MONTRÉAL – Une dégaine rapide, de courts relais, de longues passes et quelques faux pas ici et là. Petit à petit, Troy Smith prend ses aises aux commandes de l’attaque montréalaise.

Cela n’a toutefois pas été suffisant pour les Alouettes, qui ont encaissé un revers de 34-33 face aux Blue Bombers de Winnipeg, vendredi soir, au Stade Percival-Molson.

L'effet Chad Johnson

Gagnant en précision et en patience à mesure que les minutes s’écoulaient au tableau indicateur, Smith a complété 18 de ses 32 tentatives de passes pour des gains de 303 verges, trois passes de touché et une interception.

Son vis-à-vis Drew Willy a par contre eu le dernier mot en opérant une poussée de 75 verges couronnée par une passe de touché à l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval, Julian Feoli-Gudino, avec moins d’une minute à égrainer au cadran.

Les Manitobains ont ainsi porté leur fiche à 3-0, une première depuis 2003.
2003.

« On a eu quelques bonnes poussées, mais il faut retourner à la table à dessin. Cette défaite a un goût amer car les passes de touché n’ont aucune signification si tu ne l’emportes pas. J’aurais aimé bien mieux ne compléter aucune passe de touché et savourer la victoire », se désolait Smith au terme de la rencontre.

Soir de premières

Seul quart-arrière partant de la LCF avec encore aucune passe de touché à sa fiche avant la rencontre, Smith a finalement mis un frein à sa disette dès la première séquence offensive des siens. Et qui de mieux que Chad Johnson – qui était lui aussi en quête d’un premier touché – pour le faire.

Smith et Johnson ont donc uni leurs forces sur un relais de 46 verges qui permettait alors aux Alouettes de répliquer à un placement de 17 verges de Lirim Hajrullahu.

L'indiscipline coule les Alouettes

Un élan offensif qui a vite été ralenti par l’indiscipline des Alouettes, qui a été constant tout au long de la rencontre. Les Montréalais ont écopé de 18 pénalités pour des pertes totales de 180 verges.

Dès la séquence suivant le touché de Johnson, Billy Parker a d’abord fait reculer son unité de 15 verges en étant coupable de rudesse. Puis, Geoff Tisdale a facilité un peu plus la tâche des Bombers en créant de l’obstruction dans la zone des buts.

Simple formalité, la faufilade du quart Robert Marve a suivi.

« Avant de l’emporter, il importe d’abord de ne pas se battre soi-même. On a écopé de beaucoup trop de pénalités. Chaque fois qu’une équipe écope de plus de 100 verges de pénalité, c’est l’équivalent d’un touché qu’elle perd », a déploré l’entraîneur-chef Tom Higgins.

« Même si on sentait qu’on avait un certain contrôle sur la rencontre, on a continué à écoper de pénalités inutiles et à donner le ballon à l’adversaire. C’est ce qui nous sépare de la victoire ce soir », a quant à lui renchéri le centre Luc Brodeur-Jourdain.

Auteur d’un autre gros jeu en fin de premier quart, Smith a toutefois permis aux Alouettes de niveler le pointage en mettant la table à un placement de 25 verges de Sean Whyte à l’aide d’une passe de 48 verges à de Brandon London.

« Nous n'avons pas fermé les livres »

Or, l’appât du gain a vite rattrapé Smith.

Désireux de tenter une autre bombe quelques poussées plus tard, le quart des Oiseaux a en effet renoué avec ses mauvaises habitudes en s’accrochant trop longtemps au ballon, s’offrant ainsi en cible à l’ailier défensif Jason Vega. Sous la force de l’impact, Smith a alors perdu possession du ballon, qui a aussitôt été récupéré par Desia Dunn.

Le demi défensif n’avait plus qu’à gambader 70 verges plus loin pour redonner les devants aux Bombers, qui ont cependant raté la transformation suivant leur touché.

« Je ne dirais pas que j’ai gardé possession du ballon trop longtemps car ce jeu est conçu de la sorte. Ce que je peux faire de mieux toutefois, c’est garder le ballon plus près de moi afin que le joueur adverse ne puisse l’atteindre », a reconnu Smith.

Les Alouettes ont bien répliqué avec un placement de 39 verges de Whyte, mais Winnipeg a fait de même sur une distance de 24 verges sur le dernier jeu du deuxième quart.

Casser le momentum

Le général de l’attaque montréalaise n’a cependant pas tardé à racheter sa bourde.

Dès sa première présence sur la pelouse du Stade Percival-Molson au troisième quart, Smith a décoché une passe de touché de 49 verges à son receveur Kenny Stafford, qui a dû étirer les bras aux derniers instants pour battre la couverture serrée du secondeur Teague Sherman et offrir une mince priorité de 20-19 aux Alouettes.

Les longues passes ne sont par contre pas que l’affaire de Smith. Après avoir obtenu au moins 300 verges de gains à ses deux précédents matchs, le quart des Bombers Drew Willy en a fait la démonstration en faisant avancer le ballon de 49 verges en le lançant dans les mains de Nick Moore.

D’un placement de 27 verges, son troisième de la rencontre, Hajrullahu a ensuite permis à Winnipeg de subtiliser les devants à son tour. Une avance qui n’a pas tenu longtemps.

Incapable de capter et maîtriser le ballon sur un botté de dégagement de Whyte, Dem’d Washington a ouvert la porte toute grande à Dominique Ellis, qui a aussitôt récupéré l’objet. Mais une fois de plus, les Alouettes ont été limités à un placement de 37 verges de Whyte quelques jeux plus tard.
« Il n’y a aucun doute (qu’on se contente trop souvent de placements). Les touchés font foi de tout et il faut travailler sur cet aspect », concède Higgins.

Reprenant quelques instants plus tard les rênes de son attaque avec un seul point d’avance, Smith a offert un coussin plus confortable aux Alouettes en orchestrant une poussée de 67 verges se concluant par une passe de touché de cinq verges à S.J. Green.

Une interception a toutefois vite fait de porter ombrage à cette heureuse séquence. 

Alors que l’offensive des Alouettes se retrouvait profondément dans son territoire, Smith a expédié le ballon dans les mains de Chris Randle, qui a immédiatement comblé la distance de 28 verges qui le séparait de la zone payante.

Merci Marc Trestman

« Il (Randle) a réalisé tout un jeu. Je savais où il se retrouvait au début de la séquence et j’aurais dû atteindre la cible, mais je ne peux rien lui enlever », a relativisé Smith, qui a complété 56 % de ses passes.

« Il faut donner du crédit à la défense des Blue Bombers. C’est étonnant à quel point ils sont efficaces alors qu’ils ont l’air totalement mélangés. On a l’impression qu’ils font n’importe quoi, mais tout est en fait bien planifié et les assignations sont respectées », s’étonne encore Brodeur-Jourdain.

Ayant visiblement un mauvais match dans le corps, Washington a coupé court à l’élan des Bombers en échappant un autre botté de dégagement à la suite d’une autre intervention heureuse d’Ellis. Daryl Townsend n’a ensuite eu qu’à cueillir le ballon. Whyte a enchaîné avec un placement de 22 verges pour doter les Alouettes d’une priorité de cinq points.

Mais un placement dans de telles circonstances, c’est insuffisant. Willy (24 en 38 pour 256 verges) s’est chargé de le rappeler aux Alouettes avec sa seule passe de touché de la rencontre.