Les Alouettes de Montréal nous apprenaient lundi que l’équipe a embauché le quart-arrière Hugo Richard pour deux saisons (l'année 2019 et une année d'option).

Bien sûr, je trouve cette annonce très intéressante. D’une part, je trouve évidemment que c’est plaisant du côté visibilité de mettre sous contrat un Québécois. Mais je crois fermement que cette signature va au-delà du simple aspect « marketing ». Je suis persuadé que les Als aimeraient voir quel genre de joueur il peut devenir chez les professionnels en le développant de la bonne façon.

Richard a connu immensément de succès au niveau universitaire, on le sait, avec un des programmes les plus prestigieux à l’Université Laval. Il est un des seuls quarts-arrières à avoir remporté deux fois la Coupe Vanier et à avoir décroché deux titres de joueur par excellence. Il a passé pour plus de 10 000 verges durant son séjour de cinq saisons avec le Rouge et Or, en plus de totaliser 100 touchés (70 par le passe, 30 au sol). Bref, un palmarès très bien garni qui confirme qu’il méritait l’opportunité de démontrer ce qu’il peut faire dans la LCF une fois qu’il se sera ajusté aux nombreuses et importantes subtilités.

Il possède le physique de l’emploi; à 6 pieds 2 pouces et 225 lbs, Richard est une bonne pièce d’homme. Je pense qu’il aura une réelle chance de se faire valoir, même si je suis conscient que la marche est haute. Le niveau de jeu est beaucoup plus rapide que dans les rangs universitaires canadiens. Tout va plus vite. J’espère seulement qu’on lui donnera le temps requis de s’ajuster à cette rapidité.

Un peu comme Andrew Buckley l’a fait il y a quelques saisons avec les Stampeders de Calgary, Richard pourrait agir à titre de quart no 3 pour commencer. Le genre de quart qui peut servir aux faufilades du quart, à qui on confie un package contenant quelques jeux offensifs.

Le plus important, à mon avis, sera de lui laisser une période d’adaptation raisonnable, et de procéder à une évaluation plus tard que tôt dans la saison 2019. Il serait beaucoup trop prématuré de tirer des conclusions à la simple vue de ses performances au camp d’entraînement et en matchs préparatoires.

À l’ère où c’est de plus en plus ardu de dénicher des quarts-arrières compétents, peu importe la ligue, je trouve intéressant qu’on prenne une chance sur lui. Chez les Alouettes, on devra aussi rivaliser dans les prochaines années avec des circuits comme l’Alliance of American Football (AAF) ou la XFL, qui voudront eux aussi recruter des talents à polir à une position aussi névralgique que celle de quart. D’être attentif à ce qui se passe dans notre cour-arrière deviendra un must.

L'histoire des Colts est en train de s'écrire

Les Colts d’Indianapolis ont continué de faire tourner les têtes avec une victoire bien méritée au premier tour éliminatoire, samedi, au domicile des Texans de Houston. Il faut que ce succès n’avait rien de si surprenant pour l’équipe de Frank Reich : les Colts ont joué du très bon football en deuxième moitié de saison, et ils avaient vaincu ces mêmes Texans 24-21 dans un passé pas si lointain (le 9 décembre). Les deux confrontations de 2018 entre les deux clubs avaient été serrées.

Le constat le plus frappant qui ressort de ce match est que les Texans ne se sont pas présentés. Ils sont sortis sans grande conviction, n’ont pas démontré beaucoup d’énergie dès le coup d’envoi. L’attaque adverse n’a pas été du tout intimidée par le front défensif texan, de sorte qu’Andrew Luck a pu manœuvrer à sa guise dès le début.

J’ai l’impression de me répéter à ce sujet, mais je persiste à dire que c’est la ligne offensive des Colts qui a fait la différence. On savait que Luck était le quart ayant été victime du plus petit nombre de sacs en saison régulière (seulement 18), mais on faisait tout de même face à un front défensif comptant dans ses rangs J.J. Watt, Jadeveon Clowney et Whitney Mercilus. Des sommes faramineuses ont été investies par l’état-major des Texans afin de déranger les quarts adverses et créer des revirements. Mais force est d’admettre que tous ces efforts ont été en vain, comme en témoigne l’absence de sacs obtenus aux dépens de Luck samedi.

