Les Alouettes ont montré deux visages dans la défaite de 25-22 devant les Stampeders de Calgary samedi. Les amateurs ont vu une équipe qui fonctionnait très bien et qui soudainement ne fonctionnait plus.

C'est véritablement la première fois où l'on sent que l'unité défensive perd le contrôle. On avait l'impression que le front n'arrivait pas à appliquer de pression et qu'il y avait une confusion dans la tertiaire, ce qui a provoqué de longs jeux. On n'avait encore rien vu de tel cette saison. Ce n'est pas dans l'identité de l'unité défensive d'accorder de longs jeux.

L'unité défensive a aussi laissé deux porteurs de ballon des Stampeders lui faire la vie dure en deuxième demie. Tory Harrison n'a pas eu de mal à se faire un chemin à son premier match en carrière et Matt Walter a réussi de belles choses pour une équipe dont l'attaque était décimée. La performance de ces deux joueurs a aidé à écouler de précieuses secondes en fin de partie.

Malgré tout, je ne suis pas inquiet de cette performance de l'unité défensive. Je demeure persuadé qu'il ne s'agit que d'une erreur de parcours. Je pense que cette prestation a frappé l'orgueil d'un groupe très fier. Je m'attends à une meilleure prestation dès vendredi à Ottawa.

J'ai été un peu déçu aussi de l'offensive. Les choses ne fonctionnaient pas, mais à un certain moment, le système à deux porteurs de ballon était très intéressant. Malheureusement, Tyrell Sutton s'est blessé. Il n’a d'ailleurs pas participé à l’entraînement des Alouettes mardi. L'utilisation de deux porteurs dans le champ arrière amenait une dynamique intéressante.

Rakeem Cato est le quart de l'avenir chez les Alouettes et je l'aime beaucoup. Son potentiel et ses possibilités sont immenses, mais malgré toutes ces promesses d'avenir, je crois encore que l'attaque au sol devrait être le coeur de l'attaque. Face aux Stampeders, les Alouettes n'ont pas réussi à établir l'attaque terrestre. Avant de perdre les services de Sutton, l'attaque au sol allait bien.

Au niveau de l'attaque aérienne, la combinaison Cato et SJ Green fonctionne très bien. Ce duo donne de bons résultats et j'aimerais qu'on envoie plus de ballon en direction de Green. Ces deux joueurs avaient constitué une clé importante lors des parties précédentes.

L'allure de cette chronique aurait pu être bien différente si Dobson Collins n'avait pas échappé le ballon à la porte des buts à la fin du troisième quart. C'est dommage que Collins ait perdu le ballon parce que les Alouettes menaient une belle séquence avec les deux porteurs, on voyait que le ballon bougeait bien et Cato venait de compléter un superbe jeu. Je pense que ce jeu a été difficile à avaler, ce qui a brisé le momentum des Alouettes et redonné du vent dans les voiles des Stampeders.

À la suite de la défaite, les Alouettes montrent un dossier de 2-3, ce qui est loin d'être catastrophique. Tout est encore ouvert dans l'Est et chaque partie contre les adversaires de section sera d'une importance capitale.

L'apprentissage de Cato se poursuit très bien. On ne peut pas s'attendre à ce qu'il améliore ses statistiques à tous les matchs. Il y aura des fluctuations, c'est évident. Dans sa jeune carrière, je pense que l'on va tout voir. Autant de bons jeux que des interceptions. L'important pour lui est qu'il apprenne de ses erreurs et qu'il progresse. D'ailleurs, on sent cette progression. Il prend la mesure de l'attaque un peu plus chaque semaine et il est plus à l'aise dans le football canadien. Chacune des rencontres nous permet de découvrir de nouveaux aspects de son jeu, mais on ne peut pas mettre tous les succès de l'équipe sur les épaules de Cato. Il faudra que les autres unités fassent le travail aussi.

Cato est très bon dans la pochette et il sait éviter la pression adverse. Mon collègue Pierre Vercheval l'a même qualifié de Houdini parce qu'à un certain moment pendant la partie, on ne sait pas comment il a pu éviter la pression qui venait de partout pour se dégager et se débarrasser du ballon. Cato a un bon jeu de pieds et il court bien. Il est un quart avec un petit gabarit qui sait se protéger. Il ne prend pas de coups inutilement parce qu'il sait se jeter au sol quand il le faut. Il sait bien sentir la pression également tout en gardant ses yeux sur ses receveurs.

Une visite dans la capitale fédérale

Pour plusieurs raisons, les Alouettes et le Rouge et Noir ne doivent pas s'attendre au même genre de match qui a marqué le premier rendez-vous entre les deux clubs lors du lancement de la saison. Ottawa l'avait emporté au Stade Percival-Molson et les Alouettes avaient dû utiliser trois quarts en raison des pertes de Jonathan Crompton et de Dan LeFevour.

Ottawa fera connaissance avec Cato dans une partie locale où il est de plus en plus difficile pour les visiteurs d'arracher la victoire. Le Rouge et Noir, qui joue à guichets fermés depuis l'an passé, est très confiant en ses moyens. Cette formation a mûri rapidement depuis un an et on sent les joueurs de deuxième année nettement plus confiant et plus à l'aise.

Le Rouge et Noir s'attend à gagner de façon plus régulière alors qu'auparavant, il espérait simplement être dans le coup. L'équipe a battu les Alouettes en début de saison en plus de vaincre Calgary, qui a gagné contre Montréal. Dans les circonstances, le club se dit qu'il peut battre les Alouettes.

Je pense toutefois que les Alouettes vont rebondir. La défensive devrait faire nettement mieux qu'à Calgary il y a quelques jours, mais ça ne sera pas facile. Le football est un sport de plagiat et Ottawa tentera d'imiter ce qui a fait le succès de la défensive des Stampeders contre les Alouettes.

*propos recueillis par Robert Latendresse