L’un a été victime d’intimidation à l’école, l’autre est né d’une mère de 16 ans qui a dû abandonner les études et le dernier n’a pas connu son père avant l’âge de 16 ans. Chacun à leur façon, ils ont une raison pour conscientiser les jeunes à l’importance de la persévérance scolaire et du sport.

Aujourd’hui, Nicolas Boulay, Luc Brodeur-Jourdain et John Bowman portent tous fièrement l’uniforme des Alouettes de Montréal, mais ils auraient pu perdre confiance envers les possibilités offertes par la vie.

Né à Brooklyn au début des années 1980, Bowman (photo) a grandi dans un environnement des moins recommandables. Élevé par sa mère qui lui a inculqué les précieuses valeurs scolaires, Bowman a cependant dû déménager, à 12 ans, chez l’une de ses tantes en Caroline du Nord pour l’empêcher de céder aux mauvaises tentations. John Bowman

« Ce changement a permis à moi et mon frère jumeau de fréquenter une bonne école, d’avoir de belles opportunités et de sortir du trouble un peu. New York est une grande ville et on aurait pu se diriger assez rapidement dans la mauvaise direction. J’ai pu obtenir un nouveau départ et j’en remercie beaucoup ma tante », a confié le numéro 7.

À l’exception des moments où il se lance à l’assaut des quarts adverses, Bowman affiche presque toujours un sourire contagieux. Le sympathique Américain de 31 ans veut se servir de son exemple pour inspirer une partie de la jeunesse.

« Je veux leur démontrer que, peu importe ce qui t’arrive, tu peux toujours transformer du négatif en du positif. Je suis un exemple que tu peux accomplir de belles choses quand tu as une chance ou une deuxième chance dans la vie », a-t-il expliqué.

Sur des sujets aussi sérieux, Bowman n’est pas du style à lancer de belles paroles en l’air. Il a même suivi des cours de français et de mentorat afin de pouvoir échanger quelques mots avec les élèves quand les visites ont lieu dans des milieux francophones. Il peut déjà prononcer quelques phrases dans un français à faire rougir plusieurs anglophones arrivés au Québec depuis quelques années.

Fidèle à sa personnalité, il trouve chaque fois une façon de divertir ou faire rire l’assistance dont le niveau d’attention peut rapidement chuter.

« Les visites dans les écoles ne doivent pas juste rimer avec raconter des épreuves difficiles, il faut aussi les inspirer avec de beaux exemples. J’ai traversé beaucoup d’épreuves et je veux qu’ils puissent s’associer à des histoires et à des personnes. Je peux leur expliquer comment plusieurs personnes m’ont aidé dans la vie », a prêché le gentil colosse.

En équipe pour contrer l’intimidation

Originaire de Montréal, Boulay (à droite au bas de la photo) a vécu une enfance différente devant surmonter beaucoup d’intimidation dans les cours et les classes à différents moments de sa vie. Après avoir subi cette épreuve au Québec, il s’est retrouvé dans une situation encore plus éprouvante quand sa famille a déménagé en Caroline du Sud alors que sa connaissance de l’anglais était minime.

Les Alouettes après un match de basketball« J’ai entendu tous les noms (ou insultes) imaginables pour les francophones. Je me mets vraiment mon pied à terre pour contrer l’intimidation. Je n’hésite pas à en parler pour améliorer le tout. En équipe, tu es plus fort que seul et je conscientise les jeunes à ce sujet dans mes présentations », a témoigné Boulay qui effectuait déjà, de sa propre initiative, des visites dans les écoles de Sherbrooke.

En raison de son parcours et puisqu’il était déjà impliqué auprès des jeunes, Boulay, qui vient de compléter sa première saison avec les Alouettes, avait hâte de joindre le programme Ensemble à l’école.

« Ça fait plusieurs années que je faisais une implication de ce genre. J’aidais à « coacher » les jeunes, je passais du temps avec eux et je faisais un peu de mentorat. C’était la même chose aux États-Unis, on avait des programmes pour aller dans les écoles secondaires afin de travailler avec les jeunes qui avaient besoin d’aide et on passait plusieurs mois à les épauler », a dévoilé le secondeur et ancien du Vert & Or.

