En implorant son patron sur Twitter d’acquiescer aux demandes salariales de son coéquipier Winston Venable lundi, le receveur des Alouettes S.J. Green pensait sans doute bien faire.

Il aurait toutefois dû se garder une petite gêne.

C’est que le directeur général Jim Popp n’avait certainement pas besoin de cette sortie publique quelque peu maladroite pour réaliser l’importance du secondeur pour son équipe. Je suis persuadé qu’il faisait déjà tout son possible pour s’entendre avec Venable.

Ce qu’il a finalement fait tout juste avant l’ouverture du marché des joueurs autonomes en lui offrant un pacte d’une saison qui répondait à ses demandes. Popp a depuis mis sous contrat d’autres joueurs dont il sera question plus tard dans cette chronique, mais la signature de Venable reste la plus importante jusqu’à présent.

À sa première saison à titre de partant l’an dernier, Venable s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs défensifs de l’équipe. Très polyvalent, ce dernier a joué un rôle de premier plan au sein de l’unité de Noel Thorpe, l’une des plus redoutables du circuit.

Son retour se devait d’être une priorité pour l’organisation montréalaise, comme l’a signalé Green dans le Tweet qu’il a finalement supprimé. La mise sous contrat de Venable a cependant fait une victime : Josh Bourke.

Le salaire de Venable, qui allait assurément devenir l’un des joueurs les plus convoités sur le marché, jumelé aux engagements monétaires de l’équipe envers son groupe de receveurs et la ligne à l’attaque, a sans doute forcé l’organisation à rompre son association avec Bourke.

Pour envoyer sur le terrain Green et Duron Carter sur le terrain, les deux receveurs les mieux payés de la LCF, Popp a dû sacrifier son vétéran joueur de ligne offensive après neuf saisons de loyaux services.

Bourke, joueur autonome, a finalement fait ses valises pour Toronto, où les Argonauts ont pu répondre à ses exigences salariales. J’imagine que Popp et son personnel ont un plan en tête pour pallier au départ du bloqueur étoile, qui a connu une légère baisse de rendement. Après neuf saisons, ce n’est que normal.

Pour la première fois depuis longtemps, les Alouettes risquent de faire une croix sur une ligne offensive 100 % canadienne. Le club montréalais pourrait en effet être forcé d’offrir un poste de partant à un Américain. À moins qu’il ne déniche un remplaçant viable sur le marché, ou qu’il fasse confiance à un jeune en développement comme Jacob Ruby.

À suivre...

De l’expérience sur la tertiaire

Popp a par ailleurs entrepris une partie des modifications qui s’imposaient sur la tertiaire en embauchant le vétéran demi défensif Jovon Johnson.

Cet ancien du Rouge et Noir d’Ottawa et des Blue Bombers de Winnipeg n’est certes pas en début de carrière, mais cela ne l’a pas empêché d’exceller à sa position l’an dernier au sein de la défense ontarienne. Entouré de jeunes joueurs, il avait pour tâche de bien les encadrer.

Jovon JohnsonC’est probablement une mission semblable qui attend le joueur de 32 ans à Montréal. Après une saison pour le moins difficile, la tertiaire des Alouettes sera sans doute revampée l’été prochain et plusieurs espoirs risquent de rivaliser pour les postes disponibles. Et qui de mieux que Johnson pour leur montrer le chemin.

Ça peut paraître cliché d’écrire pareille chose, mais Johnson est un fier compétiteur qui ne se gêne pas pour mettre son agressivité à profit sur le terrain. Avec encore beaucoup d’essence dans le réservoir, Johnson offrira quelques bonnes années aux Alouettes, j’en suis convaincu.

Tout comme Dominique Ellis d’ailleurs, qui a conclu une prolongation de contrat de deux ans mercredi.  À l’instar de Venable et Johnson, Ellis vaut son pesant d’or dans le contexte où les nouveaux règlements sanctionnent plus sévèrement l’obstruction sur les receveurs.

Ne pouvant plus toucher aux receveurs pour les ralentir, les demis défensifs se doivent d’être extrêmement rapides et capables de couvrir beaucoup de terrain, deux critères auxquels Ellis répond parfaitement.

Ellis a excellé à cet égard l’an dernier et il m’apparaît évident que le coordonnateur défensif des Alouettes Noel Thorpe apprécie les aptitudes de ce dernier. Si bien qu’il luttera assurément pour un poste de partant la saison prochaine.

L’ajout d’un autre vétéran au sein de la tertiaire ne serait pas une mauvaise chose non plus. Je pense entre autres à Aaron Grymes, qui n’a toujours pas été mis sous contrat par les champions de la coupe Grey, les Eskimos d’Edmonton.

Entre-temps, Popp s’est assuré les services du plaqueur défensif canadien Vaughn Martin, mercredi.

Pour être honnête, je ne connais pas beaucoup cet athlète originaire de la Jamaïque qui a disputé 51 matchs dans la NFL au fil des sept dernières années, notamment avec les Chargers de San Diego.

Chose certaine, c’est bien d’avoir un Canadien de plus dans la rotation à cette position. On verra bien au camp d’entraînement comment l’équipe compte l’utiliser. Il s’agit d’un plaqueur à la fois costaud et physique (6 pi 4 po et 300 lb) qui a évolué à l’intérieur de la ligne durant son séjour aux États-Unis.

« Un projet de championnat »

Un conseiller de choix

En plus de bonifier son personnel sur le terrain, Popp a offert un peu plus de support à son coordonnateur offensif recrue Anthony Calvillo en faisant l’embauche du Québécois Jacques Chapdelaine, maintenant entraîneur des receveurs et conseiller spécial.

L’ajout d’un gars de chez nous à l’organisation représente toujours une bonne nouvelle, mais au-delà de l’identité culturelle, c’est surtout sur une tête de football d’expérience que les Alouettes ont mis la main.

Avec ses 13 années de service dans le circuit en tant qu’entraîneur, Chapdelaine pourra partager ses connaissances avec Calvillo, qui en sera à sa première année complète aux commandes de l’unité offensive montréalaise.

Il s’agit en quelque sorte d’un pas de recul pour cet ancien coordonnateur à l’attaque des Roughriders de la Saskatchewan, mais j’imagine que s’il a été embauché, c’est que Calvillo et lui sauront cohabiter avec efficacité.

Avec un quart d’expérience comme Kevin Glenn et un grand groupe de receveurs qui comprend Green, Carter, Kenny Stafford, B.J. Cunningham, Cody Hoffman, de même que les Canadiens Samuel Giguère et Alex Charrette, Calvillo et Chapdelaine auront certainement les armes pour mettre à profit leur association.

Faible l’an dernier, le groupe de receveurs des Alouettes est devenu une force en à peine une saison morte. Ça augure donc bien. Ils sont au moins en meilleure position qu’il y a un an.

*Propos recueillis par Mikaël Filion