a également été bon. Il a complété près de 75 % de ses passes. Il a conclu le match avec 220 verges par la passe, deux passes de touché et aucune interception. C’est parfait de cette manière. Il n’a pas commis d’erreur et n’a pas fait mal à son équipe.

J’ai bien aimé l’intégration de Tanner Marsh. Je suis content pour lui parce qu’il avait perdu des plumes depuis le début de l’année. Il avait reculé dans l’ordre des quarts-arrières. Il a donc été intégré un petit peu.

Lorsqu’il a été utilisé, on a vu sa mobilité comparativement à Crompton. On amène donc des jambes. Il a étiré un jeu et il a rejoint James Rodgers le long des lignes de côtés. Il a été bon pour quitter sa pochette. On a aussi vu un jeu d’attirer avec Marsh. Il y a eu une feinte de remise avec un jeu d’option. Bon, les Stampeders l’ont arrêté, mais c’était quelque chose que les Alouettes n’avaient pas encore montré. Je vais donc dire bravo à Calgary.

Tanner MarshAvec l’utilisation de Marsh, cela va forcer l’adversaire à passer du temps pour se préparer à des jeux possibles avec lui au poste de quart. L’entrée de Marsh a amené un petit stress supplémentaire sur la défense des Stampeders. Je ne hais pas l’idée surtout que Crompton n’est pas un Doug Flutie par exemple.    

Quand tu es un des meilleurs quarts de la ligue, cette alternance ne se produit pas sinon on sort un grand quart pour des petits jeux truqués. Il peut donc y avoir des discussions par rapport à une décision du genre.

Mais dans la situation des Alouettes, ce n’est pas comme si Crompton était la réincarnation de Joe Montana, du moins pas encore!

J’aime de plus en plus la contribution de James Rodgers. On peut voir qu’il gagne en confiance. Il a attrapé une passe de touché et il a payé le prix pour le faire perdant même son casque protecteur. Il commence à être de plus en plus à l’aise sur les retours de botté. Il faudrait seulement qu’il bénéficie de meilleurs blocs puisqu’il est constamment entouré de joueurs adverses lorsqu’il capte le ballon.

Néanmoins, ce fut une bonne journée au bureau pour Rodgers. Il a près de 80 verges de retour sur les bottés de dégagement.

En attaque, on utilisait aussi ses feintes de balayage rapide pour ensuite courir au centre avec Whitaker. Rodgers a donc aidé l’attaque au sol, celle par la passe et les unités spéciales.

Pour Whitaker, la première demie a été plutôt tranquille. Il n’a récolté que 26 verges en six courses. Mais il a terminé la rencontre avec 90 verges en 19 courses. La beauté, c’est que lorsque c’était le temps de finir le match, il a cogné le clou dans le cercueil des Stampeders en courant pour écouler de précieuses secondes au cadran.

La ligne à l’attaque a également répondu à l’appel et les Alouettes ont mis le rouleau compresseur en marche. C’est à ce moment au quatrième quart qu’on a vu les meilleures courses de Whitaker.

Les Alouettes doivent déjà porter leur attention vers leur prochain match puisqu’ils affrontent le Rouge et Noir d’Ottawa dès vendredi soir. Il ne faut pas arriver à Ottawa avec les deux doigts dans le nez parce qu’on vient de battre les Stampeders.

Le Rouge et Noir vient de subir une défaite crève-cœur en Saskatchewan. Il ne faut pas se fier aux pointages des matchs d’Ottawa. C’est une équipe qui va tout donner. Je respecte beaucoup ce qu’ils font. Même s’ils n’ont pas une belle fiche, ils donnent toujours le plein effort et travaillent très fort.

C’est le premier match des Alouettes dans le nouveau stade à Ottawa et ils seront attendus de pied ferme.

Il s’agit d’une occasion en or pour les Alouettes de coller une deuxième victoire de suite. Ils pourraient profiter d’un long congé avec du positif. Après cette rencontre, Montréal ne jouera pas avant l’Action de grâce.

Une victoire permettrait de rentrer dans la semaine de congé avec de l’énergie positive. Les joueurs pourraient guérir leurs petites blessures pour ensuite revenir pour le dernier droit en vue de se classer pour les éliminatoires.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne