MONTRÉAL - Mercredi, le 17 août, sera le troisième anniversaire de la dernière partie d’Anthony Calvillo à titre de quart-arrière des Alouettes. En dépit d’une multitude de tentatives, la formation montréalaise n’a pas encore trouvé de solution de remplacement.

Souvent blâmé pour cette transition infructueuse, Jim Popp, le directeur général et entraîneur-chef, est déçu de la situation qui perdure malgré des atouts qu’il juge intéressants.

« C’est la même chose qui se répète depuis qu’Anthony a été blessé et qu’il a laissé sa place. On ne parvient pas à marquer assez de points peu importe l’identité du quart-arrière, de l’entraîneur ou du coordonnateur offensif…

« On ne parvient tout simplement pas à envoyer le ballon dans la zone des buts assez souvent. Pourtant, on considère qu’on a les bons joueurs en place, mais on n’a pas encore trouvé la bonne chimie ou le bon mélange pour que ça fonctionne chaque semaine. C’est un peu la seule manière d’expliquer ce qui nous arrive, c’est fâchant pour tout le monde », a témoigné Popp.

Depuis que Calvillo a remisé ses crampons, les Oiseaux ont dû se contenter d’un dossier cumulatif de 23-31. Cette fiche ne ressemble en rien aux standards établis par les Alouettes à partir de leur renaissance en 1996.

Ceci dit, les protégés de Popp ont échappé une panoplie de confrontations serrées. À titre d’exemple, ils ont présenté un dossier de 2-5 pour entamer la saison 2015, mais leurs cinq revers ont été subis par quatre points ou moins.  

Malheureusement, le scénario se répète cette année au grand dam des partisans.

« Il faut briser ces tendances, ce n’est pas comme si on n’a pas de chances de gagner. On a été dans le coup très souvent depuis ce moment. On ne parvient pas à obtenir le dessus en fin de match », a convenu Popp.

En commentant la défaite contre les Eskimos à Edmonton, le receveur Samuel Giguère a résumé les ennuis qui menottent les ailes des Alouettes cette saison.

« En début de match, on s’est tiré dans le pied et ça s’est reproduit en fin de rencontre. Il faut bien entamer les matchs avec de bonnes séquences. C’est encore plus important d’être à la hauteur quand c’est serré en fin de partie quand il faut aller chercher la victoire », a souhaité Giguère.  

Après avoir été contraints de confier les rênes de l’attaque à des solutions de rechange comme Tanner Marsh, Josh Neiswander ou Alex Brink, des athlètes comme Jonathan Crompton, Troy Smith et Rakeem Cato n’ont pas su profiter de l’occasion de s’établir comme quart numéro un. Maintenant, la confiance des dirigeants s’est tournée vers le vétéran Kevin Glenn.  

Le petit quart-arrière américain a accédé à ce rôle en fin de saison 2015. Trop tardive, son influence n’a pas été suffisante pour éviter l’exclusion des éliminatoires. Le choix de la stabilité pour 2016 devait être synonyme de succès, mais les dividendes se font encore attendre.

Tout de même, les patrons de Glenn semblent satisfaits de ses prestations malgré quelques creux et surtout ses interceptions dévastatrices en fin de rencontre à Toronto et à Edmonton.

« Je pense qu’il a fait un bon travail pour nous mener, il procure une certaine confiance. Quand tu évalues un joueur, il faut réaliser qu’il est entouré de jeunes coéquipiers dont sur la ligne offensive. Parfois, tu peux penser qu’il a raté un jeu, mais l’erreur ne venait pas de lui. Ça peut être un bloc manqué ou un manque de temps pour suivre sa première option de passe.

« Je pense que Kevin fait un bon travail et qu’Anthony (Calvillo) pense la même chose. Ceci dit, il faut régler certains pépins. On peut notamment lui donner plus de temps pour décocher ses passes et choisir des jeux sur lesquels il lance rapidement », a enchaîné Popp qui apprécie son aptitude à lancer dans les zones profondes.

De l’extérieur, on pourrait croire que les entraîneurs jonglent avec l’idée de remplacer Glenn par Cato ou Vernon Adams fils que ce soit pour une seule série offensive ou l’ensemble d’une rencontre.

« On pourrait le faire, mais je délègue à mes coordonnateurs pour leur donner la liberté de faire ce qu’ils veulent. Par contre, si on doit le faire, je vais prendre cette décision. Pour l’instant, je vais suivre l’option qui nous donne la meilleure chance de gagner selon eux », a répondu Popp sans trop ouvrir cette porte.

La responsabilité de Calvillo dans ce rendement

Tout au long de sa carrière, Calvillo s’est montré très sévère envers lui-même. Sa franchise demeure la même maintenant qu’il est le chef d’orchestre de l’attaque montréalaise.

« Tout le monde commet des erreurs présentement. Quand tu sélectionnes les jeux, il y a toujours certains moments où tu aimerais pouvoir revenir en arrière afin de choisir une autre option, ça fait partie du travail », a admis AC.

« Je vais toujours m’autoévaluer pour permettre à mes joueurs d’être meilleurs sur le terrain », a-t-il ajouté.

Même s’il n’était pas le joueur le plus athlétique, Calvillo est devenu le quart le plus prolifique de l’histoire de la LCF grâce à ses aptitudes exceptionnelles de passeur. Son intelligence et son aisance à décocher rapidement ses passes ont fait sa renommée. En tant que coordonnateur offensif, il ne disposera peut-être jamais d’un athlète avec des habiletés semblables.  

« Je comprends qu’ils ne peuvent pas voir les choses de la même manière que moi. J’ai un style qui vise à aider mes joueurs et avec lequel je peux m’ajuster à eux », a rétorqué Calvillo pour démontrer son potentiel dans cette deuxième carrière.

Les connaissances de Calvillo seront mises à rude épreuve d’ici la fin du calendrier puisque les Alouettes doivent remonter la pente. La première étape de ce mandat sera de présenter la recette gagnante pour vaincre le Rouge et Noir, vendredi, à Ottawa.

« On refait un plan de match à partir de zéro pour Ottawa. On ne peut pas avoir un plan trop simple, on ne peut pas faire ça contre eux. Les joueurs auront le défi de pouvoir l’exécuter, mais il ne faut pas leur en demander trop non plus car on veut quand même qu’ils puissent jouer librement », a justifié l’ancien numéro 13.

La contribution appréciée de Fera

Placé dans une situation peu évidente, le nouveau botteur des Alouettes, Anthony Fera, n’a pas tardé à se faire des amis. Auteur de quatre placements dès son premier match, l’athlète de 25 ans espère que l’association se poursuivra avec Montréal. Lundi, il était le botteur de confiance durant la séance d'entraînement du club. 

« C’est excitant parce que c’était poche d’attendre à la maison. Je vais essayer d’en profiter le plus possible », a-t-il assuré.

Fera a démontré qu’il pouvait répondre à la pression dans cette partie et sa production de 12 points a réjoui ses coéquipiers.

« C’est toujours bon d’avoir les points, c’est ce qu’on souhaite. Mais, bien sûr, en tant qu’attaque, on veut s’occuper de cette mission et marquer des touchés », a soupesé Glenn.

Fera, qui a évolué avec l’Université Penn State, a été contacté par les Alouettes au lendemain de la contre-performance de Boris Bede contre les Lions de la Colombie-Britannique. En tant qu’ancien des Lions, Fera regardait justement ce match quand sa patience a été récompensée.

« J’attendais à la maison, je m’entraînais et j’essayais de rester patient, c’est le plus difficile avec toutes les tentations autour. Je suis reconnaissant de la chance que j’ai reçue », a conclu Fera avec confiance en ses moyens.