MONTRÉAL – Malgré la gigantesque portée du dévoilement de son homosexualité, Michael Sam ne veut pas ressentir le poids d’une action historique sur ses épaules puisqu’il ressent avant tout une grande fébrilité de démontrer ses atouts sur un terrain de football.

Même s’il trépigne d’impatience à l’idée de cumuler les sacs aux dépens des quarts-arrières adverses de la Ligue canadienne de football – un message qu’il a martelé à quelques occasions quand il a été présenté au public montréalais - Sam est ravi de poursuivre son rôle d’inspiration auprès des jeunes et des autres personnes de son orientation sexuelle.

En devenant le premier joueur actif de football à déclarer ouvertement qu’il était gai et à être repêché dans la NFL, Sam a créé l’effet d’une bombe positive. L’athlète de 25 ans a reçu une multitude de témoignages de respect pour son courage et il a l’intention de poursuivre ce rôle de modèle.

« Quand je ne m’entraîne pas, je fais tout ce que je peux pour inspirer les autres ou les aider. J’ai la responsabilité de bien me comporter et, ainsi, les jeunes athlètes peuvent être inspirés par moi peu importe leur orientation », a confié Sam qui ne réalisait pas tant l’ampleur de sa « sortie du placard ».

« J’étais confortable avec mon orientation pendant ma dernière saison et je l’ai dit à mes coéquipiers (de l’Université Missouri) parce que je ne voulais plus me cacher. Je suis content puisque je peux vivre ma vie comme je l’entends et pas tant de personnes peuvent en dire autant. »

En rétrospective, Sam n’éprouve aucun regret d’avoir affiché sa vie privée publiquement. Par contre, il refuse de comparer sa situation à celle de Jackie Robinson qui a ouvert les portes du baseball majeur aux Noirs.

« C’est différent, mais on le regarde comme un homme qui a fait tomber des barrières du racisme. De mon côté, je suis seulement ici pour jouer au football. Je n’essaie pas d’accomplir quelque chose d’historique, je me concentre à aider l’équipe à gagner des matchs pour ramener la coupe Grey à Montréal », a voulu tempérer Sam qui participe à une mission d’un autre acabit.

Depuis qu’il a eu le courage de révéler son orientation dans cet univers parfois sans pitié du sport professionnel, certains athlètes se sentent plus confortables avec leur homosexualité. Par contre, aucun autre joueur de football n’a osé emboîter le pas. Les choses pourraient changer avec sa venue dans la Ligue canadienne de football qui est souvent reconnue pour son côté plus progressif.

« Je ne suis pas ici pour inspirer les autres à parler de leur orientation sexuelle », a d’abord répondu Sam. « Je suis venu pour jouer, mais tant mieux si ça se produit en réaction à mon geste, mais ce n’est pas ma première préoccupation », a exprimé le sympathique athlète qui a l’intention de travailler sur son français sans tarder.

Sam a impressionné des gens partout sur la planète pour son audace, mais il a reconnu que ce ne fut pas évident de passer à l’action dans un milieu comme celui du football.

« Je savais depuis longtemps que j’étais gai, mais ça ne m’a pas freiné de jouer au football. Oui, au début, c’était un environnement épeurant pour l’être parce qu’on ne sait jamais ce que tes pairs penseront de toi. Mais je savais qu’ils me supporteraient et ils ont accepté mon orientation. Ils ne me voyaient pas comme un gai, mais comme une bonne personne, un frère et un meneur qui pouvait aider l’équipe. C’est pour ça que nous avons eu la meilleure saison de l’histoire de l’équipe en 2013 », a indiqué le numéro 94 des Alouettes en lançant comme message aux jeunes homosexuels que « Sky is the limit » dans la vie.

« Merci de me donner la chance de jouer au football »

Merci aux Alouettes pour l’opportunité

Sans surprise, la majorité de la conférence de presse, qui a été suivie par les plus grands médias de l’Amérique du Nord notamment, s’est concentrée sur ce sujet. Tout de même, sept mois après avoir été libéré par les Cowboys de Dallas, Sam s’est trouvé un endroit idéal pour démontrer ses capacités entre les lignes blanches.