Boulay, par l’entremise de ces activités, transmet le message aux enfants et adolescents que c’est salutaire de croire en ses rêves, de persévérer et de s’orienter vers ce que l’on aime dans la vie.

« Mon père a été un bel exemple dans ce sens. Il me disait qu’il n’a jamais travaillé un jour dans sa vie parce qu’il aimait son travail. Je recherche la même chose, j’adore le football et j’ai un côté entrepreneur donc j’ai démarré une petite entreprise dans le domaine des jeux vidéo avec un ami », a raconté celui qui a étudié en administration.

À propos de croire en ses rêves, Boulay n’a pas vraiment reçu la visite de personnalités inspirantes à l’école, mais il se souvient de ses visites inspirantes au Stade Percival-Molson.

« Je venais souvent voir des matchs des Alouettes quand j’étais jeune et je pouvais observer les Anthony Calvillo, Tracy Ham et Mike Pringle jouer au football. C’était donc incroyable de pouvoir jouer avec Anthony cette année et je suis content de pouvoir aider des jeunes. Les gens pensent parfois le chemin vers la réussite est facile avec une ligne droite à suivre. Au contraire, il y a plein de détours, mais il suffit de prendre les bons virages », a imagé l’organisateur de tournois de jeux vidéo sur console.

Si l’inspiration n’est pas venue d’une rencontre à son école, Brodeur-Jourdain se souvient très bien de la fois où un certain Martin Matte – peu connu à l’époque – était venu s’adresser à lui et ses compagnons d’école.

« Tu ne sais jamais à quel point tu vas affecter la vie des étudiants que tu croises, mais je me souviens encore de la visite de Martin Matte à mon école secondaire avant qu’il ne perce dans l’humour. Il avait su partager un message semblable au mien dans le sens qu’on peut obtenir et bénéficier de plusieurs outils dans la vie en plus de notre passion principale », s’est rappelé celui qui n’a pas volé la vedette lors du match de basket amical mercredi matin. C’est plutôt Kyries Hebert (photo a droite) qui a démontré, une fois de plus, ses qualités athlétiques face aux excellents joueurs des Dragons de l’École Jeanne-Mance. Kyries Hebet au basketball

Sur le point de compléter une maîtrise en administration, Brodeur-Jourdain comprend très bien la chance qu’il a eue de s’accrocher à l’école et de pouvoir inspirer des personnes avec son parcours puisque sa mère a dû renoncer à compléter son cheminement scolaire car elle a accouché à 16 ans.

« Ma mère aurait aimé terminer ses études secondaires et faire autre chose par la suite alors que mon père aurait voulu devenir policier. Les valeurs de l’éducation ont été priorisées principalement par ma mère et par mon père aussi. »

Une implication exemplaire

Même s’il pourrait vaquer plus librement à ses occupations, Brodeur-Jourdain participe à une panoplie d’activités communautaires des Alouettes. Au plus fort de la période, il peut en effectuer cinq ou six par semaine!

« C’est important de venir ici pour montrer aux jeunes que le métier de joueur de football, c’est éphémère. Si on ne se prépare avec d’autres connaissances, ça peut retarder notre progression personnelle », a-t-il spécifié après avoir réussi à insérer quelques blagues dans son allocution à la jeune audience.

L’implication de Brodeur-Jourdain est inspirante comme celle de plusieurs de ses coéquipiers québécois et canadiens comme Éric Deslauriers qui s’est transformé en habile maître de cérémonie considérant son expérience. Mais celle d’athlètes aux racines américaines comme Bowman ou Hebert l’est également car ils pourraient se tenir loin de ces projets.

« J’étais conscient que ça pourrait me permettre de devenir plus reconnu et apprécié des amateurs et des enfants. Je suis devenu attaché à cette communauté grâce au football et à ces activités et ça me permet encore plus de jouer avec l’esprit libre. Je trouve agréable que les gens viennent au match et savent qui est le numéro 7 des Alouettes. Je veux redonner à la communauté et avoir une influence positive », a conclu Bowman qui a réussi si l’on se fie à l’accueil réservé à lui et au contingent de neuf joueurs qui regroupait aussi Ameet Pall, Kristian Matte, Jeff Perrett et Josh Bourke.