« L’adversité, ce n’est rien de nouveau pour nous »
Alouettes mardi, 16 juil. 2019. 16:25 vendredi, 13 déc. 2024. 17:00MONTRÉAL – Chacun à leur manière, John Bowman, Khari Jones et André Bolduc possèdent une longue expérience dans la Ligue canadienne de football et ils pensaient probablement avoir tout vu pendant leur carrière. Mais non, il manquait le congédiement d’un directeur général pour des raisons qui ne sont pas reliées au football.
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Après un énième revirement inusité qui s’ajoute à la liste des dernières années, l’équipe a repris l’entraînement mardi. Le renvoi de Kavis Reed a accaparé la séance d’entrevues et c’est sans doute le quart-arrière Vernon Adams fils qui a offert le son de cloche le plus approprié.
« On sait que les Alouettes doivent composer avec de l’adversité depuis des années !, a-t-il insisté. Ce n’est rien de nouveau pour nous. La seule chose qu’on peut faire, c’est se présenter au travail peu importe l’adversité qui frappe l’équipe », a proposé celui qui constitue justement un bel exemple de résilience.
Le choc n’a pas été petit, mais il devient nettement plus facile à encaisser puisque l’équipe vient d’obtenir deux victoires consécutives. L’entraîneur-chef Khari Jones a tout de même réservé quelques minutes de la préparation du club pour s’adresser aux joueurs à propos du départ de Reed. Devant les médias, il a trouvé les bons mots pour décrire son approche.
« Au fil des années, tu apprends à ne pas trop te laisser affecter par les coups (roll with the punches) peu importe ce qui se produit. C’est la seule chose à faire quand tu demeures au sein de l’équipe. On possède une bonne équipe et c’est là-dessus que je préfère me concentrer », a-t-il commenté.
Jones souhaite que ses joueurs et ses adjoints empruntent sa méthode, celle de se réfugier dans le travail. Il a même trouvé du positif à travailler dans les étages sombres et inférieurs du Stade olympique.
« Pour moi, ce n’est pas si difficile de compartimenter et d’axer les efforts sur le travail. Comme je disais aux gars, j’aime en quelque sorte travailler dans le sous-sol du Stade olympique parce que ça me donne l’impression d’être dans un sous-marin, loin de toutes les distractions. Si on peut utiliser cette mentalité « sous-marin » et se concentrer sur nos tâches, ça devrait bien aller », a exposé Jones avec une comparaison intéressante.
Les informations dénichées par nos collègues Matthieu Proulx et Didier Orméjuste indiquent que Reed aurait trouvé des manœuvres illégales pour contourner le plafond salarial en plus d’utiliser des fonds des Alouettes pour des dépenses personnelles.
Rendu à sa 14e saison dans la LCF, Bowman ne semblait pas trop ébranlé par les allégations au niveau du plafond salarial.
« Ce que je peux dire, c’est qu’il y a bien des choses qui se font d’une manière différente dans la LCF. J’ai connu deux ou trois directeurs général et je sais par l’entremise d’autres joueurs ailleurs, que tout le monde essaie d’en faire un petit plus », a lancé Bowman qui a très bien pesé ses autres mots.
Parmi les autres déclarations dignes de mention, notons celle du receveur québécois Félix Faubert-Lussier qui a été rapatrié à Montréal un peu plus d’une semaine après avoir été libéré par Reed.
Inévitablement, les deux hommes n’ont pas fini leur relation avec une grande amitié. Faubert-Lussier a été incapable de mentir quand on lui a demandé s’il a été surpris par la nouvelle.
« Surpris? J’espérais un petit peu, a-t-il d’abord confié. Oui, ça m’a surpris. J’étais à mon chalet et j’ai reçu un texto de revenir à Montréal, je n’ai pas hésité. »
De son côté, Henoc Muamba, le secondeur et pilier de la défense montréalaise, a été plus secoué par les révélations sur le volet administratif.
« J’étais sous le choc, je n’avais aucune idée de ce qui se passait. Mon travail est de jouer en défense et j’investis beaucoup de temps dans la préparation et à aider mes coéquipiers », a noté le numéro 10.
Adjoint avec les Alouettes depuis six ans, Bolduc en a vu de toutes les couleurs et il présume que la décision se tramait dans les dernières semaines.
« J’imagine que la décision a été prise bien avant ça (les deux victoires), que ça se travaille depuis des semaines ou des mois avec la Ligue qui a repris les commandes de l’équipe », a réagi le responsable des porteurs de ballon, notamment.
« Les vraies raisons, on ne les connaît pas. Par contre, notre fiche n’était pas reluisante depuis quelques années et il y a eu toutes les décisions par rapport à certains jeunes et certains vétérans. On n’avait pas notre mot à dire, j’imagine qu’ils ont évalué tout ça », a-t-il ajouté.
Certains le défendent, d’autres non
Au niveau des relations humaines, ce qui était spécial avec Reed, c’est qu’il semblait plus près de quelques joueurs. Il ne se gênait pas pour distribuer des câlins à ceux-ci devant les autres. Ce n’était donc guère surprenant de réaliser que des joueurs et entraîneurs tenaient à le défendre contrairement à d’autres.
« C’était un choc, mais je ne tiens pas à en parler tant que ça », a brièvement mentionné Adams fils.
Questionné sur la réputation de Reed qui en prenait un coup, Jones a aussi été très bref.
« Je n’ai aucun commentaire à ce sujet, je n’ai rien lu ou regardé dans les médias. Je me concentre uniquement sur le côté football. »
Le ton était semblable quand on a demandé à Faubert-Lussier de révéler s’il avait constaté des choses différentes dans la gestion de Reed.
« La seule chose différente que je trouvais, c’est qu’il ne communiquait pas avec tout le monde. Je lui ai parlé seulement deux ou trois fois, je trouve que j’avais un manque de communication avec lui », a admis le receveur.
Muamba et Bowman se rangeaient plutôt dans l’autre camp. Bowman a d’ailleurs rappelé que c’était en partie grâce à Reed qu’il était toujours avec les Alouettes alors que d’anciens dirigeants avaient voulu l’écarter. L’ailier défensif a aussi profité de l’occasion pour déplorer la tendance de plusieurs personnes à déverser leur fiel sur les personnalités du monde sportif qui perdent leur emploi.
« Tant qu’on ne saura pas exactement ce qui est arrivé, on devrait tous se garder une petite gêne. C’est pour ça que j’ai écrit un message sur Twitter. Quand ça concerne le sport, les gens ne sont pas traités respectueusement. Quand un employé est congédié d’un restaurant, on ne dit pas publiquement qu’il a trop assaisonné la viande. On devrait avoir le même respect pour les gens du milieu sportif. Ce n’est pas bien de traîner son nom dans la boue, mais bon… », a conclu Bowman que l’on ne peut pas contredire là-dessus.