De voir la ligne à l’attaque des Colts livrer la marchandise avec panache même face à des fronts conçus spécifiquement pour menacer le jeu aérien, c’est franchement impressionnant. Ça vient donner raison au directeur général Chris Ballard, qui a effectué une reconstruction intelligente de son effectif, à commencer par l’excellent repêchage qu’il a connu au printemps 2018.

En 2016, l’équipe avait jeté son dévolu sur le centre Ryan Kelly au premier tour. Après des ennuis de santé, celui-ci est revenu en grande forme et il est un élément-clé de cette unité. À travers tout cela, Ballard a greffé à la ligne offensive deux hauts choix à la position de garde (Quenton Nelson, choisi 6e au total, et Braden Smith, réclamé au 37e rang). À juste titre, on parle énormément de la fabuleuse saison recrue de Nelson, qui lui a valu le titre d’All-Pro et une participation au Pro Bowl, mais Smith a aussi rendu de fiers services aux Colts en obtenant 13 départs.

Non seulement tout ce beau monde permet-il aux Colts de protéger Luck, qui avait été frappé trop souvent depuis ses débuts dans la NFL, mais il crée aussi des brèches pour faire fonctionner le jeu au sol. Résultat? Le porteur de ballon Marlon Mack a récolté 148 verges au sol face aux Texans samedi. C’est exceptionnel lorsqu’on considère qu’Indianapolis avait connu plusieurs années de misère consécutives à cette position.

C’est donc sans le moindre complexe que des Colts gonflés à bloc se présenteront à Kansas City pour leur choc face aux Chiefs dans quatre jours.

Le blâme doit être partagé à Chicago

Difficile de faire pire que les Bears de Chicago en termes de fin de saison crève-cœur. Après une saison épatante et un titre de division, l’équipe a vu son parcours en éliminatoires s’arrêter dès son premier match, face à un club qui pourtant a eu besoin d’un petit miracle pour accéder aux rencontres d’après-saison. Il faut d’ailleurs donner aux Eagles de Philadelphie le mérite qui leur revient : pour une formation que tout le monde avait rayée de l’équation à la mi-saison, ils se sont drôlement bien repris au moment où les enjeux sont grands.

Ce que tout le monde retiendra du résultat, c’est le botté de placement de 43 verges raté par Cody Parkey, qui aurait pu offrir la victoire aux Bears en le réussissant. Jusqu’à un certain point, il doit être pointé du doigt – et ne soyez pas inquiets, plusieurs individus se sont chargés de le faire sur les réseaux sociaux – parce que même si le botté a été bloqué par les Eagles, il demeure de sa responsabilité de l’élever suffisamment lorsque les joueurs adverses ne le gênent pas dans son travail.

L’ancien botteur de la NFL devenu analyste Jay Feely était catégorique à ce sujet : Parkey n’était pas censé voir son botté être bloqué sur cette séquence. Malheureusement, Parkey sera le bouc émissaire pour cette défaite. Mais il faut quand même fouiller ailleurs parce qu’un seul jeu à lui seul ne peut expliquer un revers.

La défense des Bears, même si elle n’a accordé que 16 points à ses rivaux, doit endosser une partie du blâme. Elle a alloué des points à un moment bien mal avisé, dans les derniers instants du quatrième quart, alors que l’attaque avait permis de mener 15-10. C’était un match âprement disputé, mais il fallait que la meilleure défense du circuit – c’est du moins mon avis – place son empreinte sur le match avec 4:48 à écouler au quatrième quart. Au lieu de s’imposer, elle a laissé les Eagles gagner 60 verges sur 12 jeux, et le tout s’est conclu par le touché de Golden Tate qui s’est avéré être celui de la victoire.

Dans un moment crucial où elle devait se lever pour assurer la place des Bears au deuxième tour éliminatoire, elle a flanché. Et trop peu de gens prennent cette facette en considération.

Chapeau en terminant à Nick Foles, qui à nouveau a trouvé suffisamment de magie pour mener une séquence déterminante dans l’environnement hostile qu’est le Soldier Field. On ne peut certainement pas lui reprocher son manque de sang-froid.

Amener ou ne pas amener Flacco?

Alors que les experts s’affairent à décortiquer la défaite des Ravens de Baltimore face aux Chargers de Los Angeles, le sujet qui retient l’attention est la prestation en demi-teinte du quart recrue Lamar Jackson, à qui les Ravens se sont fiés jusqu’au dernier coup de sifflet pour l’emporter.

On se demandait si le fait que les Chargers affrontaient Jackson pour la deuxième fois en moins d’un mois allait représenter un danger pour Baltimore. Il s’est finalement avéré que oui, puisque les visiteurs ont élaboré un plan de match ultra efficace pour le contenir, lui ainsi que la menaçante attaque au sol des Ravens.

Alors que l’équipe de John Harbaugh présentait une récolte de verges au sol moyenne de 229 verges depuis le premier départ de Jackson derrière le centre, elle a été limité à 90 verges par la course dimanche. C’est nettement insuffisant pour un club qui peut difficilement se reprendre en connaissant du succès dans le jeu aérien.

Visiblement, le quart-arrière recrue n’était pas dans son élément lors des trois premiers quarts. Il n’arrivait pas à installer le doute dans l’esprit des joueurs défensifs des Chargers, qui connaissaient leurs assignations et les respectaient à merveille. Il était carrément ébranlé.

Si bien que la foule de Baltimore réclamait Joe Flacco en scandant son nom. Je ne suis pas un fan de cette manière de manifester son mécontentement. On a hué le jeune quart ayant permis aux Ravens de renverser la vapeur cette saison. Mais je suis obligé d’admettre que j’aurais moi-même, dans les circonstances, tenté ma chance avec le vétéran Flacco à quelque part au troisième quart, lorsque ça devenait évident que la recette n’allait pas fonctionner avec Jackson aux commandes.

Le résultat aurait-il été différent? Votre avis sur la question est aussi bon que le mien.

Jackson a encore beaucoup de football devant lui. Certains diront que sa confiance aurait peut-être été affectée par une telle décision, mais il faut vivre dans l’instant présent. Il faut faire des choix dans le but de gagner le match et réévaluer par la suite. Et dimanche, ça prenait du jeu aérien pour disputer du football de rattrapage efficace. Avec le bras canon dont il dispose, le vétéran était le choix censé.

Flacco a été un coéquipier modèle pour Jackson même s’il lui avait chipé le poste de partant. Il a tout donné durant ses années à Baltimore et a même conduit l’équipe à un Super Bowl en 2012. Je ne crois pas qu’il y aurait eu la moindre question après ce match à savoir si c’est l’équipe de Joe Flacco ou de Lamar Jackson : cette question est déjà réglée depuis plusieurs semaines.

Quand Lawrence se donne en spectacle

La planète football battait au rythme de la finale collégiale américaine lundi, alors que s’affrontaient les universités Clemson et Alabama à Santa Clara en Californie.

Cette finale nationale de la NCAA marquait la troisième rencontre en quatre ans entre ces deux programmes d’élite aux États-Unis. Si certains se disaient fatigués de voir les deux mêmes formations s’affronter pour les plus grands honneurs, je crois qu’il faut reconnaître que ce sont les plus méritants.

Tant les Tigers que le Crimson Tide ont rempli le mandat fixé en début de saison, celui de rester invaincu jusqu’au bout. Et finalement, ce sont les Tigers, guidés par leur quart de 19 ans Trevor Lawrence, qui ont conservé leur fiche immaculée (15-0), et qui l’ont fait avec énormément d’aplomb.

Sur la plus grande scène qui soit dans le football collégial, Lawrence a offert une prestation phénoménale dont on se rappellera longtemps. Il a terminé la rencontre en complétant 20 passes pour des gains de 347 verges et trois touchés par la passe. Il a taillé en pièces une unité défensive qui année après année est considérée comme la meilleure au pays.

À 6 pieds 6 pouces et 215 lbs, il est déjà un monstre au point de vue physique. Il possède maintenant deux autres années pour ajouter du poids à sa charpente, après quoi il sera assurément le premier joueur réclamé à l’encan universel de 2021. À ce moment, il pourrait faire osciller le pèse-personne à 240 lbs. C’est assez épeurant comme perspective, convenons-en!

On le compare déjà aux plus grands ayant évolué à la position de quart, et il suffit de le voir à l’œuvre pendant quelques quarts pour comprendre d’où sortent ces comparaisons. Dans les rangs High school, Lawrence a pulvérisé toutes les marques de l’état de la Géorgie, dont plusieurs appartenaient à DeShaun Watson, des Texans.

Trevor Lawrence sera un quart d’exception, et je ne vois absolument pas comment il pourrait ralentir. Il possède toutes les aptitudes : la puissance, la précision, les qualités athlétiques et le calme nécessaires pour dominer à tous les niveaux.

* propos recueillis par Maxime Desroches