« Bonne nouvelle! » Ce fut ma première réaction lorsque les Alouettes ont annoncé l’embauche de Tom Higgins au poste d’entraîneur chef lundi après-midi.

Pourquoi? Parce qu'il était à peu près temps que cette équipe se branche. Le mois de mars est à nos portes et amènera avec lui le camp d’évaluation de la Ligue canadienne en vue du repêchage. Il y aura également un gros travail de préparation à faire en prévision du camp d’entraînement.

Il fallait donc arrêter de branler dans le manche et prendre une décision. L’avenir nous dira si c’est la bonne, mais pour l’instant, l’arrivée de Higgins à Montréal m’apparaît, pour plusieurs raisons, comme un dénouement positif.

Je me tourne vers le passé pour commencer à justifier mon intuition. Lorsqu’on étudie l’histoire des Alouettes de Montréal, on constate que l’organisation a connu du succès lorsqu’elle était chapeautée par une structure bien établie avec un homme dans le siège du directeur général et un autre dans celui d’entraîneur. Deux personnes pour deux postes.  

J’ai toujours cru en l’efficacité de cette structure et on sait que plusieurs joueurs partagent ce point de vue. Chip Cox, le joueur défensif par excellence de la LCF, avait été le premier à le dire tout haut après l’élimination du club en éliminatoires l’an dernier. « Ça nous prend un coach! » Cox, vous en conviendrez, est plutôt bien placé pour faire ce genre d’observation. Ses propos ont dû résonner assez fort jusque dans les bureaux des dirigeants des Alouettes et de celui du propriétaire Robert Wetenhall.

Le cri du cœur de Cox est poignant de vérité, les faits sont là pour le prouver. Les Alouettes n’ont jamais remporté la coupe Grey quand Jim Popp cumulait les deux fonctions.  

En 2001, il avait pris la place de Rod Rust et ça ne s’était pas bien terminé. Il n’était pas le seul à blâmer à l’époque, bien sûr, mais c’était une première tache à son dossier d’entraîneur. En 2006, il était venu en relève à Don Matthews et avait mené l’équipe jusqu’à une défaite en finale de la coupe Grey. Puis, en 2007 et 2013, Popp a passé la saison complète, ou presque, sur les lignes de côté et à chaque occasion, son équipe a perdu au premier tour des éliminatoires.    

Popp n'a pas été impliqué

C’est vrai. En 2007, les Alouettes auraient pu et auraient dû gagner leur match éliminatoire à Winnipeg. En 2013, ils auraient pu et auraient dû gagner leur match éliminatoire à Hamilton. Mais des « si », ça ne verse pas le champagne dans la coupe.

Je répète que mon but n’est pas de pointer un gros doigt accusateur en direction de Popp, mais il faut relater les faits : quand il a jumelé les fonctions d’entraîneur à celles de directeur général, son équipe n’a jamais gagné la coupe Grey. Et à ce que je sache, c’est encore là le but de l’exercice!

La définition de la folie

« The definition of insanity is doing the same thing over and over and expecting a different result. »

La citation vient d’Albert Einstein. On pourrait la traduire en français en disant que « la définition de la folie, c’est de continuellement se comporter de la même manière et s’attendre à obtenir un résultat différent ».

Est-ce que c’est ça, en bout de ligne, que s’est dit M. Wetenhall? Pourquoi retourner se péter le nez dans le mur alors que j’ai eu la preuve, par le passé, qu’on ne peut pas gagner avec un homme assis sur deux chaises?

Je crois aussi que la nomination de Tom Higgins est un bon choix parce qu’il est complètement à l’opposé de Dan Hawkins, qui n’a fait que passer l’an dernier. C’est clair qu’on se rapproche beaucoup plus d’un gars comme Marc Trestman : cérébral, plus conservateur, très travaillant. Higgins est un gars qui amène de la substance, pas du flafla et de la poudre aux yeux.

 C’est un fils d’entraîneur. Il a lui-même joué au football, a été entraîneur de position, coordonnateur, entraîneur chef, adjoint au directeur général et directeur général en plus d’être superviseur de l’arbitrage dans la Ligue canadienne. C’est une méchante feuille de route! Il a beaucoup de bagage, beaucoup de vécu et connaît la LCF comme le fond de sa poche. L’inverse de Hawkins, je vous dis.

Ses dénigreurs diront qu’il y a une éternité qu’il n’a pas longé les lignes de côté, mais il est encore collé sur le football et la LCF. Il prenait part aux réunions de la Ligue, regardait tous les matchs, parlait encore à tous les entraîneurs. Ça en dit beaucoup sur ce qu’il peut amener à Montréal. On a déjà vu des entraîneurs qui ont eu la chance de prendre du recul et de regarder ce qui se passe avec un nouveau regard pour ensuite revenir avec des méthodes et des stratégies renouvelées.

Bref, ce n’est pas parce que Tom Higgins ne dirigeait plus qu’il n’avait pas les yeux rivés sur tout ce qui se passait. Au contraire.

Une union prometteuse

J’approuve également la décision des dirigeants des Alouettes puisque comme le mentionnait mon ami Matthieu Proulx dans sa propre chronique, on sait qu’il y a présentement une partie de bras de fer entre Popp et les Alouettes. Si jamais le DG décidait de partir sans prévenir, l’organisation aurait un remplaçant prêt à prendre la relève au niveau des opérations football.

On répare les pots cassés

Chez les Alouettes, on aime beaucoup le coordonnateur défensif Noel Thorpe. Plusieurs le voient diriger cette équipe un jour, mais on veut qu’il continue de faire ses classes avant de lui donner une promotion. Dans ce contexte, Higgins peut s’avérer un excellent élément de transition. Il va faire du bon travail comme coach et, si la relation entre Popp et son patron s’érodait au point où le divorce devenait inévitable, il n’y aurait pas lieu de paniquer.

Mais pour le moment, en apparence du moins, tout semble au beau fixe. On n’attendait pas Jim Popp lors de la conférence téléphonique visant à présenter Higgins aux médias montréalais, mais le DG a finalement répondu présent. J’étais content de voir ça. Je crois que c’était important, pour l’occasion, qu’on mette son égo de côté pour faire front commun. Tout le monde était là, tout le monde a dit les bonnes choses, tout le monde semblait pousser dans la bonne direction.

Ne reste plus qu’à espérer que tout ça n’était pas qu’un gros nuage de fumée. Mettez votre pessimisme de côté pour une seconde et pensez à ça : s’il s’avère que Jim Popp et Tom Higgins sont capables de travailler ensemble et de mettre leur expertise au service d’une cause commune, c’est tout un état-major qui verra aux succès des Alouettes cette année!

La certitude, et Higgins l’a mentionné à quelques reprises ce matin, c’est qu’il y a énormément de talent au sein de cette équipe. Maintenant qu’un coach est en place, c’est le temps de partir la machine et de préparer la saison 2014. On aura amplement le temps de débattre des bons et des moins bons coups des hommes en place lorsqu’on aura un peu d’action à se mettre sous la dent.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.