« Je veux remercier Jim Popp et l’organisation des Alouettes pour m’accorder la chance de jouer au football de nouveau. Je suis vraiment excité à l’idée d’être ici et de pouvoir retourner sur le terrain. J’ai oublié de dire « Bonjour ». Je dois travailler sur mon français et je vous promets que, quand je partirai, je parlerai français de manière aussi fluide que vous », a-t-il lancé avec un clin d’œil.

Une fois qu’il a réalisé qu’il ne serait pas invité à participer à un camp d’entraînement avec une autre équipe de la NFL, celui qui a été repêché en septième ronde par les Rams de St. Louis a décidé que le moment était arrivé pour se présenter au Canada.

Bien sûr, il se réjouit d’aboutir dans une ville accueillante, mais il n’avait pas vraiment la liberté de choisir sa prochaine destination.

« C’est une belle ville, mais Montréal détenait mes droits donc je devais venir ici. J’ai fait des recherches et c’est bien d’arriver dans une ville qui m’acceptera », a convenu Sam qui est prêt à parfaire ses connaissances sur sa nouvelle terre d’adoption.

« Jim et d’autres personnes m’ont parlé de l’histoire de la ville et de la LCF qui est plus vieille que la NFL. J’ai beaucoup de choses à apprendre sur Montréal et le Canada, mais j’en suis excité », a noté le colosse de six pieds deux pouces et 260 livres.

Michael Sam présenté aux médias

À sa surprise, il a toujours été bien traité dans la NFL

De son propre aveu, Sam s’attendait à être confronté à des expériences négatives dans la NFL. Signe que les temps changent, il prétend qu’il n’a pas eu à subir ces épisodes regrettables.

« Je pensais que ça allait arriver, mais ce ne fut pas le cas. Il y a bien quelques propos dans le feu de l’action pour me déstabiliser sauf que ça fait partie du sport », a indiqué Sam qui s’attend à un accueil aussi agréable en sol canadien.

Voilà pourquoi Sam ne s’attend pas à ce qu’il doive se tourner vers des proches pour obtenir des conseils.

« Je ne crois pas que ce sera nécessaire, je suis un grand garçon. Je ne pense pas que ça se rende là. C’est une ligue professionnelle et je ne crois pas que j’ai à me soucier de ça », a évoqué le joueur originaire du Texas.

C’est dans ce sens que les Alouettes n’ont pas cru bon de modifier leur approche pour l’arrivée de Sam au sein du groupe.

« Rien de différent n’a été fait. On a seulement du support de la part des joueurs et sur les réseaux sociaux. Il est une bonne personne et les joueurs vont bien s’entendre avec lui », a déclaré le directeur général Jim Popp en précisant qu’il rencontrera les vétérans du club à partir de samedi à l’Université Bishop’s.

Pourtant, une prudence plus accrue aurait pu être adoptée par les Alouettes surtout avec les déclarations controversées sur Twitter de Khalif Mitchell qui a remis en doute rien de moins que l’holocauste.

« Les joueurs savent ce qui est bien ou non. Si un cas de mauvais jugement se présentait, il faudrait en discuter avec le joueur et comprendre ce qui était l’intention derrière ça. À partir de là, on peut prendre une décision. S’il faut éduquer des personnes, on le fera et on l’a toujours fait au fil des ans », a assuré Popp.

Le président des Alouettes, Mark Weightman, a tenu un discours similaire sur la question et il a expliqué que la LCF sera d’un grand support en raison de sa vision de la question.

« On n’a même pas eu besoin de demander l’appui de la LCF qui est associée avec le programme You Can Play depuis la saison dernière. Ça aide pour sensibiliser à propos des joueurs gais en plus d’éduquer ceux qui en ressentent le besoin », a ciblé Weightman.

Le dernier mot, outre les sujets sur le football, est revenu à Sam qui a démontré l’ampleur de sa générosité en invitant les gens à venir discuter avec lui.

« Si vous me croisez en marchant dans le centre-ville, ne vous gênez pas de m’arrêter pour me saluer », a lancé Sam sur un ton rafraîchissant.

Point de presse de Michael Sam (1re partie)
Point de presse de Michael Sam (2e partie)
Point de presse de Michael Sam (3e partie)